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Conflit foncier dans le Tuy : des céréales et des habitations brûlées, du bétail massacré
Publié le mardi 16 decembre 2014  |  Sidwaya




La crise foncière qui oppose Boureima Sankara et des propriétaires terriens des villages de Dohoun et Karaba dans la commune de Houndé, a malheureusement conduit à des dégâts, le mercredi 2 décembre 2014. Le bilan fait état de réserves céréalières et des cases d’habitation brûlées ainsi que du bétail massacré.

La tension reste vive dans le hameau de culture de Boureima Sankara, situé entre les villages de Karaba et Dohoun dans la commune de Houndé. Une équipe de gendarmes sécurise les lieux, en attendant une solution. Des greniers et des cases d’habitations réduits en cendre. C’est le triste constat fait lors de notre passage dans cet hameau de culture. Seules quelques maisons en tôles, ont échappé à la furie des flammes. On peut apercevoir également des manguiers avec des feuilles séchées par les flammes. Lorsque nous avons eu accès à la concession, c’est un vieillard ahuri et déprimé, qui nous a rencontrés, les bras tendus, comme si nous étions un des sauveurs qu’ils attendaient désespérément. Sans nous laisser nous présenter, le patriarche Karim Sankara, père de Boureima Sankara, laisse entendre : «Venez nous sauver, venez nous sauver. Ils sont arrivés en grand nombre le mercredi, aux environs de 13h et ont mis le feu à tout ce que vous voyez. Il a fallu qu’on casse le mur à l’arrière pour sauver les femmes et les enfants des flammes. J’ai voulu éteindre le premier grenier enflammé, mais j’ai été menacé et repoussé violemment». La crise foncière qui oppose Boureima Sankara à des propriétaires terriens des villages de Dohoun et Karaba remonte à 2011. En trois ans, moult tentatives de réconciliation ont été entreprises par les autorités et d’autres couches sociales. Mais elles ont accouché d’une souris. Boureima Sankara estime que les terres qu’il a achetées lui appartiennent, mais les terriens contestent ses dires, parce qu’ils pensent que ce derniers a payé les terrains avec des gens qui ne sont pas réellement des propriétaires terriens. Le problème a connu plusieurs rebondissements sans trouver une solution, malgré les plaintes posées par M. Sankara. Le mercredi 2 décembre 2014, un groupe de personnes mécontentes a fait une descente musclée dans le hameau de culture de Boureima Sankara. Après leur passage, c’est une scène triste que les visiteurs inattendus ont laissée derrière eux. Boureima Sankara fait savoir qu’il est purement et simplement victime d’une injustice. A l’entendre, c’est la troisième fois que des personnes viennent détruire ses biens, sans être inquiétées. «Je félicite d’abord la gendarmerie qui sécurise actuellement les lieux. J’ai perdu tous mes greniers, mes cases, des bœufs, des chèvres, des moutons et des pintades. Les pertes sont énormes. J’accuse les autorités qui n’ont rien fait pour arrêter cette barbarie», a souligné M. Sankara. Il précise aussi que ceux qui ont commis ces dégâts ne sont pas à leur premier forfait, et n’ont jamais été inquiétés par qui que ce soit. La première fois, poursuit-il, ils sont venus boucher quatre de ses puits réalisés pour abreuver ses animaux. De plus, ils ont mis le feu à deux de ses cases, et à du foin parqué pour le bétail. «La deuxième fois, quand ils sont arrivés, ils m’ont ligoté comme une chèvre et abandonné au soleil». Ce jour-là, j’ai été détaché par la gendarmerie», a ajouté la victime. Et de déplorer que malgré les plaintes posées, les actes sont restés impunis. «La troisième fois, ils sont arrivés en grand nombre le 30 mai 2014, détruire mes jeunes plants de maïs et autres spéculations et ils ont semé du sorgho, sous prétexte que je ne dois pas mettre un seul grain de céréale sous le sol au cours de cette saison. Je n’ai rien récolté cette année. Pour en finir avec moi, ils sont revenus sur leurs pas pour mettre le feu à mes réserves de plusieurs années. Je me demande si la justice est faite pour tous les Burkinabé ? Certains de mes bourreaux ont même osé me dire le jour qu’ils m’ont attaché, que s’ils me tuaient, il n’y aurait rien, parce qu’ils ont du soutien à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou», a-t-il souligné. Sur les lieux, nous avons rencontré maître Bénéwendé Stanislas Sankara, avocat à la Cour venu constater de visu les dégâts dans le hameau de culture. Il dit être choqué après avoir fait un tour. «J’ai été moi-même estomaqué quand j’ai vu l’ampleur des dégâts. J’avoue que je suis très abasourdi de savoir que dans notre pays, on peut encore arriver à cette vindicte-là entre des communautés qui vivent ensemble. L’ensemble des céréales a brûlé, le bétail calciné. C’est vrai qu’on ne déplore pas de perte en vie humaine, mais les tensions sont très vives, et j’avoue que si je n’avais pas effectué le déplacement, je n’allais pas comprendre l’ampleur des dégâts dans la famille nombreuse de Boureima Sankara. C’est un acte criminel ce que nous venons de voir», a-t-il dit. Pour lui, mettre le feu volontairement au domicile et aux biens de quelqu’un est inadmissible. Selon lui, la question n’est pas de savoir s’il est propriétaire des terres ou pas, mais il est question ici de traiter d’abord le cas de l’incendie volontaire et la destruction volontaire des biens. Il estime que les autorités déjà saisies du dossier doivent travailler à sécuriser urgemment les habitants de cet hameau de culture. Il a salué les forces de sécurité dont la présence a permis d'éviter le pire. "En tant qu’avocat, je suis venu voir de visu, m’imprégner du problème, connaître les causes et ensuite on avisera", a conclu maître
Sankara.


