Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a présidé l’ouverture des travaux des premières assises nationales sur la corruption, le 19 décembre 2012 à Ouagadougou. Pendant trois jours, les participants établiront le diagnostic de la corruption au Burkina, en vue de formuler des recommandations et des actions fortes pour une lutte efficace et efficiente contre le fléau.
« Lutte contre la corruption au Burkina Faso : quelles actions fortes et concrètes pour des avancées décisives ? » C’est sur cette thématique que les 650 participants aux assises nationales sur la corruption, porteront la réflexion, à travers plénières et groupes de travail. Et cela, en vue d’établir le diagnostic de la corruption et de formuler des recommandations et des actions fortes pour une lutte plus efficace contre le phénomène. De façon spécifique, il s’agit d’identifier toutes les formes et manifestations de la corruption sévissant au Burkina Faso ainsi que ses secteurs de prédilection, d’analyser les différents facteurs favorisant la propagation du fléau, de recueillir les points de vue de toutes les composantes de la société et mutualiser les différents stratégies et moyens de lutte.
Mais aussi de sensibiliser les participants aux causes et aux conséquences de la corruption pour la société et le développement, de rédiger un rapport de synthèse sanctionnant les travaux des assises… Pour le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, qui avait personnellement demandé l’organisation de ces assises avant la fin de l’année 2012, lors de sa visite à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE), le 13 septembre dernier, l’aboutissement du projet constitue, déjà, un motif de satisfaction.
Les quatre piliers anti-corruption de Luc Adolphe Tiao
Le chef du gouvernement perçoit la corruption comme une carence de la gouvernance, autrement dit, le résultat d’un dysfonctionnement des institutions de l’Etat dû au non-respect des normes, à des valeurs d’éthique à l’intérieur et à l’extérieur de ces institutions. De son avis, la lutte contre la corruption doit reposer sur quatre piliers essentiels. Il s’agit de disposer de textes législatifs et réglementaires clairs pour prévenir et réprimer la corruption. Cela, a-t-il ajouté, nécessite une relecture des textes existants pour les rendre plus cohérents et plus adaptés au contexte du Burkina. Le deuxième pilier made in Tiao consiste à renforcer l’indépendance et les capacités des institutions de contrôle qui doivent être à même d’exécuter efficacement leurs missions.
De même, le Premier ministre pense qu’il faut s’appuyer sur une justice compétente, efficace et indépendante, dotée de moyens conséquents pour instruire dans les délais raisonnables, les dossiers de crimes économiques. A ce sujet, il a invité le ministre de la Justice à créer rapidement un pool judiciaire spécialisé en matière de crimes économiques et financiers. Le quatrième pilier entend mettre l’accent sur la sensibilisation et l’éducation pour un changement de comportement des acteurs de la corruption et des populations.
Luc Adolphe Tiao a aussi indiqué que la qualité de la gouvernance a toujours occupé une place de choix dans les politiques publiques au Burkina. Et de rappeler la création de l’ASCE, de la Cour des comptes et de l’Inspection des finances qui concourent à la bonne gouvernance. A côté de ces institutions étatiques, la société civile, à l’instar du REN-LAC, participe activement à la lutte contre la corruption, a reconnu le Premier ministre.
Pour lui, l’ensemble de ces actions, combinées à une bonne gestion macroéconomique et financière telle que recommandée par les institutions internationales compétentes, a permis au Burkina de réaliser des progrès en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Pour preuve, M. Tiao a évoqué le dernier rapport de l’ONG Transparency International qui classe le Burkina à la 83e place au rang mondial en matière de lutte contre la corruption, alors qu’en 2011, « le pays des Hommes intègres » occupait la 100e place. Rapporté à l’Afrique (parlant du rapport 2012), le Burkina occupe la première place dans l’espace UEMOA, la 4e de la CEDEAO et la première de l’Afrique francophone. « Ces résultats, aussi encourageants soient-ils, ne doivent pas nous amener à baisser les bras, car notre ambition est d’améliorer, chaque année, notre performance en matière de bonne gouvernance. D’où, tout l’intérêt que le gouvernement accorde aux présentes assises », a déclaré le Premier ministre. Pour sa part, le contrôleur général d’Etat, Henri Bruno Bessin, a souhaité « ardemment » que sortent de ces assises, des propositions qui puissent renforcer l’engagement de tous, dans la lutte contre la corruption, dans un contexte où les attentes des populations vis-à-vis de la lutte contre l’impunité sont très fortes.