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Composition du gouvernement de transition : un collectif de technocrates neutres aurait mieux fait l’affaire
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  Le Pays
Transition
© aOuaga.com par Séni Dabo
Transition : le président Michel Kafando prête serment
Mardi 18 novembre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Le président désigné de la transition, Michel Kafando, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel qui l`a ensuite investi de ses fonctions de président du Faso et chef de l`Etat par intérim




La Charte consensuelle élaborée par les acteurs politiques, la société civile, les leaders coutumiers et religieux et l’Armée, recommande que dans la composition du gouvernement, aucun Burkinabè ne soit laissé sur le bord de la route. De ce point de vue, l’on pourrait s’attendre à ce que des personnalités de toutes obédiences s’y retrouvent. Cette vision, a priori, est une bonne chose, mais l’on pourrait se demander si, quelque part, elle n’est pas viciée au regard des considérations suivantes.
D’abord, cela suppose que des macarons ministériels pourraient être concédés aux membres de l’ex-majorité. Autrement, ce serait un ostracisme que ces derniers pourraient, à juste titre, dénoncer. Or, l’on oublie que d’une manière ou d’une autre, toutes ces personnes, celles qui ont ostentatoirement plaidé pour la cause de Blaise Compaoré dans sa volonté de tripatouiller la Constitution, ou celles qui se sont illustrées par leur silence, pourraient être logées à la même enseigne. D’ailleurs, l’on peut dire que les premiers ont eu le mérite d’afficher leur position publiquement. Les seconds, c’est-à-dire ceux qui se sont tus, sont plus à craindre. En effet, leur attitude illustre non seulement la boutade selon laquelle « qui ne dit mot consent », mais aussi une certaine lâcheté de leur part. Cette appréciation est d’autant plus fondée qu’il est des moments dans la vie des peuples où le simple fait de se taire pourrait s’apparenter à un crime. Ce fut leur cas. L’idéal aurait voulu donc qu’on leur accordât un temps de méditation pour faire leur introspection, plutôt que de leur donner l’impression qu’ils se sont moins égarés que les autres, en les associant au gouvernement de transition. D’ailleurs, qui peut affirmer qu’au sein de la bergerie, ils ne se comporteraient pas comme de véritables loups, le pouvoir révèlant la vraie nature des hommes ?
La logique qui a prévalu au choix du président de la transition aurait pu s’appliquer au choix des membres du gouvernement
Cela dit, l’on peut aussi regretter, de manière générale, que dans la composition du gouvernement de transition, il y ait des personnalités du monde politique. En effet, un ministre politique peut être tenté de faire la part belle à ses camarades du parti, dans la gestion par exemple des ressources humaines de son département. Il ne faut pas, de ce point de vue, que l’on reproduise les mêmes erreurs que l’on a pu imputer au système Compaoré. En effet, il était notoirement connu que sous l’ère Compaoré, les postes de responsabilité, dans la majorité des cas, étaient confiés à des personnes qui donnaient l’impression que leur seul mérite était leur allégeance au clan présidentiel. Ce faisant, l’on avait inoculé le virus de l’arrivisme, du népotisme, du copinage, du trafic d’influence et de l’incompétence dans l’Administration. Le regret de bien des Burkinabè de voir des personnalités politiques nommées ministres dans le gouvernement de la transition, est d’autant plus justifié que la mission essentielle que l’on a confiée à l’Exécutif est d’organiser en 2015 des élections équitables et transparentes. L’on n’a pas besoin d’hommes politiques dans le gouvernement pour le faire. Un collectif de technocrates neutres aurait mieux fait l’affaire. Et cela est d’autant plus vrai qu’ils n’auraient été liés à aucune chapelle politique. En tout état de cause, la logique qui a prévalu au choix du président de la transition aurait pu s’appliquer au choix des membres du gouvernement, si l’on avait voulu opter pour la cohérence. De ce point de vue, le seul organe de la transition dans lequel les militants de partis politiques officieront sans courir le risque de pervertir la transition, est de toute évidence le CNT (Conseil national de transition), parce que ce cadre de débats et de délibération est d’abord et avant tout leur milieu naturel.

Pousdem PICKOU
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