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Commémoration du 16e anniversaire du drame de Sapouy : chute de Blaise, espoir de justice / « Justice sera rendue au camarade Norbert Zongo », Yacouba Isaac Zida
Publié le lundi 15 decembre 2014  |  Le Quotidien
Transition
© aOuaga.com par G.S
Transition : la composition du gouvernement rendue publique
Dimanche 23 novembre 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel de Kosyam. Le secrétaire général adjoint du gouvernement et du Conseil des ministres a rendu publique la composition du gouvernement de transition. Photo : Yacouba Isaac Zida, Premier ministre et ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants




A l’appel du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), de milliers de manifestants sont sortis à Ouagadougou pour commémorer le 16e anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune. Un anniversaire qui intervient dans un contexte de changement de régime sous lequel le directeur de publication de L’Indépendant a trouvé la mort sur la route de Sapouy. Quoi de plus normal pour le Collectif d’espérer enfin voir le bout du tunnel. Lui qui n’a jamais cessé de battre le pavé pour réclamer la vérité et la justice sur ce crime abominable. Ce 13 décembre 2014, le vent nouveau qui souffle sur le Burkina Faso depuis le 31 octobre augure de meilleurs auspices, selon les organisateurs, quant à l’aboutissement du dossier. Cerise sur le gâteau, on notait la présence des autorités de la transition dont le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et la ministre de la Justice, Joséphine Ouédraogo.
Le rituel reste le même, mais le contexte a changé. Occasion donc pour le président du collectif, Chrysogone Zougmoré, de rappeler cette phrase de son prédécesseur, Alidou Ouédraogo, pour qui, « en réduisant le corps de Norbert Zongo à 5 kg de viande, les autorités de la 4e République ont fabriqué une bombe de 5 mégatonnes qui va les emporter ». Chose prédite, chose arrivée. Puisque depuis le 31 octobre dernier, Blaise Compaoré et son clan ont été obligés à la fuite. D’où, l’espoir de voir le dénouement de certains crimes impunis dont celui de Norbert Zongo et de ses compagnons. La commémoration du 16e anniversaire de l’assassinat intervient dans ce contexte. Ainsi, après le dépôt des gerbes sur les tombes des disparus, au cimetière de Gounghin, tôt dans la matinée, les manifestants se sont rendus à la place de la Révolution pour la marche meeting. Marche qui a emprunté l’itinéraire habituel bouclé en 1 h. Au cours de celle-ci, les manifestants ont scandé des slogans revendiquant vérité et justice pour Norbert Zongo et de tous les crimes impunis, non sans prononcer des slogans hostiles aux dignitaires du régime déchu. Aussi, ont-ils égratigné les autorités de la transition. « A bas le pouvoir militaire », ont-ils scandé. Et c’est sur ces slogans et chants que le cortège a rejoint la place de la Nation.
Là, c’est par les mélodies de la chorale créée après l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortune qu’a commencé le meeting. Mélodie émotionnelle, surtout pour ceux qui assistaient pour la première fois à la commémoration.

Espoir de justice

En rappel, l’assassinat de Norbert Zongo est intervenu au moment où il investiguait sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet du président d’alors, Blaise Compaoré, qui a été contraint à la démission, puis à un exil forcé. Pour qui voulait la vérité et la justice sur l’assassinat de Norbert Zongo, le départ du clan de Blaise Compaoré du pouvoir était un vœu pieux. Toute chose qui est maintenant un acquis. L’étau se resserre de plus en plus sur les bourreaux de ce crime et de leurs commanditaires. « Pour les combattants de la liberté, pour tous ces démocrates, patriotes et révolutionnaires qui se sont battus pour la vérité et la justice, l’espoir de franchir au moins une étape importante dans ce dossier pointe à l’horizon. L’espoir est permis de connaître au moins la vérité sur le quadruple assassinat de Sapouy », a affirmé le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guézouma Sanogo. En effet, poursuit-il, « avec la fuite des présumés commanditaires, nous supposons que les menaces et les peurs qui pesaient sur tous ceux qui ont des choses à dire, se sont éloignées et que des témoignages viendront étayer le dossier ». « Norbert Zongo, nous nous battrons, comme nous l’avons fait depuis seize ans, pour que la vérité sur ton assassinat et ceux de tes compagnons soit un acquis. Nous lutterons également pour que Justice soit dite.
Notre optimisme ne repose pas sur les déclarations d’intention des autorités de la transition, mais sur la détermination du peuple à voir la vérité et la justice triompher dans le dossier Nobert Zongo », a promis l’AJB par la voix de son président.
« Le peuple burkinabè, à travers toutes ses composantes sociales, dans un élan héroïque patriotique, s’est insurgé contre la dictature militaire constitutionnalisée du pouvoir de la 4e République, a chassé le capitaine Blaise Compaoré du pouvoir et l’a contraint à l’exil. Ce mouvement insurrectionnel, qui résonne comme un résultat du sursaut patriotique salvateur consécutif au drame de Sapouy, fait renaître au sein des démocrates d’ici et d’ailleurs, l’espoir d’un changement en matière de gouvernance et de démocratie », a ajouté le président du Collectif Chrysogone Zougmoré.
Haranguant la foule, le président du Collectif dit avoir dénombré 33 morts sur le territoire national et de nombreux blessés. C’est à cet égard qu’il salue et s’incline devant leur mémoire. Aux nombreux blessés, il souhaite un prompt rétablissement. A la jeunesse qui l’a accompagné dans toutes ses batailles, le Collectif a dit merci.

