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Michel Kafando : «Nous avons fait office d’exemple»
Publié le mardi 2 decembre 2014  |  Sidwaya
Sénégal
© Présidence par DR
Sénégal : le Président du Faso rencontre la communauté burkinabè
Vendredi 28 novembre 2014. Dakar (Sénégal). A peine arrivé pour participer au 15e Sommet de la Francophonie, le Président du Faso, Michel Kafando, a rencontré la communauté burkinabè vivant au « Pays de la Teranga »




Le président burkinabè, Michel Kafando a, à la fin du XVe Sommet de la Francophonie tenu les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar au Sénégal, dresse le bilan de sa participation. Il se dit satisfait.

Sidwaya (S.) : Que retenez-vous de cette rencontre de Dakar ?

Michel Kafando : (M.K.) : Pour nous, ce sommet a été de bonne facture, non seulement au regard du thème qui portait sur le rôle de la femme et des jeunes dans la sécurité, la paix et le développement, mais aussi, il a été une opportunité pour nous de présenter à tous nos partenaires, le programme de transition que nous sommes en train de mener au Burkina Faso sur les douze mois à venir. Notre participation a été marquée par des rencontres avec nos partenaires. Nous avons rencontré le président Hollande à sa demande, la Banque mondiale, l’Union européenne et au plan bilatéral, un certain nombre de chefs d’Etat. Nous avons été entendu ; beaucoup de gens ont compris la situation et ont décidé de nous apporter leur appui. Nous pouvons dire que nous avons eu une participation très réconfortante et nous pensons que d’ici là, tous ces soutiens se traduiront par des appuis concrets.


S. : Michaelle Jean a été élue Secrétaire générale de l’OIF. Etait-elle le choix du Burkina Faso ?


M.K. : Au départ non, puisque la stratégie consistait à avoir un candidat unique africain. Nous avions en lice quatre candidats venus du Burundi, de l’île Maurice, de la Guinée équatoriale et du Congo. Mais nous ne sommes pas parvenus à un consensus comme nous l’aurions souhaité. Pour la Francophonie et comme d’ailleurs la plupart des organisations internationales, en raison de la multiplicité des participants, il faut éviter d’aller au vote, mais tenter de parvenir à un consensus, pour le choix des responsables qui vont animer ces organisations. Mais faute de mieux, et comme nous n’avions pas un candidat africain consensuel, nous avons opté pour Mme Michaelle Jean. Mais c’est un avantage, car le thème porte sur la femme et c’est une femme qui va diriger l’organisation. Elle est d’origine africaine (Haïti), donc, nos vœux ont été comblés. En tous les cas, nous sommes parvenus à avoir un secrétaire général compétent qui va animer l’organisation, les années à venir.


S. : Au cours de la cérémonie d’ouverture, plusieurs chefs d’Etat ont présenté leurs programmes en faveur des femmes et des jeunes. Qu’en sera-t-il pour ces deux franges de la population au cours de la transition ?


M.K. : J’ai souligné à maintes reprises que le mouvement qui est intervenu au Burkina Faso est le fait des femmes et des jeunes. Nous sommes obligés de tenir compte de ce message et donc, dans le programme que nous entrevoyons, nous aurons certainement des projets qui touchent directement les femmes et les jeunes.


S. : Le sommet, dans ses résolutions, a félicité l’ensemble des acteurs politiques du Burkina et le président Hollande également les a interpellés dans son discours. Quels commentaires sur ces faits ?


M.K. : Nous sommes très satisfaits, c’était notre objectif en venant au Sénégal. Le sommet a compris la position du Burkina Faso et a fait des recommandations à un certain nombre de pays et à certaines organisations internationales qui étaient jusque-là réticents. Lorsqu’il y a une mise en cause de cette nature dans un pays, il va de soi que vous encouriez des sanctions. Au départ, même la CEDEAO était hésitante, le Canada a carrément ordonné des sanctions contre le Burkina Faso. Mais tout cela est aujourd’hui aplani, avec nos explications, les différentes missions qui sont venues au pays, et avec ce que les partenaires eux-mêmes ont constaté, il s’est avéré que la situation au Burkina était particulière. Il faut encourager le pays à aller de l’avant. En nous encourageant, on donne un message à d’autres pays qui étaient sur le point de manipuler leur Constitution. Nous avons fait office d’exemple, nous avons été un point de mire de cette conférence, et en cela, nous sommes très satisfaits.


S. : Quelle a été la substance de votre entretien avec le président français François Hollande ?


M.K. : Dès le début des évènements, le président français a compris qu’il fallait encourager le Burkina Faso, plutôt que de le condamner. Il a réitéré ses encouragements à l’équipe actuelle. Il nous a demandé d’aller dans le sens du programme qui nous a été assigné, et dont l’objectif est d’aboutir à des élections libres et transparentes, afin que nous allions vers une autre période de démocratie affichée. Le président Hollande nous a dit que nous avons toujours la France avec nous, que son pays nous aidera si nous avons des difficultés. Cela nous a beaucoup réconforté.


S. : Le président François Hollande a interpellé dans son discours de ne pas aller aux règlements de compte, alors que dans votre discours de passation de charge, vous avez parlé de «régler les comptes». Comment rendre justice sans pour autant s’adonner aux règlements de compte ?


M.K. : Le règlement de compte dont j’ai parlé se comprend aisément. Nous avons hérité d’une situation désastreuse en termes d’impunité, de manque de sanction et de partialité. Nous avons été appelé par le peuple au regard de cette injustice sociale. Parlant de règlement de compte, nous parlons de tous ceux qui sont redevables à l’Etat, tous ceux qui ont commis des forfaits et qui sont restés impunis, parce que tous les Burkinabè sont égaux devant la loi. Le message des citoyens burkinabè a été clair : plus jamais d’injustice. Il faudra bien que tous ceux qui ont enfreint à la loi, soit par des détournements de deniers publics, par les concussions ou les prévarications, paient. Ce n’est pas une injustice, c’est une réparation.


S. : Vous avez rencontré la communauté burkinabè vivant au SénégaL, qu’est-ce que vous retenez de leurs préoccupations et qu’est-ce qui sera fait pour que cette communauté puisse participer à la transition et au développement du Burkina ?


M.K. : Cette rencontre a permis aux Burkinabè du Sénégal qui n’avaient pas compris le sens profond des évènements, de mieux appréhender la situation. Nous nous sommes évertués à leur expliquer point par point ce qui s’est passé. C’est à nous aussi de leur exprimer ce que nous attendons d’eux. Notre souhait, c’est qu’ils adhèrent au mouvement qui est né au Burkina, qu’ils soient plus patriotes, qu’ils nous accompagnent et qu’ils soient nos messagers au Sénégal. L’équipe de transition a une mission à mener, et si tout le monde nous accompagne, il n’ y a pas de raison qu’au terme des douze mois, nous ne puissions pas présenter le bilan escompté au peuple. Le débat était franc et j’en suis satisfait.


Propos recueillis à Dakar par Assetou BADOH
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