Punir les coupables


Pour un autre habitant de Dohoun, Tayéré Niampa dit Bazaga, ceux qui ont commis ces dégâts ne doivent pas rester impunis. «Ce qui est très choquant c’est que ceux qui ont commis le forfait circulent toujours en narguant les victimes, ce qui n’est pas normale. Nous voulons que les autorités travaillent à éviter un affrontement ici et tout faire pour que la victime entre dans l’entièreté de ses droits» a-t-il demandé. A Houndé, il est difficile de rencontrer des personnes qui ne sont pas indignées par ce qui s’est passé dans le hameau de culture de Boureima Sankara. Le Mouvement burkinabè des droits humains et du peuple (MBDHP) qui suit aussi le dossier Sankara est également choqué et pense que les premiers responsables de cette injustice sont les autorités. «Depuis 2011, l’affaire Boureima Sankara a évolué dans l’impunité totale, jusqu’à ce qu’on arrive à l’incendie de ses biens et le massacre de ses animaux. Si rien n’est fait dans les jours à venir, nous ne sommes pas à l’abri d’un affrontement entre communautés. Et là, nous tiendrons pour responsables les autorités régionales et provinciales», a laissé entendre Mathurin Somé de la section provinciale du MBDHP du Tuy. Dans le souci d’équilibrer­­, nous avons joint un des propriétaires terrien de Karaba, du nom de Wanhou Fankani, pour avoir sa version des faits. Mais, il nous a fait savoir qu’il a simplement été informé de la situation de bouche à oreille.
Autrement dit, il n’en sait pas trop. Dans le même ordre d’idée, nos tentatives de recueillir des informations auprès des autorités administratives, sécuritaires et judiciaires, sont restées vaines. Au moment où nous bouclions ce papier, Boureima Sankara résidait à Houndé, alors que sa famille se trouvait toujours dans le hameau de culture, sous la sécurité de la gendarmerie.


Adama de Maliki
AIB/Tuy
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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