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Elections couplées : Le monde rural, la clé de l’alternance politique par devers !
Publié le jeudi 20 decembre 2012   |  Bendré




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Les Burkinabè attendent les résultats des élections couplées du 2 décembre 2012. Avec les résultats qui départageront les partis et formations politiques, on saura également le taux de participation que les observateurs disent appréciable. Pour les conditions générales de l’organisation du scrutin, il faut prendre acte des efforts qui ont été déployés pour sa tenue effective et bien sûr, des difficultés qui l’ont jalonné. L’administration électorale et la classe politique ont de quoi s’occuper d’ici la prochaine élection, celle présidentielle de 2015, pour que certains manquements ne se reproduisent plus.

Pour le reste, le Congrès pour la démocratie et le progrès, comme on le prévoyait, est le vainqueur, porté particulièrement par son électorat rural. Vu les moyens humains, matériels, logistiques et l’influence des cadres du parti, chacun en ce qui concerne sa région d’origine, vu la structuration du parti et son influence dans les catégories socioprofessionnelles tels les femmes, les chefs traditionnels, le monde rural et commerçant ; vu enfin, les insuffisances de l’opposition en face, cette victoire est méritée. Pour les cinq prochaines années, encore une fois, l’Assemblée nationale sera dominée par le parti au pouvoir et ses alliés ; ils géreront la majorité des communes rurales et urbaines. Pour tous ceux qui espéraient l’alternance ou qui ont des comptes à régler avec le régime, c’est évidemment une déception ; une déception à la hauteur de la joie des vainqueurs. C’est cela aussi la démocratie, c’est cela aussi la compétition.

Pour ces élections qui viennent de finir et dont on attend de « disséquer » les résultats dans les détails, des leçons seront tirées de part et d’autre. Plus globalement, la classe politique nationale et les techniciens de la chose politique devraient tirer des leçons constructives pour notre démocratie et pour l’avenir politique du pays. A quelques années de la fin du mandat de Blaise Compaoré et donc d’une alternance possible, sinon nécessaire à la tête de l’exécutif, il y a une urgence à agir. Si la classe politique (parti au pouvoir comme opposition) ne prend pas ses responsabilités après ces élections couplées, si la classe politique ne tire pas les leçons pour agir, il faudrait que la société civile et les acteurs soucieux de la démocratie et de la paix dans ce pays, prennent leurs responsabilités citoyennes.

La prise de responsabilité est extrêmement urgente étant donné que nous avons au sein de notre système démocratique, des comportements qui, à la longue, pourraient ramener le Burkina Faso dans l’ambiance de l’Etat d’exception ou le pousser dans un désordre qu’on doit impérativement éviter.

La prise de responsabilité signifie, pour le parti au pouvoir et ses alliés, de militer pour un véritable Etat de droit au Burkina Faso, pour un respect des clauses limitant le nombre des mandats, pour l’effectivité des libertés politiques et citoyennes dont l’expression est prise en otage par des facteurs socioculturels. Il y a quelques jours, François Compaoré, frère cadet du Président Blaise Compaoré, a tenu des propos qui indiquent bien que des gens (au sein du parti en premier) doivent effectivement prendre leurs responsabilités après ses élections. « On n’accepte pas d’être président seulement parce qu’on veut être président, non. Il faut s’assurer que, si ça vient du parti, on aura aussi le soutien effectif du parti, l’ensemble de ses militants, comme cela était pour le président Compaoré, d’ailleurs. Je pense que c’est un débat qui va peut-être se décoller à l’horizon, mais pour l’instant, mon souhait aurait été qu’on ne change pas un cheval qui gagne », a-t-il dit, et d’ajouter : « Pour 2015, je travaille dans le cadre d’un parti. Ce parti applique le programme d’un président qui, certes, termine donc son mandat mais, au regard de nos lois, ce n’est pas – je dirai – exclu que, peut-être, des lois puissent être modifiées pour lui permettre de continuer. Tout dépendra des Burkinabè. »« Pour ma part, a également estimé François Compaoré, je ne vois pas comment je peux être dans une logique de succession. Peut-être que le parti peut être dans une logique de succession, mais ma personne, non. » Ces propos du frère cadet du Président ramènent sur la table des discussions la question de la révision de l’article 37 pour assurer la continuité du pouvoir. D’ici quelques mois, on pourrait voir des manifestations ourdies pour réclamer la révision de l’article avec une bénédiction possible de l’Assemblée nationale dont le CDP contrôlera la majorité.

Prendre ses responsabilités signifie également pour l’opposition, une révision de la manière de faire la politique, une révision de ses rapports avec l’électorat, principalement rural, entre autres. L’analyse des scores du parti au pouvoir indique que le milieu rural a été déterminant dans ces élections couplées. Les grandes villes, excepté quelques unes, ont fait l’objet de combats âpres et inédits ; le parti au pouvoir a dû s’incliner dans certaines circonscriptions et n’a dû son salut qu’à l’apport du monde rural. C’est dire que pour rivaliser avec le CDP et ses alliés, et réaliser peut-être l’alternance, les partis politiques de l’opposition doivent investir le milieu rural pour se faire accepter. A l’étape actuelle des choses, la clé de l’alternance politique au Burkina Faso se trouve plus dans les champs, les yaars que dans les universités, les grandes écoles et les villes. Autant le monde rural est déterminant dans les votes, autant les citadins et le monde « intellectualisé » constituent les acteurs de premier plan en matière de revendications et par conséquent dans les contextes de crises. Ce sont deux mondes dont les actions doivent se concorder pour impacter positivement les politiques publiques et la gouvernance.

Prendre ses responsabilités signifie enfin pour la population, que la meilleure voie de transmission du pouvoir d’Etat est le vote. On ne peut pas refuser le vote et vouloir que ceux qui sont élus travaillent à vous satisfaire. Les citadins et le milieu intellectuel doivent accepter de participer au jeu électoral si l’on veut réellement que les choses changent.

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