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Les populations opposées à l’ouverture d’une mine à Ramatoulaye
Publié le mercredi 10 decembre 2014  |  Sidwaya




Les populations de Namissiguima, localité située à 30 Km de Ouahigouya, ont tenu une assemblée générale, le dimanche 7 novembre 2014. Le démarrage imminent des travaux de la société minière Truegold et l’avenir de Ramatoulaye, lieu par excellence de pèlerinage au Burkina lors de la célébration du Maouloud qui marque la naissance du prophète Mahomed, ont été les points des préoccupations lors de la rencontre.

C’est avec la bénédiction du Cheick Aboubacar Maïga II, guide spirituel du soufisme et grand imam de Ramatoulaye que les populations venues des 28 villages de la commune ont tenu une rencontre sur l’avenir de cette bourgade. Il s’est agi d’informer les forces vives du département sur le démarrage effectif des travaux de la mine d’or de la société minière canadienne Truegold. Il est ressorti que la société a décidé d’ouvrir l’entrée de la mine sur la colline « Naabtenga », située à moins de 200m des écoles et à 400m de la mosquée de Ramatoulaye. Cette nouvelle a déclenché le courroux des fils et filles du département. Au cours de l’assemblée, plusieurs interventions vigoureuses ont laissé entrevoir la désapprobation de l’assistance. Guiro Sayouba de l’association « Béogo Néeré » des jeunes du département de Namissiguima, a soutenu que l’ouverture de l’entrée de la mine à l’endroit indiqué est tout simplement le déguerpissement annoncé du village de Ramatoulaye et de sa grande mosquée classée, patrimoine d’Etat. Pour la plupart des intervenants, l’acte prévu de Truegold est tout simplement une trahison, car au départ il n’était pas question de venir s’installer précisément au village de Ramatoulaye. Pour toutes ces raisons, les plus radicaux ont exigé le départ de la société de la localité. Au nom du Cheik Aboubacar Maïga II, de tous les anciens et de toutes les populations du département, l’assemblée générale a recommandé l’annulation immédiate de ce projet d’installer l’ouverture principale de la mine à Namissiguima. L’AG a demandé aux plus hautes autorités de l’Etat de vérifier le contenu exact de la convention signée par l’ancien régime avec la société Truegold et d’envoyer des experts pour évaluer la situation avant qu’il ne soit trop tard, au regard de l’urgence et de la détermination des populations. C’est dans un sentiment de frustration, de méfiance vis-à-vis de l’autorité et d’une volonté à défendre leur citadelle que les forces vives se sont séparées, en promettant de revenir pour d’autres actions si l’évolution de la situation l’exige. En rappel, la société minière canadienne Truegold a obtenu une licence d’exploitation industrielle, de conformité environnementale et de réalisation d’étude de faisabilité de l’Etat burkinabè dans le cadre de son projet aurifère de Karma et dont la production est projetée pour début 2015. C’est sur une superficie de 856 km2 comprenant cinq gisements (Goulagou I, Goulagou II, Kao, Rambo et Nami) que devront sortir des ressources estimées à 1,7 million d’onces d’or pour 131,5 millions de dollars d’investissement.


Philibert NIKIEMA


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Guiro Sayouba, président de l’association «Béogo Néeré» des jeunes du département de Namissiguima :

Si le projet se réalise, il y aura la pollution de la nappe souterraine avec l’utilisation des produits chimiques, ce qui va forcer les populations à quitter la zone. Notre détermination est sans faille à faire échouer l’intention de Truegold, car il y va de notre existence sur cette terre de nos ancêtres. Truegold sera responsable des conséquences de ses actes.

Sana Mahamadi, grand muezzin de la mosquée de Ramatoulaye :

Nous exigeons l’annulation du projet car dans notre entendement, il est clair maintenant que la société Truegold veut exploiter l’or dans le sous-sol de Ramatoulaye. Pour preuve, la société intensifie le contrôle des eaux de forage, ce qui nous fait dire qu’il est certain que notre eau va se polluer. Je souhaite que les autorités nous aident à préserver notre patrimoine qu’est la mosquée où viennent, depuis 1923, des fidèles musulmans du Burkina Faso et de la sous-région lors de la célébration de la naissance du saint prophète Mahomed. Il y a tellement de réserves minières au Burkina que Truegold peut aller voir ailleurs.

Maïga Mahamadi, président du syndicat national des orpailleurs artisanaux traditionnels du Burkina :

Je suis un fils de Namissiguima et suis dans l’orpaillage depuis 1983. A l’arrivée de Truegold, nous avons eu plusieurs rencontres avec les responsables qui avaient promis de travailler en étroite collaboration avec nous dans le cadre de l’exploitation minière, mais avec le temps nous nous sommes rendu compte qu’il y avait comme une malhonnêteté. Nous exploitants artisanaux, avons été dédommagés individuellement à hauteur de 250 000 F CFA pour le transport de notre matériel. On nous a intimé, il y a quelques semaines, avec la complicité des autorités locales et provinciales, de libérer les sites d’orpaillage car l’exploitation va commencer avec l’ouverture de l’entrée de la mine dans la colline située à quelques mètres de la mosquée. Etant du métier, je sais qu’avec les dynamitages qui s’en suivront, la mosquée, les édifices publiques, les maisons d’habitation vont
s’écrouler.
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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