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Abraham Nignan a propos de la nomination de ZIDA comme PM : «L’insurrection populaire s’est transformée en un coup d’Etat légitimé »
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  Le Quotidien




Que pense Abraham Nignan de la nomination du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida à la tête de la primature ? « Mais quand j’ai entendu que c’est le même Zida qui a été nommé Premier ministre, je me suis dit : mais on est où dans ce pays ? J’appelle ça une récompense de trop », a répondu celui qui dit être le chef de file de l’opposition radicale. Pour lui, il n’est pas question que les militaires occupent toujours les devant de la scène. Sinon, dit-il, « nous sommes à une insurrection populaire qui s’est transformée en un coup d’Etat, malheureusement, légitimé par des brebis galeuses ». C’est, entre autres, ce qui ressort de l’interview qu’il nous accordée, le mercredi 19 novembre 2014.

Le Quotidien : Le processus de mise en œuvre de la transition est enclenché. On connait désormais le président, Michel Kafando, qui a prêté serment, et le Premier ministre en la personne du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida. Ces choix reflètent-ils vos attentes ?

Abraham Nignan, président du RPF : Quand le lieutenant-colonel Isaac Zida a accepté de signer la charte, je me suis dit que voilà un monsieur à qui on peut faire confiance. Mais quand j’ai entendu que c’est le même Zida qui a été nommé Premier ministre, je me suis dit : ‘’mais on est où dans ce pays’’. J’appelle ça une récompense de trop. Puisqu’il a eu une décoration qui était bien méritée. Mais être Premier ministre, c’est de trop. La jeunesse a fait son insurrection populaire et la transition telle que je le constate ne reflète pas le caractère insurrectionnel du mouvement mené par les jeunes. Nous sommes à une insurrection populaire qui s’est transformée en un coup d’Etat, malheureusement légitimé par des brebis galeuses. Rien qu’à voir les postes que veulent occuper les militaires. Donc, je ne reconnais pas cette transition. Un militaire qui veut rendre service à son peuple n’accepte pas d’occuper le poste de Premier ministre. Je pense qu’on avait besoin du lieutenant colonel Zida dans d’autres domaines en l’occurrence au niveau de la sécurité. Et ce faisant, il devrait rester dans les casernes pour continuer à assurer la sécurité du peuple burkinabè. Sinon Michel Kafando n’est qu’un simple pion.

Donc, vous n’êtes pas pour que Isaac Zida soit Premier ministre?

Je ne suis pas d’avis. Je ne suis pas d’accord et je ne l’approuve pas. Toutefois, pour une seule condition, je peux être prêt pour qu’il soit Premier ministre. A savoir qu’il vienne traquer tous ceux qui ont commis des crimes économiques et de sang dans ce pays depuis 1987 jusqu’à nos jours. Si donc Zida traduit en justice tous les ministres, les DG, les maires, les députés et tous ceux qui ont fauté, je dirai qu’il est venu pour le peuple burkinabè.

Donc, voulez-vous que tous les responsables des crimes économiques et de sang soient traduits en justice ?

Si Zida n’est pas venu pour cela, c’est qu’il est venu pour un clan. Et c’est pour cela que je regrette qu’il ait laissé sortir hors du pays certaines personnes qui ont commis des gaffes. Si Zida n’a pas traduit en justice tous les anciens ministres et responsables qui trainent des casseroles, c’est qu’il n’est pas venu pour un nettoyage. Si Zida veut avoir la confiance du peuple, il va falloir arrêter les responsables de crimes économiques et de sang dans ce pays de 1988 à nos jours. Et même ceux qui sont actuellement dans l’opposition et qui ont eu à travailler avec Blaise Compaoré. S’ils sont responsables de quoi que ce soit, que Zida les fasse arrêter pour qu’ils rendent des comptes au peuple.

Donc, c’est ce que vous attendez des nouvelles autorités ?

Qu’elles travaillent dans l’intérêt du peuple burkinabè. Il ne sert à rien de venir au pouvoir si ce n’est dans l’intérêt du peuple. Qu’elles récupèrent ce qui appartient au peuple et qui a été volé par des citoyens burkinabè. Tous ceux qui sont rentrés dans la nature doivent être retrouvés pour venir répondre à la barre. Mais si les nouvelles autorités laissent des gens fuir ou protéger des gens, cela ne sera pas bon. Tous les responsables qui ont collaboré avec Blaise Compaoré de 1988 à nos jours doivent être auditionnés. Nous ne voulons aucune protection d’un quelconque malfrat. Notre inquiétude est dans ce sens. Celui qui doit au peuple burkinabè doit répondre de ses actes. Celui qui ne doit pas au peuple burkinabè doit être reconnu comme un citoyen honnête. Alors qu’on compare les biens des gens qui ont travaillé avec Blaise Compaoré en 1988 et aujourd’hui. Sur cette base, on verra ceux qui ont volé ou pas. Si Zida va dans ce sens, on va l’applaudir. Nous allons dire que c’est un vrai patriote. Mais, en tant que chef de file de l’opposition radicale, je n’accepterai pas qu’on laisse des gens fuir. Si Zida veut réussir sa mission, il faut qu’il écoute le Rassemblement patriotique du Faso qui va lui montrer la voie à suivre.

Serez-vous représentés au Conseil national de transition ?

Je n’ai pas été consulté et je ne réclame rien. Mais, je demande au peuple burkinabè de rester vigilant parce que le combat n’est pas terminé. Ce n’est pas parce qu’il y a des organes que le combat est terminé. Le combat reste à venir. Il faut une élection présidentielle transparente et équitable.

Quel commentaire faites-vous de l’auto-dissolution du CFOP ?

Depuis la création de cette institution, j’ai dit que c’est une institution qui n’a pas longue vie. Et je l’ai toujours dit dans la presse. Et j’ai appelé les partis politiques à me rejoindre au niveau de l’opposition radicale dont je suis le chef de file. C’est la seule institution qui ne se dissout pas parce que nous ne prenons pas l’argent chez personne. Nous fonctionnons avec nos propres moyens. Donc, pour la dissolution du CFOP, je n’ai pas de commentaire à donner.

La semaine dernière, votre parti politique et d’autres partis politiques ont tenu une rencontre. De quoi s’agissait-il exactement?

Effectivement, il y a eu une rencontre la semaine dernière autour du chef de file de l’opposition radicale que je suis. Nous sommes en train de travailler. Au moment venu, vous serez situés sur nos objectifs1

Par YIM
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