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Virus Ebola au Mali : le Burkina en état d’éveil
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  Le Quotidien
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© AFP par MSF
Les Médecins Sans Frontières mettent en place l`équipement de protection contre le virus de la fièvre d`Ebola




La maladie à virus Ebola est à quelques pas du Burkina Faso. Jadis loin du pays des Hommes intègres, la maladie à fièvre hémorragique vient de frapper un pays voisin du Burkina qu’est le Mali. Ce pays avec lequel le Burkina partage une large frontière, a déjà enregistré des décès dus à cette maladie. Quelles sont les dispositions prises par notre pays pour faire face à cette pandémie qui menace? Pour en savoir davantage, nous nous sommes rendus à Faramana, ville frontalière avec le Mali.

Mercredi 19 novembre 2014. Il est 7 heures. Nous embarquons à bord d’un car de transport en commun pour Faramana, situé à environ 120 kilomètres de Bobo-Dioulasso, dans la province des Banwa, juste à la frontière Burkina- Mali. L’objectif de ce déplacement est d’aller constater de visu s’il existe réellement un dispositif mis en place pour détecter d’éventuels cas de maladie à virus Ebola, d’autant que cette maladie est maintenant de l’autre côté de la frontière. Environs deux heures de route, nous lisons sur une plaque inclinée, « Bienvenue à Faramana ». Nous y sommes. Pour arriver au poste de police frontalière, il faudra d’abord traverser la douane avec tous ces contrôles minutieux, ensuite la gendarmerie pour les contrôles d’identité et autres. Après cette étape qui a duré environs 15 à 20 minutes, nous voilà nez-à-nez avec la police frontalière. Comme si nous avions pris rendez-vous, nous arrivons au moment où le médecin chef du district (MCD) sanitaire de Dandé ainsi que le major du CSP de Faramana étaient à la frontière. Ils sont eux-aussi venus s’assurer que tout fonctionne normalement quant au dispositif mis en place pour détecter d’éventuels cas, mais aussi inviter les agents qui y sont à la vigilance.

Toute personne en provenance du Mali est minutieusement contrôlée

Sur les lieux, pas besoin de poser des questions. Motocyclistes, passagers à bord d‘un véhicule de transport en commun ou personnel, piétons et autres sont minutieusement inspectés. Lavage de mains avec du savon puis les frotter avec du gel, prise de température à l’aide d’un thermomètre infrarouge, vérification d’identité et des carnets de vaccination ; tels sont les exercices que les passagers en provenance du Mali sont obligés d’exécuter avant de traverser la frontière burkinabè. En quoi consistent ces exercices ? « Ce que vous voyez est un dispositif anti-Ebola situé à la frontière au niveau du poste de la police frontalière. Il s’agit de poster des agents de santé à ce niveau. Leur rôle est de prendre la température de tous les passagers en provenance du Mali. Pour cela, ils disposent d’un thermomètre laser qui leur permet de flasher les passagers. Aussi, il y a un dispositif de lavage des mains. Avec la collaboration de la police frontalière, les passagers, une fois ici, sont invités à se laver les mains et à les désinfecter avec du gel. Personne ne traverse cette frontière sans exécuter les exercices» a expliqué Salifou Sougué, Mcd de Dandé. Et le major du CSPS de Faramana de préciser qu’une personne est déclarée suspecte lorsque sa température atteint 40°C. Mais, à leur niveau, indique-t-il, « toute personne ayant une température autour de 39°C est suspectée ». Celle-ci est alors soumise à un interrogatoire en vue de savoir si elle présente des signes cliniques de la maladie. Pour ce faire, elle se doit de fournir des informations sur sa personne, sa provenance, sa destination et autres. Une fiche (dont nous avons eu une copie) dénommée « fiche de surveillance de la Maladie à Virus Ebola (MVE) aux points d’entrée » y est pour la circonstance.

Un camp d’isolement mis en place

Le but des exercices soumis aux passagers n’ont pour but que de détecter d’éventuels cas qui pourraient traverser la frontière pour se retrouver au Burkina Faso. Et si jamais un cas venait à être détecté (touchons du bois) que faire dans l’immédiat ? Pour ce faire, des dispositions transitoires semblent être prises. « Nous avons pris toutes les précautions nécessaires. On ne le souhaite pas, mais si toutefois un cas suspect venait à être détecté, nous avons déjà identifié un camp pour l’isoler en attendant d’informer la hiérarchie afin de savoir la conduite à tenir » a fait savoir le MCD. Avec l’index droit, il indique un vieux bâtiment, de l’autre côté du goudron, en face du poste de la police frontalière qui tient lieu d’un camp d’isolement. « C’est l’ancien commissariat de police de la ville. C’est avec le concours des autorités locales que nous l’avons eu », a-t-il justifié.

