Politique
Gouvernance politique en Afrique : de la nécessaire relecture des constitutions
Publié le mercredi 3 decembre 2014 | Le Pays
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S’inspirant de ce qui s’est passé au Burkina Faso, l’auteur du point de vue ci-dessous souhaite que soient relues les Constitutions en Afrique afin d’éviter toutes dérives liées à la gouvernance politique.
Des régimes démocratiques ou monarchiques ; nous avons souvent du mal à faire la différence. Des chefs d’Etat, une fois au pouvoir après des prédécesseurs, refusent catégoriquement de céder leur fauteuil sous prétexte qu’ils sont indispensables à leur pays et voulant nous faire croire que sans eux tout le pays entier basculera dans des ténèbres. Ces présidents voudraient succéder aux rois et chefs traditionnels proclamés à vie et qui ne seront remplacés qu’après leur mort et pire par leurs propres fils ou membres de famille.
Ce genre de comportement, cette envie de se maintenir au pouvoir à vie, finit toujours par créer des discordes, des mésententes et pire des divisions internes et voire la rébellion ou des coups d’Etat. Avec malheureusement la caution des institutions politiques des pays respectifs et la mauvaise foi de la communauté internationale et l’incompétence des opposants à s’unir pour un front commun enfin que le changement, enfin que l’alternance soit possible.
L’Afrique est malheureusement le terreau fertile de toutes sortes d’oppressions, d’injustices et de malversations politiques. La plupart des présidents africains font du pouvoir un bien personnel et familial. Il n’est plus étonnant qu’un fils succède à son père au pouvoir ; cela est devenu un rituel accepté par les grandes puissances selon leurs intérêts. Et le plus souvent, ils sont installés de force (le cas du Congo RDC ; du Gabon, du Togo ) avec la bénédiction de la communauté internationale.
Ainsi pour éviter tout cela, en plus de la limitation des mandats, je propose qu’une loi soit votée de sorte à ce qu’aucun président ne puisse nommer son fils, frère ou membre de famille conseiller à la présidence, ambassadeur ou à tout autre poste de haute responsabilité. Qu’une loi soit adoptée de sorte à ce que de telles pratiques cessent. Qu’aucun président ne puisse encore nommer toute personne de sa famille à un haut poste de responsabilité. Les fils et frères de la plupart des présidents africains sont nommés ministres, conseillers, à des postes de complaisance parce que le frère ou le papa est président (cas de Karim Wade et de François Compaoré ).
Ce genre de pratiques ont toujours fini par engendrer des problèmes assez graves dans la gestion du pouvoir et méritent d’être sanctionnés et punis. Mais au vu des postes occupés par les uns et au vue de la « couverture et de la protection» dont ils bénéficient, ils ne se sentent nullement pas inquiétés. Ils en abusent et le pouvoir devient familial. S’ensuivent alors des cas de crimes de sang et de crimes économiques.
Pour le cas du Burkina Faso, je propose qu’une loi soit votée dans ce sens pour qu’après la transition, que le prochain président ne puisse nommer son frère, beau-frère, tante ou membre proche de sa famille au poste de conseiller à la présidence ou ministre : les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets.
Si la plupart de ces personnalités soupçonnées souvent de trafic de drogues, d’exactions et autres crimes politiques ou économiques n’étaient pas des proches de présidents, la Justice n’allait sûrement pas avoir du mal à les poursuivre.
Il y a quelques années de cela, un de nos anciens ministres de la Justice, Adama Traoré, a été démis de ses fonctions pour avoir abusé de son autorité sur un mécanicien, chose qui est normale pour servir d’exemple. Le militaire ayant abattu sa copine à Dasssasgho a eu droit à un procès rapide comme toujours pour servir d’exemple. Mais croyez-vous que s’ils étaient fils, frères ou gendres de l’ancien président du Faso un tel scénario serait possible ?
Pourquoi d’autres personnalités soupçonnées ou accusées d’avoir commis des abus, de crimes pires que certains n’ont-ils pas été démis de leurs fonctions ou poursuivies comme cela se doit par la Justice.
C’est toujours bien de (vouloir) donner l’exemple aux autres mais quand cela se fait dans la discrimination il y aura toujours des frustrés et des révoltés.
Tout porte à croire que seules les personnes n’étant pas proches où n’ayant pas de lien de parenté avec les familles présidentielles sont bonnes à jeter en pâture, bonnes à servir d’exemples.
Le Conseil national de transition, en plus de la limitation des mandats présidentiels, du dossier de la séparation de pouvoir entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, devra aussi proposer une loi dans ce sens.
Les magistrats burkinabè sont en bonne voie d’obtenir un président de magistrature issu de leurs propres rangs. Cela donnera sûrement des coudées franches à la Justice pour traiter de tous les dossiers.
Vivement que les constitutionnalistes et législateurs nous suivent dans cette voie et que l’on puisse soumettre la question au Conseil national de transition.
Ginéwendé Roland ZONGO
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