Politique
Hier majoritaire, aujourd’hui minoritaire
Publié le vendredi 28 novembre 2014 | L`Observateur Paalga
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Cher Wambi,
L’attente aura duré quatre jours ; car nommé Premier ministre du gouvernement de transition le 19 novembre 2014 par le président Michel Kafando, c’est dans la soirée du dimanche 23 novembre que le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a, enfin, décliné la composition de sa nouvelle équipe, forte de 26 membres, soit 21 hommes et 5 femmes.
Autres observations dignes d’intérêt, cher cousin, si Michel Kafando, cumulativement avec ses fonctions de président du Faso, garde sous sa coupe le porte-feuille des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, conserve, lui, le maroquin de la Défense nationale et des Anciens Combattants. L’on croyait la locomotive de la renaissance ainsi prête à affronter le défi de la transition, c’était sans compter avec le vent de la contestation qui refuse de s’estomper.
Première victime, cher Wambi, Adama Sagnon, contraint à la démission deux jours seulement après qu’il a été porté aux commandes de la Culture et du Tourisme.
Last but not least, sur ce gouvernement Zida, l’on ne pourra s’empêcher de voir l’ombre tutélaire de certains acteurs de la scène politique nationale qui ne sont plus malheureusement de ce monde planer sur certains membres.
A commencer par celle de feu Aimé Nikièma (SG du SYNTER ; membre du MBDHP et de l’UIDH, ou encore du PCRV) sur le ministre de la Communication chargé des relations avec le Conseil national de transition, porte-parole du gouvernement, T. Frédéric A. K. Nikièma, dont il est le géniteur.
Ou encore, celle de feu Henri Guissou (député au palais Bourbon et auteur de la Loi du 4 septembre 1947 rétablissant la Haute-Volta dans ses frontières) planer sur sa fille Joséphine Ouédraogo, ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, garde des Sceaux, brue de Mamoudou Ouédraogo, lui aussi ancien député au palais Bourbon, puisque père de son époux Idrissa Ouédraogo, dit Ngolo, ancien directeur du protocole d’Etat sous le régime du président Aboubacar Sangoulé Lamizana.
Enfin et enfin, cher Wambi, Michel Kafando, le président du Faso himself, gendre de Nazi Boni (ancien député au palais Bourbon lui aussi) dont il a épousé en premier lit la fille Déborah qui n’est plus, hélas, de ce monde non plus.
Le gouvernement de transition mis en place, cher cousin, il ne restait maintenant que l’installation du Conseil national de transition (CNT).
C’est chose faite depuis ce jeudi 27 novembre 2014 qui a enregistré sa première session. Mais qui sont-ils, les membres de cette nouvelle assemblée ?
Pas de doute que tu as déjà pris connaissance de la composition des représentants de l’opposition politique, des organisations de la société civile et des Forces de défense et de sécurité, abondamment relayée par la presse nationale.
Mais quid de ceux des autres partis politiques, pour ne pas dire des représentants de l’ex-majorité présidentielle ?
C’est désormais un secret de polichinelle, puisque leur liste a elle aussi été rendue publique, et je t’en propose ci-après la composition :
Dabo Amadou (UNDD) ;
Séré Adama (RDEBF) ;
Konseimbo/Kabré Andréa Laurentine (L’Autre Burkina/PSR) ;
Bouda Boubacar (CDP)
Drabo/Kanyoulou Joséphine (ADF/RDA) ;
Ouédraogo François Denis (CFD/B) ;
Kabré Saïdou (UPR) ;
Diabaté Amadou (RDB) ;
Sawadogo W. Raoul (ODT) ;
Louré Awa (RSR).
Hier seulement donc de la majorité présidentielle, l’heure a-t-elle sonné pour eux de jouer désormais le rôle de chef de file de l’opposition ?
Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci-après le carnet secret, reste bouche cousue :
- Que d’orphelins du régime de Blaise Compaoré, en rupture de ban avec le peuple il y a seulement un mois, se cherchent toujours une adresse !
Si les plus emblématiques se recrutent dans l’entourage de François Compaoré, pour ne pas dire du «petit prési», beaucoup d’autres seront entrés dans l’histoire pour y avoir joué aux griots à la perfection.
Dont Fanta Sogoré, «autre Première Dame» officiant sur les bords du Houet qui en paiera le plus lourd tribut quand fut déclenchée la chasse aux sorcières. A tort ou à raison.
