Société
Barrage de Sanhoui dans le BAM : Quand l’eau, ce n’est plus la vie
Publié le vendredi 21 novembre 2014 | Le Quotidien
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Depuis quelques jours, certains poissons du barrage de Sanhoui dans la commune rurale de Sabcé meurent. Leurs arrêts sont rejetés aux abords par les eaux. Environ une dizaine de chèvres seraient mortes parce qu’elles s’y abreuvent. Par manque de source d’approvisionnement d’eau potable, quelques quartiers de Sanhoui consomment l’eau de cette retenue dressée par Bissa Gold pour ses travaux. Immersion au cœur d’un phénomène environnemental qui menace l’écosystème.
Les populations de Sanhoui, dans la commune rurale de Sabcé, vaquent à leurs occupations habituelles au moment où nous y arrivons dans l’après-midi du 19 novembre 2014. Pendant que certaines s’adonnaient à cœur joie à des causeries, d’autres étaient dans leurs champs pour les récoltes. Rien ne laisse présager un quelconque malaise dans ce village où la population vit de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la maraicherculture, etc.
Il a suffi qu’on informe de l’objet de notre visite pour que les langues se délirent. En effet, l’eau du barrage de Sanhoui, d’une longueur d’environ 20 km, dégage une odeur inhabituelle. Toute chose qui serait la cause de la mort de certaines espèces de poissons, notamment les carpes. Après cette brève introduction, notre guide nous conduit aux abords du barrage. Là, le spectacle est désolant. Car, les arrêts des carpes y sont rejetés partout. Selon les témoignages recueillis, le problème date de quelques jours. C’est l’avis du pêcheur Arzouma Ouédraogo qui parcourt à longueur de journée la retenue d’eau à l’aide de sa pirogue. La situation l’inquiète à plus d’un titre. « On a remarqué, il y a environ trois jours de cela, que tout au long du barrage, on retrouve des poissons morts aux rives », a témoigné Lassané Nikiéma, technicien de recherche de l’INERA à Sanhoui.
Bissa Gold pointé du doigt
Le barrage de Sanhoui a été réalisé par Bissa Gold pour satisfaire ses besoins en eau. Depuis sa réalisation il y a environ 3 ans de cela, pareille catastrophe ne s’est pas encore produite. Peu habituées à ce genre d’incident, les populations indexent Bissa Gold qui auraient, selon elles, utilisé des produits toxiques. Ce qui de leur avis, entrainerait la mort subite d’animaux. « Pour l’instant, on pointe du doigt Bissa Gold, sinon on ne voit pas de raisons objectives. Mais on se dit que c’est peut-être dû aux produits que la société minière utilise qui ont peut-être pollués l’eau du barrage », foi de Lassané Nikiéma. Aux abords du barrage, on retrouve des rejets d’arrêts des poissons.
A Sanhoui, les populations s’accordent à reconnaitre que l’eau du barrage serait intoxiquée. C’est la conviction de Arzouma Ouédraogo. Pêcheur, il parcourait cette étendue d’eau à l’aide de sa pirogue. Mais depuis qu’il a constaté que les poissons ont commencé à mourir, ses activités ont baissé d’intensité. Il dit craindre sa vie à cause de la couleur jaunâtre de l’eau à des endroits. Selon lui, quand on verse de l’huile dans l’eau, elle prend la direction du vent. Chose qui témoignerait de la présence de produits malveillants.
Victimes collatérales
« Effectivement, à partir du moment où on a remarqué quelques poissons ont commencé à mourir, il y a des animaux qui commencent à être malades et même à mourir. On a vu des chèvres qui sont mortes. Pour le moment, on n’a pas vu de gros animaux tels que les bœufs mourir. On craint la suite et on ne sait pas ce qui nous réserve l’avenir », affirme la peur au ventre, Lassané Nikiéma. Pour l’instant, les carpes et les chèvres sont victimes des desiderata de l’eau. L’organisme des autres animaux qui s’y abreuvent résistent pour le moment. Ou peut-être qu’il s’adaptera. Mais jusqu’à quand ? Bien malin qui pourra y répondre. Ce dont les populations sont inquiètes est que certains habitants du village consomment l’eau du barrage malgré son état critique. C’est le cas des femmes qui s’adonnent à la lessive, à la cuisine et à la préparation du dolo avec cette retenue d’eau. « Nous avons peur, parce que nous ne savons pas ce qui est dans cette eau. Ce qui nous fait encore plus peur est que nous la buvons avec nos animaux », a déclaré Antoinette Sawadogo, les pieds dans l’eau. Dans certains quartiers du village, l’eau du barrage sert de boisson aux habitants. Cela est dû au fait que le village dispose d’un seul forage. Au regard de la distance à parcourir pour y accéder, ceux-ci préfèrent utiliser l’eau la plus proche d’elle.
Bissa Gold interpellé
Selon de sources dignes de foi à Sanhoui, les techniciens de Bissa Gold seraient venus, dans la matinée du 19 novembre, faire des prélèvements d’échantillons. Certainement que leurs analyses permettront de lever le voile sur la qualité de l’eau du barrage. C’est d’ailleurs le vœu des riverains. Car la situation actuelle engendre déjà des conséquences dramatiques. « On interpelle Bissa Gold à faire quelque chose, de voir et d’expliquer à la population la conduite à tenir. On craint la suite, surtout du côté des hommes », a recommandé Lassané Nikiéma. Crainte somme toute légitime car la qualité douteuse de l’eau pourrait avoir un impact négatif sur la santé humaine. « Ce que nous voulons est que les autorités du pays viennent à notre secours », a souhaité Albert Sawadogo. Riverain du barrage, ce sexagénaire s’attèle à des travaux maraichers au moment où dame nature ne fait plus descendre la pluie. A Sanhoui, les regards sont tournés vers les autorités compétentes pour déterminer l’origine de la mort des animaux. En attendant, les populations continuent de se servir de cette retenue faute d’avoir d’autres sources. Car, « l’eau, c’est la vie »1
« Vous allez découvrir le pays réel aujourd’hui », nous a-t-on informés au moment où nous prenons la route. Il existe une route qui va de Sabcé à Sanhoui, mais elle n’est pas praticable à cause des travaux de la mine. Pour y aller, il faut passer par Kongoussi pour ensuite emprunter une piste rurale. Imaginez donc le calvaire quand vous y rendez à véhicule ? En cours de chemin, nous empruntions une piste autre que celle de Sanhoui. Nous nous perdons donc. Par le biais de renseignements, nous rattrapons le chemin devant, plus loin. Puis survient une crevaison. Cet obstacle est surmonté grâce à la roue secours. Au retour, crevaison encore ! Décidemment. Nous changeons encore la roue tout en priant Dieu d’arriver à Kongoussi. Là, nous achetons un pneu de seconde main. A quelques kilomètres de Kongoussi sur l’axe de Ouagadougou, une autre crevaison. Avec l’ingéniosité du conducteur, la situation est gérée1
Par TLT
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