Politique
Demission de Blaise Compaore : serment tenu par Yamba Malick Sawadogo
Publié le mardi 25 novembre 2014 | Le Pays
© Présidence par DR
Blaise COMPAORE et quatre de ses pairs créent le G5 pour le Sahel Dimanche 16 février 2014 à Nouakchott. Le Président du Faso, M. Blaise COMPAORE, a pris part à un sommet des chefs d’Etat sur le Sahel. Photo : le Président du Faso, Blaise COMPAORE |
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Ceci est le point de vue de Yamba Malick Sawadogo. Il se félicite du départ forcé de Blaise Compaoré du pouvoir, suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers. Pour lui, l’arrestation et la comparution de Blaise Compaoré devant les tribunaux n’est qu’une question de temps.
Le jeudi 15 octobre 1987, aux environs de minuit, devant le forfait que venait de commettre Blaise Compaoré, je prenais un engagement devant le corps de Thomas Sankara, transporté avec les corps de douze autres de ses compagnons au cimetière de Dagnoin, en ces termes: «En cet instant précis, tu sais que depuis six (06) mois je ne suis pas libre de mes mouvements, Blaise ayant décidé de mettre en lieu sûr tout camarade qu’il suspecte d’être proche de toi, mais peut-être Dieu a-t-il voulu que je sois témoin de cette horreur, mais je prends l’engagement ici et maintenant de te venger par tous les moyens.»
Le 15 octobre 2000, avec d’autres camarades, je renouvelais, au cimetière de Dagnoin, cet engagement en ces termes : « Camarades, en ce jour solennel du 15 octobre, au nom des camarades sankaristes du Burkina Faso et d’ailleurs, nous, ici présents:
Proclamons notre fidélité aux idéaux de vérité, de liberté, d’intégrité, de solidarité, de justice et de paix défendus au prix de sa vie par le président Thomas Sankara.
Appelons à une alliance de tous ceux qui partagent ces valeurs qui ont fondé le Sankarisme et en sont les sèves vivifiantes.
Nous nous engageons à œuvrer activement avec détermination à une unité combattante de toutes les bonnes volontés et à la renaissance du Sankarisme, pour le plus grand bonheur du genre humain, au Burkina Faso, en Afrique et à travers le monde. La Patrie ou la mort, nous vaincrons! »
Le 04 juin 2002, sur la tombe de Thomas Sankara, avec deux autres camarades députés UNIR/MS, nous prêtions le serment suivant:
« Devant les vivants et devant les morts, je m’engage:
à mériter du peuple en méritant de ton nom,
A me sacrifier pour lui comme tu l’as fait pour tous,
à placer mon mandat sous le sceau de l’idéal,
un idéal de vérité et de justice,
pour faire du Burkina Faso, une terre de liberté, de dignité et de paix, la patrie des Hommes intègres.
Que Dieu me donne la force, le courage et la foi de mon serment. »
Ainsi, depuis 27 ans, je fais de mon mieux pour être de toutes les luttes de libération, souvent au risque de ma vie.
Le jeudi 30 octobre 2014, Dieu exauça mes prières.
En effet, très tôt le matin, le peuple s’est mis debout comme un seul homme pour dire « trop c’est trop », et chasser Blaise Compaoré.
Aussi, je remercie Dieu, de m’avoir donné tous les moyens (physique, moral, mental, matériel…) pour l’accomplissement de mon engagement d’une part, et d’autre part assister physiquement à la fuite de Blaise Compaoré.
A cet effet, je voudrais rendre un vibrant hommage à la famille de Thomas Sankara et à celle de ses compagnons, pour leur résistance dans l’honneur et dans la dignité, durant 27 ans, face à la dictature du régime de Blaise Compaoré.
Je remercie toute ma famille, particulièrement mon épouse et mes enfants qui m’ont soutenu activement jour et nuit, malgré les différentes souffrances qu’ils ont endurées du fait de mon choix.
Mon dernier enfant, né en 1996, en mémoire de Thomas Sankara, porte le nom Pawanyimdi qui signifie « ce n’est pas ça qu’on oublie» rappelant ainsi à tout moment mon serment.
Je remercie les camarades de lutte notamment ceux de l’ex- Bloc socialiste burkinabè (BSB) dirigé à l’époque par le camarade Nongma Ernest Ouédraogo, de l’UNIR/MS, du CFOP, les animateurs de la CFD, du G14, du collectif, les camarades militantes et militants sankaristes de tous bords pour la bonne collaboration, malgré certaines incompréhensions qui intervenaient de temps à autre.
Je me permets de saluer la complicité entre certains camarades et moi qui a contribué au rayonnement du parti sankariste, le premier à gérer le Chef de file de l’opposition politique. Il s’agit notamment de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, Dr Dera Adama, Bouda Athanase, Traoré Sanley Ladji et bien d’autres camarades.
Je n’oublie pas de saluer la mémoire de mon camarade Sienou Harissou, décédé le 07.12.2007, de notre doyen de référence, Hama Arba Diallo, celle du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons, des élèves de Garango, de l’élève Flavien Nébié, du juge Salifou Nebié ainsi que celle de la longue liste des victimes de la barbarie du régime de Blaise Compaoré. Paix à leurs âmes.
Je remercie toute la population de la région du Centre qui m’a fait confiance en m’octroyant deux mandats à l’Assemblée nationale (2002-2012).
Je remercie tous les habitants, les amis et les voisins du secteur 19 (Somgandé) et l’ensemble de l’arrondissement 4 pour leurs soutiens multiformes.
Je loue la loyauté et la confiance dont j’ai été l’objet de la part de ma province d’origine, le Passoré.
Je reste reconnaissant à tous mes amis au Burkina Faso, en Afrique et ailleurs pour leurs soutiens constants.
Je félicite et remercie les dirigeants et les militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui ont bien voulu m’accueillir et surtout en me donnant raison pour avoir participé
activement à la chute de Blaise Compaoré en moins de huit mois d’existence. Bravo!
Je remercie tous les acteurs de la société civile qui m’ont adopté et aidé à comprendre certaines choses et qui ont contribué activement à la fuite de Blaise Compaoré.
Mes remerciements à toutes les femmes et à tous les Hommes de média qui ont accompagné le peuple tout entier dans son courage et dans sa détermination pour sa libération.
Merci à toute la population, merci à la jeunesse combattante, aux braves femmes du Burkina Faso, merci encore à Dieu Tout- Puissant qui a exaucé mes prières.
Depuis 27 ans, je me battais avec le vaillant peuple pour le chasser du pouvoir, nous avons obtenu sa fuite du pays. Son arrestation et sa comparution devant les tribunaux n’étant qu’une question de temps.
Vive le peuple burkinabè, vive l’Afrique !
Seule la lutte paye!
Ouagadougou, le 16 novembre 2014.
Yamba Malick SAWADOGO
Ancien député à l’Assemblée nationale du Burkina
Ancien parlementaire panafricain
0l BP 5850 Ouaga 01
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