Voilà qui n’est pas sans rappeler cette autre anecdote datant du règne de Maurice Yaméogo.
Elle s’appelait, elle, Mme Kaboré qui fit voir de toutes les couleurs aux Bobolais quand son mari, Arthur Kaboré, fut nommé Substitut du président de la République.
Tant et si bien que quand survint le soulèvement du 3 janvier 1966, malienne de nationalité, elle réussit l’exploit de franchir la frontière avant l’aube pour éviter la sanction populaire.
Hélas, l’histoire n’a point servi et voilà aujourd’hui des Burkinabè, jadis hors catégorie, obligés de se terrer dès le lever du soleil.
- Les événements des 30 et 31 octobre 2014 continuent d’alimenter la chronique, et chacun y va de son commentaire sur les dernières heures du régime Compaoré et l’arrivée du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida qui a disputé le pouvoir au chef d’état-major des armées, le général Honoré Traoré, avant de l’emporter. Plus les jours s’écoulent, plus un coin du voile se lève sur les différentes tractations avant l’avènement de l’ex-numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Selon certaines sources, lorsque le 30 octobre, le général Honoré Traoré a fait une déclaration annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement ainsi que la mise en place d’un organe de transition, le président du Faso, Blaise Compaoré, a perçu cela comme un acte de trahison de la part de son chef d’état-major. C’est ainsi qu’il aurait décidé de prendre les choses en main en décrétant l’état de siège pour signifier qu’il reste maître à bord et entend poursuivre son mandat jusqu’au bout avant de céder son fauteuil à un président démocratiquement élu. Or, selon une autre source, le général
Traoré entendait consulter l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile afin de voir dans quelle mesure l’ex-chef d’Etat pouvait achever son mandat. C’est face à ses tergiversations et au regard de la pression de la rue que Zida serait entré en action pour lui ravir la vedette après la démission de Compaoré, d’autant plus que le rapport des forces était à son avantage. Dans tous les cas, on en saura chaque jour davantage sur cette page historique de notre pays.
- Maintenant que le système Blaise Compaoré n’est plus d’actualité, ceux qui n'avaient pas le courage d'en dénoncer les tares s'en donnent maintenant à cœur joie : on apprend ainsi que la Régie administrative chargée de la gestion de l'assistance en escale (RACGAE), dirigée depuis septembre 2013 par Adama Zongo, président de la FEDAP/BC, était devenue la caverne d'Ali Baba de cette association groupusculaire ;
en effet, avant l'insurrection populaire de fin octobre, le Comité
de gestion, qui est en fait l'équivalent d'un Conseil d'administration des sociétés d'Etat, se penchait sur un redéploiement efficient du personnel avec en toile de fond le recyclage de certains agents et l'examen du contrat de travail à durée déterminée pour que les plus anciens puissent bénéficier d'un contrat de travail à durée indéterminée. Mais M. Zongo, le superviseur général, premier responsable, faisant fi de cette approche judicieuse, procéda à un vaste recrutement de personnel qui, nul doute, constituait le socle des activistes de la FEDABC (Fédération des amis de Blaise Compaoré). Avec de telles pratiques, l'on doit comprendre que la dépolitisation de l'Administration doit vraiment être une priorité pour les nouvelles autorités.
C'est dans cette dynamique de recrutement massif qu'il créa une agence de voyage et de tourisme de catégorie A dénommée «RACGAE SERVICES» par arrêté ministériel du 12 avril 2014. Là où le bât blesse, c'est que les locaux et les équipements de dernière génération acquis l'ont été aux frais de la RACGAE. Le personnel recruté ou redéployé est aussi payé par la RACGAE. Et son propriétaire ne serait autre que le «grand» Adama Zongo. En sus, certaines pratiques laisseraient perplexes telles la réorganisation de la RACGAE au mépris des textes existants et la nomination d'agents acquis, l'achat de matériel neuf à plus de 2 000 000 000 FCFA sans appel d'offre ou encore le gel du crédit (3 000 000 000 FCFA) contracté auprès de l'Etat par la RACGAE en 2011.
Sans faire dans la délation, Luc Marius Ibriga, qui vient d'être nommé Contrôleur général d'Etat, gagnerait à jeter un œil du côté de la racaille de la RACGAE.
