2012 est à son crépuscule. Dans quelques jours on en fera le deuil, mais au Faso on n’oubliera pas qu’elle a été une année qui a révélé le vrai visage de certains de nos dirigeants.
En effet, en dépit d’un discours politique “haut en verbe”, les dirigeants de notre pays traînent encore des dossiers embarrassants. L’une des meilleures illustrations est à trouver dans la gestion de certains dossiers judiciaires. Le 13 décembre dernier, cela faisait quatorze ans que notre confrère Norbert Zongo a été tué dans des circonstances troubles. Plus d’une fois, les observateurs -et surtout les acteurs de la société civile- ont craint que le pouvoir cherche à gagner du temps en laissant volontairement traîner les affaires. L’inaction du pouvoir corrobore cette thèse. Aucun signe, aucune allusion n’est plus faite au traitement de ce drame devant les juridictions compétentes, alors que tous s’accordent sur l’obligation pour la Nation de solder ce compte devant les tribunaux pour rendre l’hommage mérité à ce journaliste. La stratégie du silence du gouvernement, ou du moins des gouvernements successifs, semble avoir payé, puisque le 13 décembre ne mobilise plus les foules des premières années. Le temps est en train de faire son œuvre et de reléguer ce dossier brûlant aux oubliettes. Fort heureusement, le Collectif promet un jugement devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour l’année prochaine.
Le deuxième dossier lourd de cette année qui s’achève est relatif aux sanctions promises par Lucky Luc contre tous ceux qui ont été mis en cause par l’Autorité supérieure de Contrôle d’Etat (ASCE). Pour l’instant, cette promesse n’a donné aucun résultat, en dehors de l’ambassadeur du Burkina à Paris, Joseph Paré, qui a rendu son tablier. Les autres responsables cités dans les rapports de l’ASCE continuent de se la couler douce. Certains ont même des promotions, si ce ne sont des décorations, pourtant censées être réservées aux Burkinabè exemplaires. Même si, en messes basses, on dit que des sanctions sont tombées... c’est dire que le beau discours du Premier ministre n’a pas été suivi d’effets dans l’opinion.
Que dire alors de ce dossier de l’ancien directeur général des Douanes, Ousmane Guiro, débarqué en plein midi par le chef de l’Etat et qui est aujourd’hui libre de ses mouvements au lieu d’être à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou? Certes, tout mis en cause qui n’a pas été déclaré coupable par des juridictions est considéré comme innocent, mais dans le cas de l’ancien chef des gabelous, les autorités donnent l’impression de faire dans la provocation. Pas que Guiro ne mérite pas la liberté provisoire, mais simplement parce que la raison invoquée pour le sortir de la Maco a été celle de la maladie. Alors, comment un malade, qui ne peut pas tenir en prison, a-t-il pu braver la rude campagne électorale pour aller à la chasse aux voix? Si demain ce monsieur était innocenté par la justice, comment pourrait-on convaincre les citoyens qu’il ne s’agit pas d’un arrangement entre camarades de parti? Plus qu’une erreur, c’est une faute, une grave faute qui pourrait nuire à l’intéressé et à sa formation politique.
En effet, en acceptant d’inscrire sur sa liste de candidats un individu sur lequel pèsent de lourds soupçons d’enrichissement illicite, le CDP donne du même coup raison à tous ceux qui estiment que les autorités manquent de volonté pour s’attaquer à la mal-gouvernance. Le gouvernement a peu d’arguments pour convaincre l’opinion du contraire.
A moins que la machine soit véritablement mise en marche à l’occasion des assisses sur la corruption qui se tiennent en ce moment même à Ouagadougou.