«...que les pôles de croissance aient des effets cohérents», Nicolas Kobiané #aOuaga

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«...que les pôles de croissance aient des effets cohérents», Nicolas Kobiané

Publié le jeudi 4 decembre 2014 | Sidwaya

Bien qu’ayant fait ses preuves dans des pays développés, les pôles de croissance sont une approche nouvelle de développement pour le Burkina Faso dont les contours ne sont pas toujours bien perçus par le citoyen lambda. Quelques éclaircissements avec le directeur des pôles de croissance et de compétitivité, Nicolas Kobiané, dans cet entretien accordé à Sidwaya le 27 novembre dernier.
Sidwaya : Qu’entend-t-on par pôle de croissance ?

Nicolas Kobiané (NK) :C’est une approche nouvelle de développement pour le Burkina Faso bien que l’approche est été expérimentée dans plusieurs autres pays développés dont le Canada et la France. Elle consiste à centrer des interventions dans des espaces géographiques bien limitées mais également autour de secteurs ou de filières porteuses. C’est un mécanisme qui repose sur un processus qu’on appelle les effets d’entrainement en partant d’activités ou d’industries motrices.

Combien de pôles de croissance dispose le Burkina Faso à nos jours ?

Au Burkina Faso nous avons le premier pôle de croissance, celui de Bagré qui est en expérimentation depuis 2011. Il est prévu d’autres pôles qui doivent être développés d’ici à 2015. Le second qui est en préparation est celui du Sahel qui vise à s’appuyer sur les secteurs porteurs des mines et de l’élevage pour booster le développement de la région de manière structurée et durable. En dehors du pôle de croissance du Sahel, nous avons les agropoles du Sourou et de Samandéni qui sont en perspective mais aussi le pôle de croissance touristique de l’Est et les zones économiques spatiales de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou.

Il y a également des stratégies de développement de grappes d’entreprises qui sont des réseaux qui permettent de d’organiser la production, de mutualiser les moyens et de pouvoir éventuellement rendre compétitives les entreprises. Nous avons enfin ce qu’on appelle les stratégies de niches qui sont des segments porteurs.

Est-ce que par principe, toute localité peut-elle être érigée en pôle de croissance ou quelles sont les conditions pour ce faire ?

Le principe des pôles de croissance consiste à s’appuyer sur les potentialités et quand on fait la cartographie des potentialités nous constatons que dans chaque région il y a des potentialités qui restent à exploiter. Il faut cependant avoir présent à l’esprit que ce n’est pas seulement une approche régionaliste en tant que telle. Parce que le pôle de croissance n’est pas forcement lié aux aspects administratifs ou régionaux. Un pôle de croissance peut couvrir plusieurs communes ou plusieurs régions.

Bagré couvre par exemple une partie de la région du Centre-sud. On peut donc développer plusieurs pôles qui profitent à plusieurs régions. Il faut retenir par ailleurs que le coût de construction d’un pôle est très élevé. Il n’est donc pas évident au rationnel de vouloir les développer en même temps. Il faut aussi faire en sorte que ces pôles de croissance aient des effets cohérents. C’est-à-dire qu’ils puissent se servir mutuellement en termes de relations de consommation.

Ce qu’on appelle les relations « Input-output » c’est-à dire que le pôle de Bagré qui a une bonne capacité de production de riz puisse approvisionner celui du Sahel où il y a des compagnies minières qui en ont besoin pour peu que ce riz réponde à leurs normes de qualité. C’est dire que les retombés d’un pôle doivent être pour toute l’économie nationale. Et il faut pour cela qu’il puisse à partir de la localité où il est installé avoir des effets sur toute l’économie.