- Les associations islamiques de Bobo-Dioulasso ne sont pas contentes, et elles l’expriment haut et fort, à travers cette correspondance adressée au gouverneur de la région des Hauts-Bassins.
En cause, l’égalité de traitement dans la représentativité entre chrétiens et musulmans dans le cadre de la mise en place des délégations spéciales.
«Les Associations islamiques de la région des Hauts-Bassins ont appris dans les colonnes des journaux que, dans le cadre de la mise en place des délégations spéciales pour la gestion et l'administration des communes, trois places sont réservées aux
religieux sans attendre l'attribution de ces places aux destinataires, elles présagent déjà qu'il s'agit là du retour à l'ancienne formule (trilogie) Musulmans, Protestants, Catholiques, source d'injustice à l'endroit des musulmans.
Elles avaient pourtant dénoncé cette pratique avec arguments à l'appui lors des différentes sessions du Cadre de concertation pour les réformes politiques (CCRF) et des rencontres concernant les religieux. l'Administration à l'époque et même certains chrétiens ont reconnu le bien-fondé de la réclamation,
En rappel, les musulmans ont à l'occasion adressé des correspondances au ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation et au ministre chargé des Réformes politiques, C'est ainsi que, lors du forum sur la laïcité et l'atelier sur l'examen de l’avant-projet de loi sur les conditions d'érection des lieux de culte pour ne citer que ceux-ci, musulmans et chrétiens étaient représentés de façon égalitaire.
Par conséquent nous demandons que lorsqu'il s'agit des religieux, la formule Musulman, Chrétien soit retenue en lieu et place de la trilogie musulman, catholique et protestant. Cette formule a l'avantage d'être objective et juste sachant compter sur votre engagement pour l’édification d'une administration moderne fondée sur les principes de neutralité, d'impartialité, d'objectivité et d'égalité de traitement, elles vous prient de recevoir l'expression de leur très haute considération.
Fait à Bobo-Dioulasso, le 25 novembre 2014
Ont signé :
- La Communauté musulmane
- L’Association islamique de la Tidiania
- Le Collectif des associations islamiques des jeunes
- Le Mouvement sunnite
- Le Mouvement Ancar-Dine
- L’AEEME
- Coordination islamique des associations féminines.
- On parle de conséquences politiques, économiques et sociales de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre sur la vie des Burkinabè, mais on n’a pas idée de ses répercussions sur la vie sportive, notamment le football. On le sait, des clubs comme l’EFO ou l’ASFA-Y sont gérés par des personnalités politiques pour la plupart. Et en cette période où l’ex-majorité rase les murs, la vie est devenue dure dans ses deux formations.
A l’EFO, le problème est vraiment criard. Tenez : le coach du club, Allou Badra Diallo, était pris en charge par l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Salif Kaboré. Depuis son départ, la situation du technicien est devenue précaire.
Au sein du club stelliste, les joueurs ne savent plus à quels dirigeants se vouer. Si quatre sociétaires se demandent quand est-ce qu’ils percevront leurs primes de signature, le pire est que depuis 3 mois, l’ensemble des joueurs est sans salaire. Et jusque-là, rien ne donne l’impression que la situation va s’arranger. Et là, on ne parle même pas de primes de matches, malgré les 3 victoires réalisées en 5 matchs, dont les plus honorifiques sont les succès sur la rivale de tous les temps, l’ASFA-Y (1-0) et sur le RCB (4-1).
Il y a même que le bus du club est sur cale, et les athlètes sont obligés de se remorquer à deux sur des motos pour se rendre aussi sur bien le terrain d’entraînement qu’au stade pour les matches, s’ils ont encore du carburant ! Cette situation avait contraint les joueurs à observer un mouvement d’humeur en séchant la séance d’entraînement du lundi 24 novembre dernier. Ils pouvaient comprendre la délicatesse dans laquelle se trouve le club, mais ils se sentent abandonnés à eux-mêmes d’autant qu’aucun dirigeant ne passe pour s’enquérir ne serait-ce que de leur état d’esprit ou les encourager. Pourtant la campagne africaine sonnera à la porte de la reine des stades d’ici peu. Autant dire que le club va à l’abattoir si rien n’est fait.
