Politique
Francophonie : qui pour chausser les bottes du géant Diouf ?
Publié le vendredi 28 novembre 2014 | L`Observateur Paalga
© Présidence par DR
Le Président du Faso, SEM Blaise Compaoré, reçoit le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Monsieur Abdou Diouf. Dimanche 2 mars 2014. Ouagadougou. Photo : le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Monsieur Abdou Diouf |
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L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui tient son XVe Sommet les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar au Sénégal, doit trouver un successeur à son secrétaire général, Abdou Diouf, en poste depuis douze ans. Mais à 48 heures de l’ouverture, aucun consensus n’avait encore été trouvé entre les quatre prétendants.
Puisqu’à chaque conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage il faut un thème général, à Dakar, il sera question de «femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement» ; cela en raison du poids démographique de cette frange dans les pays membres, où les jeunes de moins de trente- cinq ans représentent parfois jusqu’à 75-80% de la population, comme c’est le cas au Burundi, au Mali et au Tchad, contre 50-60% au Bénin, au Burkina, au Cameroun, etc. Cette thématique générale sera déclinée sous différents aspects, de l’accès à l’éducation à la fracture numérique en passant par le chômage endémique, le mariage ou le VIH/SIDA.
Un sommet comme celui-là, c’est un mélange de grands et beaux discours, de belles résolutions, même si ceux-ci ont souvent des difficultés à changer le quotidien des petites gens de Gueule-Tapé, de Guédiawaye ou des vendeurs à la sauvette du centre-ville qui savent à peine qu’une rencontre de cette importance se tient près de chez eux. Il est vrai que si on excepte quelques manifestations environnementales tels «le village de la francophonie» au Grand Théâtre national Daniel Sorano ou l’exposition photo «lumières d’Afrique» au monument de la Renaissance africaine, aux Mamelles à Ouakam, l’essentiel des travaux de ce jamboree francophone se tient loin du tumulte de Dakar.
C’est en effet au Centre international de conférences de Diamniado (CICD), à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise, que la quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement annoncés vont se réunir. Le CICD, c’est, dit-on ici, le premier «bâtiment intelligent» du pays de la Téranga et autour duquel émergera au fur et à mesure une ville nouvelle toute écolo.
A chaque sommet sa polémique ? Il semble dit en tout cas qu’aucun n’y échappera. Il y a deux ans à Kinshasa, c’était même l’opportunité de tenir la rencontre dans un pays où des élections passablement truquées venaient d’avoir lieu et où les droits de l’homme étaient plutôt malmenés. Et on se rappelle comment le président français François Hollande avait quelque peu snobé son homologue Joseph Kabila. Le pays de Senghor, un des pères fondateurs de la Francophonie, étant une démocratie éprouvée et une terre de liberté, c’est tout autre chose qui vient parasiter la grand-messe (ou le grand magal si vous voulez) francophone. Ainsi, du contre-sommet projeté par Malick Noël Seck, leader du Front national de salut public, pour qui l’OIF n’est qu’un instrument néocolonial de la Françafrique ; des Mémoires d’Abdou Diouf qui viennent troubler un marigot politique sénégalais assez calme ces temps-ci, menaçant ainsi de nuire à la communication même du sommet ; ou de la lettre de Karim Wade écrite depuis sa prison de Reubeuss pour critiquer les autorités sénégalaises et l’acharnement politicien dont il serait victime de leur part.
Ainsi vont les rencontres de ce genre qui sont aussi, à côté de l’atmosphère aseptisée des huisclos présidentiels, des tribunes pour se faire entendre ou défendre toutes sortes de causes.
Michaelle Jean ?
En fait, au-delà des sujets généraux ou d’actualité dont elle aura à connaître, en retournant à Dakar 25 ans après son premier passage en 1989, l’Organisation internationale de la Francophonie vient dire adieu sur ses terres à son secrétaire général Abdou Diouf à qui un vibrant hommage va être rendu. A 79 ans, le fils du pays, après douze années à la tête de l’organisation à laquelle il aura contribué à donner une voix dans le concert des nations, se retire de la vie publique
Reste maintenant, pour les chefs de délégations, à trouver celui ou celle qui portera les bottes de ce géant, dans tous les sens du terme. Quatre personnalités, dont trois africaines, on le sait, se disputent à fleuret moucheté, sa succession : le Burundais Jean-Pierre Buyoya, le Congolais (de Brazzaville) Henri Lopès, le Mauricien Jean-Claude de l’Estrac et la Canadienne Michaelle Jean. Chacun avec ses atouts et ses faiblesses. Dans les coulisses, certaines estiment que ça pourrait se jouer entre les deux derniers cités, avec un certain avantage pour la dernière qui mène jusque-là la course ; forte du fait qu’elle est du sexe faible, Haïtienne d’origine et Française par son mariage avec le cinéaste et philosophe Jean Daniel Lafond, elle serait une sorte de pont naturel entre pays du Nord et du Sud.
Mais il n’est pas exclu qu’in limine litis l’un ou l’autre jettent l’éponge et qu’un consensus soit trouvé sur un nom pour sauver le sacro-saint principe cher à l’OIF qui ne voudrait pas se déchirer pour choisir son premier responsable. Réponse d’ici dimanche.
De Dakar,
Ousséni Ilboudo
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