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Francophonie : Hollande prône la chute des dictateurs
Publié le mercredi 24 decembre 2014 | Diaspora News
© AFP par KENZO TRIBOUILLARD
Le président français François Hollande lors d`une conference de presse Vendredi 25 juillet 2014. Paris. |
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La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, communément appelée «Sommet de la Francophonie», est indiscutablement le biennal du Conseil des dirigeants africains présidé par la France. C’est à l’occasion de cette instance suprême de cet espace que l’ancienne puissance coloniale s’autorise légitimement à s’ingérer voire à faire intrusion dans les affaires intérieures de ses ex-colonies. En voici la preuve.
Depuis la tenue de sa première édition en février 1986 à Versailles, la France n’a de cesse de «dicter» aux Etats-Nations de son pré-carré ses règles d’or en matière de démocratie. Cela ne plait pas toujours. Mais tous, mains et pieds liés par l’histoire coloniale, sont contraints de se conformer aux règlements intérieurs de ce club de chefs d’Etat quitte à devenir la risée des autres membres. Les mauvais élèves ne sont-ils pas sévèrement punis voire exclus du club ?
Madagascar en est l’exemple typique. Après plusieurs années d’exclusion, la grande île est devenue fréquentable après les dernières élections présidentielles jugées démocratiques. Ce blanc-seing donné aux nouvelles autorités malgaches a permis que ce pays soit de nouveau accepté dans la grande famille francophone. François Hollande qui présidait le Sommet de Dakar n’a pas caché son satisfecit.
« Et aujourd’hui, se réjouissait-il, je suis particulièrement heureux que le président de Madagascar soit parmi nous, parce que Madagascar a été longtemps écarté, justement parce que les conditions de la démocratie et du pluralisme n’étaient pas réunies.»
La quintessence du discours de François Hollande devant ses pairs africains rappelait bien celui prononcé par son prédécesseur socialiste François Mitterrand un certain 20 juin 1989 à La Baule. Deux époques certes différentes mais le contexte reste sensiblement le même. Ne s’agissait-il pas de recadrer les dirigeants des ex-colonies dans le giron de la Francophonie pour être en phase avec les idées préconçues par l’ancienne puissance coloniale ? Cette organisation à laquelle tous sont solidement attachés par paternalisme et par affection reste le lieu où le linge sale se lave en famille. Comme disait Albert Camus, «il n’avait qu’une seule patrie, la langue française.»
Pour revenir dans le contexte du discours de La Baule, le 21e président français de la Ve République avait, ce jour-là, insufflé l’instauration pour certains Etats africains et la réinstauration pour d’autres du pluralisme politique sur le continent. Un fait historique qui a parmi aux Etats Nations de s’engager dans un processus de démocratisation tous azimuts. Après deux décennies, on est au regret de constater que ce processus enclenché en 1990 est essoufflé voire en panne. La faute n’est-elle pas imputable aux dirigeants africains, eux-mêmes ? Certains comme les Sassou NGuesso, Paul Biya, Obiang Nguema, pour ne citer que ceux-là, ont renoué avec les vieilles pratiques rétrogrades des pères des indépendances au point de clouer au pilori les quelques acquis démocratiques. «Chasser le naturel, il revient au galop !» dit-on.
A Dakar comme à La Baule, l’heure était encore au rappel à l’ordre des dirigeants des ex-colonies ou du moins des troupes. François Hollande dans son rôle de Commandant en chef a rappelé les règles élémentaires à observer au sein du Club.
Dans un syntagme répété dans une anaphore prononcée à Dakar comme il aime bien le faire, François Hollande a dit que « défendre le français, c’est aussi affirmer des valeurs. Et la première d’entre elle, c’est la démocratie » et que « la francophonie, elle est soucieuse des règles de la démocratie, de la liberté du vote, du respect des ordres constitutionnels et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples, à des élections libres.»
François Hollande ne s’est pas contenté de faire que dans la démagogie. Mais bien plus. Sans ambages, il a mis en garde les quelques dirigeants africains qui projettent de tordre le cou à leur constitution pour demeurer au pouvoir. « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, rassure François Hollande, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie.»
Sans se voiler la face, ce discours très musclé de François Hollande est presqu’un appel de pied pour ne pas dire une incitation, très subtile, au soulèvement des peuples contre toute forme de dictature dans l’espace francophone. Que cela n’en déplaise ! A l’évidence, l’exemple burkinabé n’a pas échappé au gardien du temple francophone.
«Il y a quelques semaines, rappelle-t-il, le peuple burkinabè a fait une belle démonstration…Nous devons avoir la même exigence que nous avions portée à l’égard du président Compaoré…L’exigence, c’est le respect de l’ordre constitutionnel et de la date des élections. L’exigence, c’est d’avoir là-aussi un processus de transition. Mais aussi ce qu’a fait le peuple burkinabè, prévient-il, doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel. Parce que ce sont les peuples qui décident. Ce sont les élections qui permettent de savoir qui est légitime et qui ne l’est pas.» Sans commentaires.
Voilà une belle façon d’asséner ses vérités à ses homologues. L'amitié véritable se nourrit de franchise, de sincérité et de confiance comme disait l’homme de lettres français Adrien Destailleur. François Hollande en donneur de leçon, ce n’est pas exagéré de le dire. A bon entendeur…
Clément Yao
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