Attendue par les uns et redoutée par les autres, la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies, après moult valses-hésitations, autorise le déploiement d’une force internationale au Nord-Mali. Elle l’accorde oui, mais sous certaines conditions et pas des moindres : en effet, l’instance onusienne soumet ce que l’on peut encore qualifier de probable intervention, à un «dialogue politique pour rétablir pleinement l’ordre constitutionnel» avec des élections qui pourraient se tenir avant avril 2013, alors que les deux tiers du pays demeurent sous la coupe oppressante de groupes islamistes armés.
Des rebelles qu’il faudra par ailleurs convaincre de se dissocier des «organisations terroristes» comme Aqmi, Ansar Dine et le Mujao qui, depuis maintenant des mois, imposent le joug de la charia aux populations sous leur emprise. Mission difficile, sinon impossible quand on sait le peu de cas que ces fanatiques-là font des diktats, fussent-ils d’origine onusienne, car à peine la résolution 2085 a-t-elle été adoptée que les affres de la loi islamique se sont abattus sur des habitants du Nord-Mali : dès vendredi, deux d’entre eux ont été amputés de la main en attendant les huit autres promis au supplice pour «bientôt». Un véritable pied de nez fait de la manière la plus brutale et sanglante à une communauté internationale qui, si jamais elle interviendra, ne le fera pas avant septembre 2013… dans le meilleur des cas.
Accouchée aux forceps grâce au lobbying français, la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) n’est pas née sous les meilleurs auspices. Mais peu importe, car, pour ceux qui depuis des mois piaffaient d’impatience de voir enfin les jihadistes boutés hors du Nord-Mali, c’est un premier pas. A minima certes, mais un bon début quand même, vers la reconquête des territoires perdus.
Pour d’autres, au contraire, si cette décision donne le feu vert pour le déploiement d’une force internationale, elle n’exclut pas la voie diplomatique, invitant même le nouveau gouvernement malien à engager des négociations avec les groupes présents dans la région septentrionale pour peu qu’ils aient renoncé au terrorisme ; c'est la porte ouverte donc aux médiations qui se mènent depuis un certain temps à Ouagadougou et à Alger. Mais dans tous les cas, l’adoption de la résolution 2085 constituera le début, d’un nouveau chapitre dans l’histoire décidément bien compliquée de la crise au Nord- Mali.