Mobilisation et vigilance

« Aujourd’hui donc, après le départ forcé de Blaise Compaoré, le CODMPP et la CCVC pensent que des conditions sont créées pour travailler à la manifestation de la vérité et à l’exercice correct de la justice sur les nombreux dossiers de crimes économiques et de crimes de sang impunis, en particulier celui du journaliste Norbert Zongo », a témoigné Chrysogone Zougmoré.
C’est dans cet ordre d’idée qu’il a invité le président de la transition, Michel Kafando, à faire de la lutte contre l’impunité, de la justice sociale, de la lutte contre la corruption et la gabégie son cheval de bataille. Toute chose qui permettrait de satisfaire les familles des victimes. Toutefois, le collectif invite le peuple à veiller au grain. « Cependant, camarades, tout dépendra de notre mobilisation, de notre organisation et de notre détermination au cours de cette transition plutôt militaire », a insisté Chrysogone Zougmoré. Aussi, le Collectif et la CCVC ont-ils décidé d’actualiser leur plateforme d’actions afin de la faire parvenir aux organes de la transition.
« Partout et sur tout le territoire national, la vigilance doit être de mise. Cette vigilance nous recommande de suivre attentivement l’évolution de la situation et surtout de confronter les paroles aux actes car en fin de compte, ce sont les actes qui constituent le véritable critérium de la vérité en politique », a dit Chrysogone Zougmoré sous le regard inquisiteur du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida et de quelques membres du gouvernement1

Plate-forme actualiseE du collectif
«Démantèlement des bases militaires étrangères installées au Burkina »
Dans son discours, Chrysogone Zougmoré a indiqué que « le collectif a jugé nécessaire et pertinent d’actualiser la plateforme d’action du collectif, pour en faire un outil de veille citoyenne et de lutte contre l’impunité et pour la démocratie ». Et voici les éléments d’ajout.
1- Pour les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014
-Vérité et justice pour les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
-Accord de statut de pupilles de la Nation aux enfants des martyrs, ainsi qu’à ceux des blessés handicapés à vie.

2-Pour les libertés politiques et démocratiques
-Introduction dans la loi fondamentale de la reconnaissance de l’insurrection populaire comme mode de contestation et de lutte du peuple ;
-Dissolution du RSP ;
-Instauration des candidatures indépendantes aux élections municipales et législatives ;
-Démantèlement des bases militaires étrangères installées au Burkina, qui constituent une menace pour la liberté et l’indépendance véritable du pays.

3-Contre l’impunité des crimes de sang
-Réouverture et instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo et compagnons;
-Identification et jugement de ceux qui ont ordonné de tirer, ainsi que de ceux qui ont tiré sur les insurgés des 30 et 31 octobre 2014 ;
-Jugement et sanction de tous les commanditaires et auteurs de crimes de sang, qui doivent être frappés d’indignité politique et électorale.

4-Contre l’impunité des crimes économiques et la corruption
-Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise de mesures nécessaires en vue de recouvrer l’ensemble des fonds expatriés ;

-Ouverture de procédures judiciaires sur tous les dossiers de crimes économiques qui dorment dans les tiroirs des structures de contrôle et/ou au niveau de la justice ;
-Audit sur l’accaparement abusif des terres rurales au détriment des paysans et expropriation des personnes coupables de ces faits, au bénéfice des populations1

Source : déclaration liminaire
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