Politique
Burkina : Zida nationalise une entreprise du clan Compaoré
Publié le dimanche 14 decembre 2014 | Jeune Afrique
© aOuaga.com par G.S
Gouvernement de transition : premier Conseil des ministres de prise de contact Lundi 24 novembre 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel de Kosyam. Les membres du gouvernement de transition se sont retrouvés, au lendemain de leur nomination, pour le premier Conseil des ministres de prise de contact. Photo : Yacouba Isaac Zida, Premier ministre et ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants |
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Le Premier ministre burkinabè Isaac Zida a annoncé samedi la nationalisation d’une entreprise appartenant au clan de l’ex-président Blaise Compaoré, affichant la volonté des autorités intérimaires de lutter contre l’impunité, à l’occasion du 16e anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
"Vous avez demandé la nationalisation de certaines sociétés que nous connaissons tous. Le ministre de l’Habitat a reçu des instructions pour nommer un directeur général de la Socogib", la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina, a déclaré le lieutenant-colonel Zida, s’adressant à des milliers de manifestants.
"C’est le patrimoine du peuple et nous allons le retirer pour le peuple", a lancé M. Zida, s’attirant un tonnerre d’applaudissements au sein de la foule réunie à Ouagadougou afin de réclamer "justice" pour le journaliste Norbert Zongo, tué il y a 16 ans jour pour jour.
Créée dans les années 1980 dans le cadre d’un vaste programme immobilier, la Socogib, alors en situation de monopole dans ce secteur lucratif, a été cédée pour "1 franc symbolique" dans les années 90 à Alizèta Ouédraogo, une intime du clan Compaoré. Surnommée la "belle-mère nationale" parce que sa fille Salah était mariée à François Compaoré, le frère cadet de l’ex-président, Mme Ouédraogo est passée en 27 ans de règne de Blaise Compaoré du statut de secrétaire et petite commerçante à celui de femme la plus riche et la plus puissante du Burkina.
Alizèta Ouédraogo, désormais réfugiée en France, incarne le népotisme tant dénoncé par la rue qui a renversé Blaise Compaoré le 31 octobre. François Compaoré était quant à lui nommé "le petit président" pour la mainmise qu’il exerçait sur les affaires politiques et économiques du pays. Il est surtout l’homme sur lequel enquêtait Norbert Zongo quand son corps calciné fut retrouvé avec les dépouilles de trois de ses camarades le 13 décembre 1998 à Sapouy, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou.
Le journaliste qualifié d’"incorruptible" recherchait les meurtriers de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré. Ce dernier avait un temps été inculpé "de meurtre et recel de cadavre", avant que les poursuites ne s’arrêtent. L’affaire incarne les dérives les plus graves du régime du président Compaoré. Aucune condamnation n’a jamais été prononcée malgré des années de procédure.
"Seize ans, c’est trop"
"Je demande que les commanditaires soient arrêtés et jugés à la hauteur de leurs forfaits", a lancé la veuve Geneviève Zongo devant les manifestants. Assassins et commanditaires "sont connus. On pouvait bien les arrêter. Mais pourquoi les a-t-on laissé partir ? ", a-t-elle dénoncé, faisant visiblement allusion à François Compaoré, réfugié au Bénin après la chute de son frère.
"Seize ans c’est trop !" a déploré Mme Zongo, soulignant qu’elle attendait des "actes" de la part des autorités de la transition. "Justice sera rendue à tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines du président Blaise Compaoré", lui a répondu le Premier ministre Zida lors d’une allocution improvisée. ... suite de l'article sur Jeune Afrique
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