Société
Fête de l’indépendance : si le 11-Décembre nous était conté
Publié le mercredi 10 decembre 2014 | L`Observateur Paalga
© Présidence par DR
Décorations du 11-Décembre : 886 personnes distinguées à la Présidence du Faso Lundi 8 décembre 2014. Ouagadougou. Présidence du Faso. La nation a reconnu le mérite de 886 personnes qui ont été décorées en prélude à la fête nationale de l`indépendance du 11-Décembre |
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Que commémore-t-on au juste le 11 décembre au Burkina Faso ? La déclaration de l’Indépendance ou la proclamation de la République ?
Au cas où vous ne le sauriez pas, sachez que l’accession de la Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, à la souveraineté internationale a été consacrée le 5 août 1960.
Si l’événement a été célébré à la hauteur de l’aspiration des Voltaïques au statut de citoyens pleins et entiers, les années suivantes, il a été commémoré dans la sobriété par une simple cérémonie de prise d’armes.
La proclamation de la République a quant à elle eu lieu le 11 décembre 1958. C’est à cette occasion que notre pays a adopté comme couleurs nationales : le Noir-Blanc-Rouge, et pour hymne national «Hymne voltaïque». Dans la foulée, il a été créé la radio nationale qui a commencé à émettre le 25 octobre 1959.
Si depuis les années 60 la fête de l’indépendance est célébrée le 11 décembre, c’est parce que le mois de décembre est beaucoup plus propice à l’organisation de manifestations à caractère national.
En effet, à cette période de l’année, plus de pluies et plus de travaux champêtres.
C’est en 1961 que cette date anniversaire a été pour la première fois célébrée avec faste. Pour la circonstance, Ouagadougou fut, un temps, la capitale du monde, avec la présence sur les rives du Kadiogo de délégations venues de tous les pays membres de l’ONU. Cette commémoration a été marquée, entre autres, par l’inauguration de l’hôtel Indépendance, mais surtout par le baptême de lieux publics.
Ainsi le lycée de Ouagadougou est devenu lycée Philippe Zinda Kaboré, et celui de Bobo-Dioulasso, lycée Ouezzin Coulibaly. L’actuel camp militaire qui abrite le régiment central des armées a pris l’appellation de «Camp Guillaume Ouédraogo», et le grand hôpital de la capitale, d’«Hôpital Yalgado Ouédraogo».
En 1961, le 11-Décembre a également contribué à donner une réelle impulsion au processus d’urbanisation de Ouagadougou avec le foisonnement des maisons en dur en remplacement progressif de celles en banco.
Malgré la chute du « père de l’indépendance », Maurice Yaméogo, le 3 janvier 1966, le 11-Décembre a poursuivi son petit bonhomme de chemin jusqu’à la césure politique intervenue dans la nuit du 4 août 1983. Pour des raisons idéologiques, la Révolution démocratique et populaire (RDP) qui s’est ensuivie alors a mis sous l’éteignoir le 11-Décembre, vestige, selon elle, de l’héritage colonial.
Le 4 août devint alors le jour de la fête nationale du Burkina Faso, nouveau nom du pays.
Après près d’une décennie de relégation aux oubliettes, le 11-Décembre retrouve ses lettres de noblesse sous la Quatrième République. Une réhabilitation qui a valeur d’arbitrage dans cette guerre mémorielle entre, notamment les nostalgiques du 3 janvier 66, date de l’insurrection populaire contre le régime du président Maurice Yaméogo, les sankaraistes, qui ne jurent que sur le 4-Août, et les rectificateurs qui tablent de leur côté sur le 15-Octobre, date de la prise du pouvoir par Blaise Compaoré.
Cette année, comme le veut le principe de l’organisation tournante, la fête nationale sera célébrée demain à Dédougou. Et pour la première fois depuis sa réhabilitation, le 11-Décembre ne sera pas présidé par Blaise Compaoré, contraint à la démission suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Malgré les urgences inhérentes au nouveau contexte politique, les autorités de la transition ont tenu à respecter le rendez-vous de Dédougou.
Si côté activités, tout ce qui avait été prévu ne pourra pas être honoré, il n’en demeure pas moins que ce 55e anniversaire de notre indépendance aura un retentissement particulier. Unique occasion pour les dirigeants actuels (puisque la transition est censée prendre fin d’ici à novembre 2015), de communier avec la nation entière, ces derniers en profiteront, par des discours forts, pour fédérer leurs compatriotes autour du nouveau contrat social dont ils sont porteurs.
En effet, n’ont-ils pas, à plusieurs occasions, laissé entendre que plus rien ne serait comme avant ?
Et s’il y a quelque chose qui doit apparaître en trait de lumière dans l’adresse du président à la nation, c’est l’appel au civisme et à la bonne citoyenneté. Dans le contexte actuel, marqué par l’effritement continu de l’autorité de l’Etat et l’érection de l’incivisme au rang de valeur, il est impératif de procéder à un aggiornamento collectif pour être en phase avec nos aspirations à une société véritablement démocratique
Sans ce nécessaire sursaut patriotique, sans cet impérieux ressaisissement, tout ne sera qu’illusion.
Alain Saint Robespierre
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