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Le Pays N° 5263 du 21/12/2012

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Intervention au nord- mali : Une résolution pour rien ?
Publié le lundi 24 decembre 2012   |  Le Pays




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Le vote de la résolution des Nations unies sur l’intervention au Nord-Mali ne semble pas avoir provoqué d’enthousiasme particulier. Elle devrait permettre de mobiliser et de canaliser les énergies. Tout se passe pourtant comme si l’on se sentait pris à son propre piège. L’Etat d’exception semble même arranger bien des gens. Plus sérieusement, qui aujourd’hui tient vraiment à intervenir, où, comment et quand ? Partout, ça semble le trouble et la confusion. Dans la sous-région, Bamako et la CEDEAO continuent de se quereller, après moult rencontres des états-majors. La question de la direction des opérations n’est toujours pas claire au niveau du citoyen lambda. Du côté des partenaires occidentaux, les antagonismes ont refait surface sur fond de principes et d’intérêts divergents. Pointilleux sur les questions de légitimité démocratique , déterminés à mener partout la lutte contre tout ce qui pue la drogue et ce qui en dérive, les Américains attendent de voir. L’Europe, à commencer par l’ancienne puissance coloniale, la France, entend garder l’initiative au plan international. Venue sur le tard, l’Algérie se comporte comme si elle cherchait à damer le pion à Blaise Compaoré, Médiateur officiel de la CEDEAO. Ce dernier semble aussi se contenter de constater les dégâts entre les frères du Mali. Ceux-ci se complaisent à avancer d’un pas, pour ensuite reculer de deux. Un constat devenu évident tant du côté des rebelles que de la classe politique résidant dans la capitale. En témoignent les résultats mitigés des derniers échanges entre Ansar Dine et le MNLA à Alger. Une vraie reculade car, après les engagements pris précédemment, on y a encore réaffirmé les mêmes positions de principe. C’est donc toujours le statu quo : ni guerre, ni paix ; ni renoncement à la charia, ni à l’indépendance, etc. Alger constitue à cet égard la répétition de Ouagadougou. Mieux, on y a consolidé l’option tendant à démembrer le grand Mali de Soundiata Kéita. Des questions se posent d’ailleurs à propos de l’Algérie qui semble vouloir imprimer sa marque. Que cherche donc l’équipe Bouteflika ? Brouiller les cartes de la médiation burkinabè, laquelle a pourtant l’aval de la CEDEAO et de l’Union africaine ? De plus en plus, Alger donne le sentiment qu’elle cherche à résoudre le problème de manière solitaire. Elle se sent peut-être concernée parce que des populations arabes vivent au Nord-Mali. A moins de vouloir passer un deal avec les islamistes algériens qui assistent ceux du Sahel dans sa partie sub-saharienne. En tout cas, il y a de quoi s’interroger, suite à cette récente visite de Hollande à Alger. Pas si innocente ! On sent la recherche d’un pacte en vue de la résolution de la crise du Nord-Mali. Sur place, les exactions n’en continuent pas moins. D’autant que cela ne semble point gêner à Bamako où, ô scandale, les ex-putschistes semblent avoir renoncé à se battre. Leur inertie s’explique difficilement, tant ils ont pris à cœur d’instrumentaliser la jeunesse, de faire du bruit, et d’organiser des sorties contre la CEDEAO. Maintes fois, l’organisation a été accusée d’avoir fait bloquer des armes au port de Conakry, empêchant ainsi l’armée malienne d’aller libérer le Nord occupé. Curieux tout de même qu’après toutes ces vociférations, des militaires qui disent avoir le sens de l’honneur et de la défense de la patrie, n’aient jamais tenté d’envoyer quelques groupes de commandos tenter une quelconque opération. Même pas pour se faire prendre, et donner le sentiment au peuple malien que quelque chose a été tenté, mais que les limites sont évidentes. Loin de nous l’idée de militer pour une guerre fratricide. Il nous faut toutefois dénoncer ces propos démagogiques d’auteurs qui ont peut-être déjà entendu un coup de feu, mais seulement à la télévision, au cinéma ou…au champ de tir ! Car, il est déplorable de suivre ce qui se passe présentement au Mali et surtout au Nord. Au moins, l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT), que certains vouent aux gémonies, avait ouvertement osé dire qu’il préférait négocier plutôt que de se lancer dans une guerre somme toute…sale. Lui qui est soldat de métier, avait en plus l’expérience des négociations politiques et le sens de la mesure. Aujourd’hui, à Bamako, on fait du pilotage à vue. Personne ne semble prêt à exposer sa poitrine aux balles assassines des groupes terroristes. Mieux vaut, sans doute, attendre de fêter le Nouvel an, ou même l’anniversaire du putsch raté. Tant pis pour ceux qui se font fouetter, couper les bras ou ôter la vie ! Si les Maliens de Bamako veulent effectivement libérer le Nord, qu’ils s’y attellent, sans attendre le concours de personne d’autre comme ils le clament depuis des mois. Ou alors, qu’ils négocient clairement avec leurs rebelles en évitant de compromettre ceux qui se situent en dehors de leur territoire aujourd’hui démembré. La farce a assez duré. Les populations du Nord sont aujourd’hui abandonnées à elles-mêmes et l’inertie consécutive à l’occupation ne fait que ragaillardir les groupes islamistes. A preuve : au Nigeria, Boko Haram intensifie ses actions belliqueuses. Somme toute, l’occupation du Nord-Mali ne profite pas qu’aux islamistes. Des personnes insoupçonnées, sans doute connectées aux grands réseaux mafieux, doivent y faire plein d’affaires. C’est peut-être bien ça la raison des blocages qui n’en finissent point. Ces multiples retours à la case-départ sont déconcertants. Le comble, c’est tout cet argent gaspillé dans la réunionite et les négociations à n’en plus finir. Quelles que soient leurs provenances, le contribuable commence à en avoir assez de ces sommes colossales dépensées dans les prises d’otages, les frais d’hôtel, les missions et négociations sans fin. Pourquoi donc poursuivre ces chassés- croisés s’il n’y a rien au bout ? Et toutes ces populations déplacées qui triment ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’aujourd’hui, on semble avoir convaincu l’homme de la rue que plus on avance, plus c’est pareil. On se paye la tête de ceux qui paient les impôts et on dépense sans compter les sous, sans trouver solution à une situation que chacun des acteurs avait pourtant jugée bien banale au départ. Finalement, pourquoi donc avoir cherché à obtenir la fameuse résolution des Nations unies ?
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