Politique
Yacouba Isaac Zida: «La justice va avoir beaucoup de travail»
Publié le samedi 29 novembre 2014 | FasoZine
© aOuaga.com par G.S
Gouvernement de transition : premier Conseil des ministres de prise de contact Lundi 24 novembre 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel de Kosyam. Les membres du gouvernement de transition se sont retrouvés, au lendemain de leur nomination, pour le premier Conseil des ministres de prise de contact. Photo : Yacouba Isaac Zida, Premier ministre et ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants |
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Le Premier ministre burkinabè, Yacouba Isaac Zida, s’est entretenu dans la soirée du 27 novembre 2015 avec des journalistes de la presse nationale. Un entretien diffusé sur la Radio télévision du Burkina. Le chef du gouvernement a abordé des questions qui tiennent les Burkinabè à cœur. Voici des extraits dignes d’intérêt que Fasozine vous propose.
L’hommage aux martyrs du 30 octobre
« Nous avons déjà pris les dispositions pour l’inhumation des sept derniers corps au cimetière militaire de Gounghin. Au niveau du panthéon, il y aura un mémorial avec l’inscription des noms. Il y a une journée d’hommage, prévue le 4 décembre. Mais la date qui reste à confirmer. Une commission, qui sera mise en place, va réfléchir sur comment réconcilier les Burkinabè et indemniser les victimes ou leurs familles. »
De la cacophonie observée dans l’armée après la démission de Blaise Compaoré
«Le chef de l’Etat-major des armées, le général Honoré Traoré, est un officier digne et responsable. Il a fait une déclaration dans le souci d’éviter un bain de sang. Il avait compris qu’il était possible qu’une partie de l’armée soit utilisée contre le peuple. Malheureusement, 24 heures après avoir fait la déclaration, la situation n’avait pas encore évolué et s’empirait. Nous avons estimé qu’il fallait que nous prenions le devant, compte-tenu du fait que nous avions un certain avantage, celui d’être avec les hommes. Nous sommes sur le terrain avec les hommes, notre prise de position peut encourager les militaires à prendre définitivement le parti du peuple. Et c’est ce que nous avons fait. Et lorsque nous avons fait notre déclaration, le général Honoré Traoré, en toute responsabilité, je le répète, a invité toute la hiérarchie militaire dans son bureau, à l’Etat-major général, et il nous a confié la charge de la transition. Lui, il est resté disponible pour nous accompagner par des conseils et tout ce qu’il pouvait faire pour que cette transition-là réussisse. Il nous a surtout invités à maintenir la cohésion au sein de l’armée. »
Du complot évoqué par Blaise Compaoré depuis Abidjan
«Je n’avais pas connaissance d’un complot. Les choses sont arrivées très vite. Il a fallu décider en l’espace de quelques instants. Nous n’avons pas eu le temps d’ourdir un complot. J’étais membre de la sécurité du président Compaoré et s’il s’agissait d’un complot, pourquoi attendre le 30 octobre ? »
Des relations Zida-Compaoré
« Il n’y avait pas de relations personnelles. Pour moi, le président Compaoré est une institution de la république et en tant que militaire, j’avais la mission d’assurer la sécurité de cette institution. Cela s’arrêtait là.
Du rôle joué par le général Gilbert Diendéré, son supposé mentor
« J’étais tellement occupé à jouer moi-même mon propre rôle que je n’ai pas pu suivre ce que les uns et les autres ont fait. Je pense que le général Gilbert sera disponible à répondre à votre question. (…) J’ai des rapports professionnels avec lui »
Du sort du Régiment de sécurité présidentiel (RSP)
« Nous allons nous attaquer à certaines réformes au sein de l’armée. Ce sont des réformes qui étaient souhaitées d’ailleurs depuis longtemps par un certain nombre de personnels au sein des forces armées nationales, et maintenant par la population. Nous allons revoir quelles missions confier au Régiment de sécurité présidentiel parce que nous n’entendons pas avoir un RSP qui soit là en train de sécuriser un individu. La menace pour le Burkina Faso se trouve au niveau du grand banditisme, le terrorisme. Le RSP, qui dispose d’énormes moyens avec des personnels très qualifiés et très bien formés, peut se voir confier des missions sur toute l’étendue du territoire allant dans ce sens : sécuriser les personnes et les biens. Au regard de ses nouvelles missions, le nom va changer. (…) Tous les militaires ont aujourd’hui le même uniforme. Au RSP, ils portent la tenue terre du Burkina Faso, comme tout les autres militaires. L’ancienne tenue a été déclassée. »
Du dédommagement des entreprises pillées
« Nous allons les soutenir. Nous ne pouvons pas payer au centime près, mais il faut que travaillions à ce que ces personnes ne tombent pas totalement en faillite parce que lorsqu’une usine ferme, ce n’est pas seulement le propriétaire qui est perdant, mais il y a aussi tous ses employés qui vont aller au chômage, il y a toutes ces familles derrière ces employés. Nous pensons qu’il faut maintenir ces outils de production dans l’intérêt de la Nation. »
Possibilité de nationaliser des entreprises
« Il y a des dossiers de crimes économiques qui seront ouverts. S’il s’avère qu’une usine que nous avons indemnisé, que nous avons sauvé appartient à quelqu’un qui avait soutiré l’argent du peuple, nous trouverons les moyens de récupérer l’usine pour qu’elle appartienne à l’Etat. S’il le faut, nous allons nationaliser des entreprises. Ce qui a été construit avec l’argent du peuple doit revenir au peuple. Nous allons chercher l’argent où il se trouve. »
La justice va avoir beaucoup de travail
« Il y a des noms qui ont été cités dans les différents rapports de l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat, NDLR) et de la Cour des comptes. Il faut que la justice se saisisse de cela. Nous pensons qu’aujourd’hui, il faut ressortir tout ces rapports-là. Que les personnes dont les noms ont été cités soient appelées à s’expliquer. Je pense que la justice va avoir beaucoup de travail. La justice a un rôle fondamental à jouer dans cette transition. Nous allons travailler à ce que les dossiers soient ouverts, qu’il y a déjà une bonne partie qui soit déjà jugée pendant la transition. »
Le Burkina Faso pourrait demander l’extradition de Blaise Compaoré
« Si au niveau de la justice il y a une plainte déposée contre le président Compaoré, je pense que nous allons demander au Maroc, bien qu’il y a pas d’accord d’extradition entre nos deux pays, de mettre le président Compaoré à la disposition de la justice burkinabè. (…) Il faut que se soit les juges qui saisissent de ce dossier-là. Ce n’est pas nous qui devons gérer cela. »
DTS
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