Santé
Médecine traditionnelle au Centre-Sud
Publié le mardi 30 decembre 2014 | Sidwaya
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La médecine traditionnelle est l’un des moyens par lequel bon nombre de Burkinabè ont encore recours pour leurs soins de santé. Au Centre-Sud, dans la province du Zoundwéogo, par exemple, la pharmacopée et la médecine traditionnelles contribuent à sauver des vies, même si le secteur gagnerait à être mieux structuré et mieux encadré.
Abdoul Bouda est aujourd’hui âgé de 4 ans. Il doit sa survie aux bons soins d’un tradipraticien de la commune rurale de Niango, dans la province du Boulgou. Alors qu’il avait 3 mois, Abdoul Bouda a contracté une maladie respiratoire. Les traitements reçus dans les différents centres de santé, se sont révélés vains, explique sa mère, Simporé Habibou, ménagère et habitante de la commune rurale de Guiba, localité située à une douzaine de kilomètres de Manga. « Au début, on nous a fait croire qu’il souffrait d’asthme. Et après avoir passé plus d’un mois à l’hôpital pédiatrique Charles-de-Gaulle de Ouagadougou, où nous avons reçu les soins, nous avons été libérés et visiblement, sa respiration était redevenue normale. Mais, une semaine après, la même maladie a repris de plus belle et avec les mêmes manifestations. C’est ainsi que mon mari l’a emmené chez un soignant, dont on avait eu écho. Depuis lors, Abdoul a totalement recouvré sa santé », relate-t-elle, toute joyeuse. Cette situation, beaucoup l’on vécue dans la province du Zoundwéogo et même, presque partout ailleurs au Burkina Faso. De nombreux habitants de cette partie du «pays des Hommes intègres », en effet, ceux du milieu rural surtout, disent avoir recours à la thérapie des guérisseurs traditonnels. Non pas qu’ils rechignent les centres de santé, mais « c’est le premier réflexe chez nous ». Au Centre-Sud, l'apport des praticiens de la médecine traditionnelle n’est pas négligeable. « Elle constitue le plus souvent, le premier recours de nos différentes communautés et populations. Et bien plus, elle sauve même certains médecins », reconnaît le docteur Aminata Coulibaly, pharmacienne au district sanitaire de Manga et responsable de la pharmacie et de laboratoire, de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles. Madi Bougma, dit Laafi Naaba(chef de la santé en langue nationale mooré), basé à Bilbalgo, dans la commune rurale de Guiba, à une dizaine de kilomètres de Manga, est tradipraticien depuis une vingtaine d’années. Comment est-il devenu traditpraticien ? Il dit l’avoir hérité de ses parents aussi. Il explique avoir reçu son don de génie. Tout aurait commencé, à l’entendre, par des troubles mentaux, lesquels l’on conduit en pleine brousse. « J’ai piqué une sorte de folie qui m’a rendu muet pendant près d’un mois dans la brousse », confie Madi Bougma, la cinquantaine bien sonnée. Il indique ne se servir que de plantes, de racines et d’écorces d’arbres pour ses soins. Cette expérience d’herboriste l’a conduit au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire.