Chez la rivale attitrée, l’ASFA-Yennenga, le sort n’est pas non plus enviable. C’est vrai que chez les Jaune et Vert, il y a un léger mieux, car les primes de signature des joueurs dont les contrats ont été renouvelés sont payées. Cependant, il reste à éponger le retard sur les salaires et aussi les primes des joueurs libérés.
C’est le lieu d’appeler les dirigeants et les supporters de voler au secours de leur club, qui se meurent à petit feu.
- Depuis la semaine dernière, les bureaux des maires et les locaux de certaines mairies sont mis sous scellés suite à un ordre venant de la capitale. Cette décision fait suite à la dissolution des conseils régionaux et municipaux signée par le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida. Les forces de l’ordre (police et gendarmerie) ont pris de ce fait d’assaut dès 9h les locaux des conseillers régionaux et municipaux à la recherche des clés des bureaux du président du conseil régional ou du maire, vidant les occupants des lieux. N’aurait-il pas fallu tout d’abord faire un bilan de la brève échéance des maires afin de mieux préparer les conseils à venir en 2015 ? Un rapport financier et matériel, la situation des projets inachevés, les projets en instance de démarrage…
Cette dissolution des conseils régionaux et municipaux engendre d’importantes pertes financières qui se chiffrent en milliards de francs CFA pour les communes rurales du Burkina.
Depuis l’avènement du processus de décentralisation entamé en 2006 pour les communes rurales, d’importants programmes négociés par l’Etat accompagnaient financièrement les communes rurales : PNGT II, Programme de croissance économique dans le secteur agricole (PCESA), Fonds permanent pour le développement des collectivités territoriales,… les domaines prioritaires de l’eau, de l’assainissement, de l’éducation, de l’alphabétisation, de l’agriculture, de l’environnement,… bénéficiaient annuellement de l’appui financier de ces différents programmes. A-t-on réellement mesuré la portée de la décision de dissolution des conseils régionaux et municipaux ? En attendant, c’est le blocage total des financements.
- La communauté protestante sera en fête ce samedi. En effet elle célèbre la dédicace de sa nouvelle version de la Bible en mooré. En rappel, la Bible protestante version mooré fut publiée en 1983 par les soins de l’Alliance biblique du Burkina Faso. Cette Bible fut présentée avec une orthographe de mooré francisée.
En 1991, le travail de révision a commencé, et par la suite le Nouveau Testament a pu être finalisé et publié en 1995. On vient de boucler la nouvelle traduction de ce livre saint dans son entièreté. La cérémonie de dédicace de la nouvelle version de la Bible en mooré se tiendra le samedi 29 novembre 2014 à 9 heures au site du 75e anniversaire de l’Eglise des Assemblées de Dieu sous la présidence du Président de la Fédération des églises et missions évangéliques, le Pasteur Samuel Yaméogo, et le parrainage du Président du Conseil des Assemblées de Dieu, le Pasteur Michel Ouédraogo.
- Le différend qui opposait depuis 2011 la BCEAO à certains de ses ex-travailleurs, et dont écho avait été fait dans L’Observateur paalga du 21 mars 2014, a connu son dénouement - sauf rebondissement - le 15 octobre dernier. En effet, le tribunal qui connaissait de l'affaire a condamné l'institution financière à payer aux 36 ex-agents, outre les indemnités de licenciement, celles compensatrices de préavis et de congés payés, des dommages et intérêts, ayant jugé leurs licenciements abusifs. C'est au total entre 900 000 FCFA et deux millions, avec une avance immédiate de 600 000 FCFA, que percevra chacun des licenciés au regard de leur ancienneté.
Par ailleurs, ils devraient être déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale au regard de leur date d'embauche jusqu'au 31 mars 2009, fin de leur contrat.
- On le sait, cette année, c'est Dédougou qui abrite la traditionnelle fête du 11-Décembre. Un événement devenu tournant ces dernières années afin que toutes les régions puissent bénéficier de ses retombées.
La situation nationale des dernières semaines oblige, des réaménagements ont été opérés dans le cérémonial, avec notamment la suppression de certaines choses comme la parade aérienne et l'allègement d'autres comme le défilé des composantes sociales. Un 11-Décembre au rabais donc pour certaines mauvaises langues mais jugé plutôt réaliste par la plupart des forces vives de la région, convoquées en début de semaine pour en être informées. L'essentiel est que la manifestation se déroule dans l'allégresse.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.
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