Des difficultés inhérentes

A Faramana, au niveau de la frontière du Burkina avec le Mali, un dispositif pour détecter d’éventuels cas de maladie à virus Ebola existe certes, mais, il n’est pas sans savoir que des difficultés rendent un peu difficile la tâche aux agents de santé et même de sécurité qui y sont. A propos, le MCD ne dira pas le contraire. « Le dispositif existe c’est vrai. Mais, nous sommes confrontés à un certain nombre de difficultés qui rendent la tâche un peu difficile. Comme vous le voyez, il y a un déficit de personnel et aussi du matériel. Comme le trafic à ce niveau n’est pas trop dense, on s’en sort tant bien que mal. C’est l’occasion pour nous de lancer un appel aux autorités pour qu’elles jettent un coup d’œil ici » a insisté Sougué. Si les agents de santé rencontrent des difficultés, des passagers eux, trouvent tout ceci « contraignant ». Une vieille dame voilée, le fera savoir. Descendant difficilement d’un car, elle se demande ce qui s’est que tout ceci. Et lorsqu’on lui fait savoir qu’il s’agit d’un dispositif anti-Ebola, elle commente : « Que Dieu nous éloigne de cette vilaine maladie. A cause d’elle, des frères et sœurs se méfient des uns des autres. Quand on traverse la frontière, nos frères ou nos sœurs se méfient de nous. Personne ne veut saluer l’autre. C’est quelle genre de maladie ça ? ».

Le concours de la police frontalière

Activité à vocation sanitaire certes, mais, au regard du caractère sérieux de la situation, il convient que chacun, qui qu’il soit, participe d’une manière ou d’une autre à la lutte contre « cette vilaine maladie » comme le dit la vieille. Les policiers du poste frontalier de Faramana, quant à eux, participent à l’œuvre comme l’a fait savoir Abdoulaye Savadogo, officier de police et chef de poste. « La mission de la police frontalière, c’est de contrôler la migration entre deux Etats » a laissé entendre le chef de poste de la police frontalière de Faramana. « Mais, nous sommes dans une situation où nous devons nous donner la main pour faire face à cette maladie. Pour ce faire, nous essayons dans la mesure de notre possible de donner un coup de main aux agents de santé dans l’exercice de leurs tâches. Pour les questions techniques, ils sont les mieux placés. Nous leur apportons juste un coup de main », a indiqué l’officier de police Abdoulaye Savadogo.

Des inquiétudes à prendre au sérieux

Certes, la frontière de Faramana est une des principales voies empruntées par les usagers pour rallier le Mali et le Burkina, mais, elles ne sont pas les seuls moyens pour les populations de ces deux pays de se fréquenter. Au regard de la porosité des frontières, certaines personnes, pour éviter des contrôles de la police, préfèrent emprunter les pistes qui sont aussi des moyens de communication. « Si c’est par les principales voies, nous pouvons contrôler les trafics. Mais, l’inquiétude c’est au niveau des pistes. Parce que nous savons qu’ils y a des gens qui rallient fréquemment ces deux pays par ces pistes », s’est inquiété le major du CSPS de Faramana. Mais, a-t-il rétorqué, « la majeure partie de ceux qui empruntent les pistes ne sont pas dans le Mali profond. Ça peut rassurer un peu. Au-delà des contrôles frontaliers, il serait préférable qu’on envisage aussi des séances de sensibilisation des populations quant aux comportements à adopter », a-t-il souhaité. Si à la frontière du Burkina le dispositif est fonctionnel, il en serait de même à Kouri au Mali, foi des agents de sécurité burkinabè. Nous n’avons pas pu nous y rendre pour cause de contraintes. Pour l’heure, à Faramana, aucun cas suspect de maladie à virus Ebola n’a été détecté, selon le MDC. Des agents y sont aux aguets « 24h/24 »en vue d’en découdre avec elle si toutefois elle se présentait à nos portes1.

Par Mady BAZIE
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