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Groupes parlementaires : Jeux d’alliances en perspective
Publié le samedi 22 decembre 2012   |  Autre presse


2e
© aOuaga.com par Aristide Ouedraogo
2e session ordinaire de l’assemblée nationale
Mercredi 26 septembre 2012. Ouagadougou, assemblée Nationale


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En attendant le verdict du Conseil constitutionnel, on peut dire que ce sont 13 partis politiques, comme en 2007, qui vont animer la Ve législature qui est en train de prendre corps à la suite du scrutin du 2 décembre 2012. Au nombre de ceux-ci, seuls trois partis : le CDP, l’UPC et l’ADF/RDA sont en mesure de constituer un groupe parlementaire. Les autres devront s’arranger ou se faire des compromis pour se constituer en famille.

74 sur la ligne de départ, 13 à l’arrivée pour 127 sièges. Si les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sont confirmés par le Conseil constitutionnel, le parlement burkinabè sera composé de 13 forces politiques pour la Ve législature. Pour la législature en cours, ce sont également 13 partis politiques qui avaient pu accéder à l’Assemblée nationale sur les 47 qui avaient compéti le 6 mai 2007 pour s’arracher des sièges sur les 111 sièges de députés que comptait la Représentation nationale. Avec ses 73 députés, le CDP avait constitué son groupe parlementaire, l’ADF/RDA avec ses 14 élus le sien, les autres partis ayant dû faire des coalitions pour donner naissance aux deux autres groupes que sont l’ADJ et la CFR. Ainsi donc l’Assemblée nationale sortante compte quatre (4) groupes parlementaires. Qu’en sera-t-il de celle à venir ?

Si à la IVe législature les groupes parlementaires se sont constitués sans véritable accroc, il faut dire que cette fois-ci ça pourrait coincer pour une dizaine de partis hormis le CDP (70 députés), l’UPC (19 députés) et l’ADF/RDA (18 députés) qui pourront, eux, constituer leur propre groupe conformément au seuil de dix députés établi par le règlement de l’Assemblée nationale pour un groupe parlementaire. Le groupe parlementaire est constitué des membres d’un seul et même parti politique ou des membres de différents partis coalisés en fonction de leurs sensibilités politiques. Pour ainsi dire, après les trois partis qui remplissent largement les conditions, les autres (au nombre de 10) devront nouer des alliances pour bâtir des groupes parlementaires. Totalisant 20 députés, ils ne pourront constituer que deux groupes.

De toute évidence on devrait avoir un groupe de la mouvance présidentielle et un de l’opposition. Mais le hic est qu’il y a parmi les dix partis concernés certains dont les affinités, pas encore perceptibles, en feraient des « trouble-fête » qui pourraient corser la donne. En effet, ils pourraient faciliter ou compliquer la constitution de l’un ou l’autre des deux groupes parlementaires restants. Il s’agit principalement de l’ODT, de l’UNDD et de la CNPB qui totalisent trois élus. Déjà, l’Union pour la République (UPR) avec ses cinq élus sera la tête de proue du groupe hétérogène de la mouvance qui devrait être composée des quatre élus de la Convention des forces démocratiques du Burkina (CFD/B) et de l’unique élu du Rassemblement démocratique du Burkina (RDB). Ce qui fait un total de 9 élus avec donc le manque d’un député pour former un groupe favorable à la majorité.

Du côté du groupe de l’opposition, on compte d’office l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) avec quatre députés, le Parti pour la démocratie et le socialisme/Parti des Bâtisseurs (PDS/METBA) avec deux élus, le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS) et Le Faso Autrement avec chacun un élu. Il faudra donc à ce pôle deux élus supplémentaires pour parvenir à constituer le groupe parlementaire. Ce qui signifie que ça se passera sur le fil du rasoir. Cet état des choses élève les trois partis suscités, aux atomes crochus pas clairement identifiés, au statut de principaux jokers dans la constitution de ces groupes hétérogènes.

Qui ira où ?

Si le jeu est ouvert, il ne sera certainement pas facile surtout qu’on est en politique dont la logique fait souvent mentir les fins exégètes. Toutefois, disons que les élus de la mouvance pourraient par exemple faire les yeux doux à l’UNDD. Ce d’autant, que, même si l’UNDD a toujours affiché son appartenance à l’opposition, son leader, Me Hermann YAMEOGO, semble beaucoup plus proche de la majorité présente dont il s’est par un passé récent acoquiné avec les animateurs ; en tout cas avec les autres, on voit difficilement ce parti filer le parfait amour.

Ce qui encore pourrait faire pencher la balance vers le groupe de la mouvance, c’est que le candidat tête de liste nationale de l’UNDD, Salvador YAMEOGO, frère cadet de l’autre et qui semble rebondir dans le parti qu’il avait quitté, s’est souvent illustré comme opposant modéré puis mouvancier en s’inscrivant au cours de la législature finissante dans le groupe parlementaire CFR favorable au programme présidentiel. Ce qui n’est pas rien. Quant au pôle de l’opposition, il pourrait compter, sans véritable marchandage, sur l’unique élu de la CNPB, un parti dissident du CDP ; reste peut-être à courtiser celui de l’ODT.

Pures spéculations que tout ça mais il faut dire que la pression est moindre du côté des mouvanciers car, pour constituer leur groupe de 10 députés, ils pourraient sans trop de tapage bénéficier du soutien des « frères » avec le CDP ou/et l’ADF/RDA pour le « prêt » d’au moins un élu. Ce qui n’est pas le cas chez les opposants qui n’ont véritablement pas de carte de rechange car ce ne sera pas tâche aisée pour l’UPC de céder deux de ses députés au risque d’être reléguée au troisième rang derrière le CDP et l’ADF/RDA à l’Assemblée nationale. Mais ne sait-on jamais ! Surtout si cela ne coûte pas à son mentor, Zéphirin DIABRE, le fauteuil de chef de file de l’Opposition. Ceci dit en passant, ce pourrait d’ailleurs être la monnaie du « deal » qui conforterait les assises de DIABRE dans cette galaxie de l’échiquier politique du Faso pas facile à discipliner et ce n’est pas son futur prédécesseur, Me Bénéwendé S. SANKARA qui dirait le contraire.

« Rien ne va plus, faites vos jeux » dirait le croupier. C’est sûr que dans des états-major de partis on est à des cogitations et entre partis, les conciliabules vaudront la peine d’être faits car les enjeux sont énormes. La constitution en groupe permet aux élus membres de bénéficier de certains avantages comme le temps de parole, la présence dans les différents organes tels que la vice-présidence, les commissions. Sans oublier que les membres d’un groupe parlementaire sont généralement tenus de respecter la consigne de leur groupe lors des votes ce que permet à certaines voix de porter.

Drissa TRAORE

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