Société
Journée d’hommage aux martyrs de la révolution : Colère, tristesse et indignation étaient au rendez-vous
Publié le mercredi 3 decembre 2014 | Le Pays
© L’Express du Faso par Evrard Ouédraogo
Insurrection populaire de fin octobre : la nation rend hommage à 6 martyrs Mardi 2 décembre 2014. Ouagadougou. La nation burkinabè a organisé des obsèques de 6 martyrs de l`insurrection populaire de fin octobre qui ont été marquées par une cérémonie oecuménique suivie de leur inhumation au cimetière municipal de la capitale burkinabè |
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Les funérailles officielles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ont eu lieu le 2 décembre 2014, à Ouagadougou. six des 24 martyrs ont été accompagnés à leur dernière demeure au cimetière de Goughin, après une cérémonie riche en émotions, qui a vu la présence du président du Faso, Michel Kafando, du président du Conseil national de transition (CNT), Sheriff Sy, du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, et des membres de son gouvernement, d’autorités militaires et paramilitaires, du corps diplomatique et d’une foule nombreuse.
Arsène Aouedri, Gaston Karambiri, Aristide Ouoba, Inoussa Béré, Abdoul Moubarak Belem, Issa Sama ; ce sont les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui ont été inhumés le 2 décembre dernier, au cimetière de Gounghin à Ouagadougou. Cela, après avoir reçu la reconnaissance officielle. En effet, dès les premières heures du matin du 2 décembre 2014, la population de Ouagadougou a commencé à affluer à la Maison du peuple où, après avoir été enlevées de la morgue du CHU Yalgado Ouédraogo, les dépouilles des martyrs ont été déposées. A la place de la Révolution où la cérémonie officielle devait avoir lieu, il était difficile de se frayer un passage, tant la foule était compacte. Tous attendaient l’arrivée des martyrs de la révolution.
A 9h, le chef de l’Etat, le président Michel Kafando, fait son entrée, accueilli par le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, qui l’avait précédé quelques minutes plus tôt. Autorités politiques, militaires et paramilitaires étaient présentes et n’attendaient plus que les héros du jour. 21 minutes plus tard, c’est en accompagnie d’une foule immense que le porte-char militaire portant les dépouilles des 6 martyrs a fait son entrée à la place de la Révolution. La cérémonie pouvait alors commencer. Le premier à se présenter au parloir, le capitaine Guy Hervé Yé, n’a pas tari d’éloges envers les martyrs, « les soldats de la démocratie, les chevaliers intrépides et consciencieux d’un avenir radieux, les défenseurs de la liberté de la nation entière, glorieusement tombés lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre ». Expliquant que les martyrs sont partis en héros, le capitaine Guy Hervé Yé a confié que si un jour nouveau se lève au Burkina, cela a été rendu possible par le sacrifice suprême de 24 personnes que toute la nation pleure. « Comment alors ne pas s’incliner devant la mémoire d’hommes qui n’ont pas hésité un seul instant à défendre leurs idéaux et leur volonté d’un Burkina nouveau ?», s’est-il interrogé. Et de conclure en rappelant la maxime de Honoré de Balzac qui disait ceci : «La gloire est le soleil des morts ».
Ils nous ont quittés en héros
Une allocution fort émouvante qui a provoqué des frissons dans la foule présente à la cérémonie. Quand les noms des martyrs ont été cités, on entendait des cris de parents et amis de victimes qui n’ont pas pu contenir leurs larmes. Nombreux sont ceux qui n’ont pu étouffer leurs sanglots à la citation du nom du plus jeune des héros, Issa Sama, fauché à l’âge de 17 ans. Puis, main dans la main, civils et militaires ont observé 5 minutes de silence à la mémoire des disparus. Après le capitaine Yé, ce fut au tour des aumôniers militaires, représentant les différentes communautés religieuses, d’assurer la prière œcuménique. Chacun, à son tour, a loué le mérite des martyrs, assurant qu’ils ont fait ce sacrifice suprême, pour que le « soleil de la justice et de la liberté se lève au Burkina ». Ceux qui ont préféré mourir plutôt que d’accepter le tripatouillage de la Constitution, ne sont plus parmi nous, ont-ils poursuivi, mais étant morts en martyrs, ils restent immortels dans l’histoire du Burkina Faso. Aux familles des victimes, les aumôniers militaires ont confié que leurs enfants ont servi la nation, et qu’ils sont partis pour qu’au Burkina Faso, se lève un jour nouveau. Au peuple, ils ont rappelé qu’il lui appartient de préserver cette victoire qui donne une leçon à l’Afrique et au monde entier.
Puis Victor Poulahoulabou, représentant des familles des victimes, s’est présenté au parloir pour remercier les autorités politiques d’avoir organisé une cérémonie en la mémoire des disparus. Fustigeant Blaise Compaoré dont «l’entêtement et la soif de pouvoir ont arraché les leurs à leur affection », il a demandé au peuple de rendre hommage à ces combattants de la liberté qui ont pour demeure le Panthéon des martyrs de Ouaga 2000. Rappelant qu’ils sont morts pour une cause noble, il a réitéré la fierté qu’ils incarnent désormais, car ils ont contribué à écrire une nouvelle page de l’histoire du Burkina. «Partez les premiers nous préparer la place. A bientôt ! Nous ne vous oublierons jamais, les générations à venir non plus », a-t-il conclu.
Après le mot de Victor Poulahoulabou, le président du Faso, le président du CNT et le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, se sont inclinés sur les dépouilles des martyrs, puis direction a été prise pour le cimetière de Gounghin, aux environs de 10h 20.
C’est en accompagnie d’une longue file de parents et d’amis que les dépouilles des 6 martyrs sont arrivées au cimetière de Goughin vers 12h. Là, une oraison funèbre a été dite par le ministre de la Communication, Fréderic Nikièma. Rappelant que les martyrs sont tombés sur le champ d’honneur, il a déclaré qu’ils font la fierté du Burkina Faso. Et de les rassurer que leur mémoire restera éternelle. Après l’exécution de l’hymne aux morts, les familles des martyrs se sont inclinées une dernière fois sur les dépouilles de leurs proches, avant qu’elles ne soient portées en terre. Parmi les martyrs de la révolution des 30 et 31 octobre 2014, un corps attend toujours d’être identifié avant d’être inhumé.
Mamouda TANKOANO, Thierry SOU
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