« Ce n’est pas tout que nous pouvons soigner »
Plusieurs maux peuvent trouver remède chez lui, affirme-t-il. Il s’agit notamment des maux de dents, de la stérilité féminine et masculine, des maux de ventre, le paludisme, les sinusites frontales et bien d’autres. A la question de savoir s’il entretient une collaboration franche avec les services de santé, Laafi Naaba est on ne peut plus clair : « Lorsque je reçois une femme qui souffre de stérilité, je m’avise si elle a déjà fait tous les examens nécessaires qui prouvent qu’elle ne souffre d’aucune pathologie à même d’empêcher la procréation avant de faire quoi que ce soit », lance-t-il. Néanmoins, il reconnaît qu’au-delà de toute vantardise, la médecine traditionnelle a aussi ses limites. Par ailleurs, il regrette l’amalgame que d’aucuns font entre le féticheur et le tradipraticien, ce d’autant plus que la province du Zoundwéogo est perçu à tort ou à raison, par certains, comme l’une des localités où le fétichisme est bien ancré. Pourtant, fait-il remarquer, «Ce n’est pas tout que nous pouvons soigner ». Qu’à cela ne tienne, nombreux sont ceux de la localité qui ont reconnu avoir retrouvé la pleine forme de leur santé auprès des soins de Laafi Naaba. Sont de ceux-là, Amidou Gouem, habitant de Manga, qui affirme avoir être guéri de son mal de dent qu’il aurait traîné pendant deux ans sans avoir été totalement guéri après ses multiples soins dans les centres de santé. « C’est le médicament de Madi Bougma qui m’a sauvé », confie-t-il. Une dame que nous avons rencontrée et ayant requis l’anonymat, révèle que n’eut été «le génie » de Laafi Naaba, elle n’aurait pas eu son rejeton, après ses quatre années de vie conjugale, sans enfant. Mais, si nombre de tradipraticien prétendent soigner une panoplie de maladies, voire toutes sortes de pathologies, ce n’est pas le cas de Rasmata Dipama. Résidente de Norida, village situé à une vingtaine de kilomètres de Manga, elle, ne soigne que la hernie ombilicale. Il s'agit d'une maladie qui, selon elle, survient chez les nourrissons et dont les soins se révèlent, couramment inefficaces dans les centres de santé. Elle offre ses services généralement jusqu'à 10 heures, heure butoir à laquelle, il lui est interdit d’administrer les soins. Née en 1934, Rasmata Dipama fait savoir qu’elle exerce ce métier depuis 30 ans et doit son savoir à ses grands parents. « Je suis en train de transmettre la pratique à mon petit-fils avant de me coucher », confie la vieille dame. Plus d’une vingtaine de patients sont soignés par jour dans ses locaux, hormis les vendredis. Tasséré Congo, un autre taditipraticien rencontré à Imasgo, un village de la commune de Guiba, déclare exceller dans le domaine, il y a de cela 25 ans. Tout comme la plupart d’entre eux, son savoir et son savoir-faire lui ont été transmis par son défunt père. Les maux de dents, les morsures de serpent, la pédiatrie sont, entre autres, ses domaines d’intervention. A l’image de Tasséré Congo, dans la province, les traditipraticiens sont affiliées à l’Association des tradipraticiens du Zoundwéogo(ATZ).
Renforcer la collaboration entre médecines traditionnelle et celle moderne
Selon le président de l’ATZ, Koudaogo Compaoré, promoteur d’une troupe de danse traditionnelle à Manga, la structure qui regroupe plus d’une trentaine de membres se réunit chaque 21 jours du mois. C’est une manière pour eux de se partager les connaissances et les expériences vécues. Cependant, certains d'entre eux dénoncent le mauvais fonctionnement de l’association. D'autres ne disposent pas de leur carte de membre ou font fi des conseils des techniciens de la santé, surtout en matière de dosage de certains produits à toxicité élevé. « Mon souhait est que notre association puisse être mieux organisée afin de mieux collaborer avec les services de santé », clame Koudaogo Compaoré. En effet, sur la question de collaboration avec les services de santé, la pharmacienne au district sanitaire de Manga Dr Aminata Coulibaly estime qu’elle gagnerait à être plus promue et encouragée davantage. Mesurant l’apport combien important de la médecine traditionnelle sur les soins de santé au Burkina Faso, Dr Coulibaly invite les tradipraticiens à se faire délivrer une attestation de reconnaissance du ministère de la Santé afin de se conformer à la réglementation en la matière. « Nous les suivons dans leurs activités et les encourageons à chaque occasion, à toujours collaborer avec nos services », soutient Mme Coulibaly.
Soumaïla
BONKOUNGOU
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