Politique
Burkina Faso : Isaac Zida, toujours en première ligne
Publié le mardi 25 novembre 2014 | Jeune Afrique
© aOuaga.com par G.S
Gouvernement de transition : premier Conseil des ministres de prise de contact Lundi 24 novembre 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel de Kosyam. Les membres du gouvernement de transition se sont retrouvés, au lendemain de leur nomination, pour le premier Conseil des ministres de prise de contact |
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Peut-être le puissant général Diendéré tire-t-il des ficelles en coulisses. Mais le 31 octobre, c'est bien le lieutenant-colonel Zida qui a remplacé Compaoré au sommet de l'État, avant d'être nommé Premier ministre par le président de la transition, Michel Kafando.
Quand il a vu cette masse en treillis équipée d'une discrète paire de lunettes et de fines bacchantes s'adresser à la foule, le 31 octobre, et annoncer la démission de Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré a d'abord été surpris. "C'est qui celui-là ?" s'est-il demandé.
Ce jour-là, l'ancien dauphin putatif de Compaoré passé à l'opposition n'est pas le seul, parmi les milliers de Burkinabè venus réclamer la tête du président, à s'interroger. Certains croient apercevoir le général à la retraite Kouamé Lougué, furtivement plébiscité la veille. D'autres pensent qu'il s'agit du général Honoré Nabéré Traoré, le chef d'état-major. Smockey, lui, se dit que l'homme qu'il a aidé à fendre la foule et qu'il côtoie maintenant sur une estrade improvisée n'est qu'un porte-parole parmi d'autres de l'armée. "Personne ne le connaissait", assure le leader du Balai citoyen.
Quelques heures après ce pronunciamiento, et alors qu'une sourde bataille se jouait en coulisses pour le contrôle de l'armée, l'inconnu de la place de la Nation, vite rebaptisée place de la Révolution, s'adressait à son peuple, via le petit écran, en tant que nouvel homme fort du pays. Avant d'être nommé Premier ministre le 19 novembre et de former le gouvernement de la transition, Yacouba Isaac Zida signait d'un "chef de l'État" ses décrets et communiqués, et se faisait annoncer en tant que "monsieur le président du Faso" lorsqu'il pénètrait dans une salle.
Un inconnu, Zida ? Pour le grand public, oui. Mais contrairement aux putschistes de sinistre mémoire les plus récents, il n'était pas un capitaine sans prérogatives ni avenir avant sa prise du pouvoir. En tant que numéro deux du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne du président, il était un pion majeur du régime Compaoré. "Il avait toute la confiance du président", assure-t-on dans l'entourage de ce dernier, tout en ajoutant qu'il l'a toujours...
Un militaire, un vrai
Ceux qui avaient l'habitude de partager le même avion que Compaoré lors de voyages officiels se souviennent de lui, mais sont incapables d'en parler plus de deux minutes. "Il s'occupait de la sécurité du président. Il était toujours là. Mais ce n'est pas le genre de militaire à qui l'on parle", explique l'un d'eux. Même les officiers burkinabè les plus aguerris disent très mal le connaître. Il serait "calme", "serein", "courageux" et "sans ambitions". Ce serait, selon un proche de Compaoré, "un bon gars", "un militaire, un vrai" - quoique d'autres évoquent "des actes d'indiscipline".
Le mieux placé pour en parler n'a jamais été un grand bavard - et l'est encore moins ces temps-ci. Le général Gilbert Diendéré, l'homme clé du régime déchu, l'ex-chef d'état-major particulier de Compaoré, le patron du RSP, que l'on soupçonne d'être aujourd'hui le vrai boss du pays, est considéré par plusieurs sources comme le "père militaire" de Zida. C'est lui, dit-on, qui l'a fait entrer au RSP, qui lui a confié les missions les plus délicates, et qui l'a fait chef de corps adjoint. C'est aussi lui qui, le 30 octobre, en pleine insurrection, l'a dépêché auprès de l'état-major de l'armée pour calmer certaines ardeurs et montrer les muscles du RSP. Lui qui, le lendemain, lui a demandé d'y retourner, d'y annoncer la démission de Compaoré et de prendre le contrôle de la "junte".
Tous deux sont des Mossis de la région de Yako, une ville située à mi-distance entre Ouagadougou et la frontière malienne. Diendéré est né à Song-Naba, Zida à Gomponsom, un chef-lieu de commune.
Sa carrière dans l'armée, Zida la doit non pas à son père (un petit commerçant musulman qui a eu plusieurs femmes et de nombreux enfants), mais à l'un de ses instituteurs qui l'a pris en affection et qui, lors de son affectation loin de Yako, l'a emmené avec lui avant de le faire entrer, à l'âge de 12 ans, au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK). Huit ans plus tard, c'est la révolution. Le PMK est dissous. Zida ne parle pas politique avec ses copains et s'est converti (seul) au protestantisme. Il poursuit ses études dans un lycée public, puis à l'université, où il étudie l'anglais. ... suite de l'article sur Jeune Afrique
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