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Dissolution des conseils municipaux et régionaux : On s’y attendait
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  Le Pays
Transition
© Le Quotidien par Bénéwendé Bidima
Transition : la charte officiellement signée
Dimanche 16 novembre 2014. Ouagadougou. Maison du peuple. Les représentants des forces vives de la nation et de ceux des forces de défense et de sécurité ont signé la charte de la transition au cours d`une cérémonie solennelle. Photo : lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, chef de l``Etat de la transition




Depuis le 18 novembre 2014, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a prononcé la dissolution des Conseils régionaux et municipaux sur l’ensemble du territoire du Burkina. En termes clairs, cela veut dire simplement qu’à compter de cette date, tous les présidents de conseils régionaux ainsi que les différents maires de commune et leurs conseillers sont relevés de leurs fonctions. Désormais donc, la conduite des affaires régionales et communales est confiée à des délégations spéciales, en attendant la mise en place de nouvelles autorités. Une décision qu’une bonne partie de la population a positivement appréciée à sa juste valeur, et qui rappelle à bien des égards les temps forts de la Révolution d’août 1983. Une décision d’autant plus bien accueillie qu’elle était plus ou moins souhaitée, sinon réclamée par une majorité de Burkinabè. En effet, il n’est pas besoin de rappeler que la tension sociale créée par la décision du régime déchu de modifier la loi fondamentale de notre pays, avait fini de consacrer le divorce entre les populations et les organes locaux de l’Administration publique. Du reste, dans certaines régions, les populations, anticipant la décision du lieutenant-colonel Zida, avaient interdit à certains élus locaux l’accès de leurs bureaux. Que ce soit à Ouahigouya ou à Bobo-Dioulasso, des maires et présidents de Conseils régionaux ont dû s’exiler pour échapper à la colère de leurs administrés. A Yé, dans la province du Nayala, la jeunesse de la localité a purement et simplement fermé les bureaux de la mairie, après avoir jugé le maire de leur commune inefficace. Par ailleurs, la suspension de la Constitution appelait de fait la dissolution aussi des organes de la gouvernance locale, dans la mesure où la création et le fonctionnement de ces organes découlent directement de cette même Constitution.
Zida est sur la bonne lancée
Le premier constat que l’on ne peut manquer de faire après cette décision, est la longueur de vue que partagent le Premier ministre et le chef de l’Etat sur la façon de gérer certains dossiers qui émanent de la gouvernance pour le moins répréhensible du clan Compaoré. Ainsi, si la première déclaration du Président Kafando n’a pas laissé le moindre doute sur sa détermination à combattre la corruption et la mauvaise gestion des deniers publics, on peut affirmer que les premières décisions du Premier ministre Zida ne démontrent pas moins la volonté de celui-ci de se lancer dans une œuvre de salubrité publique. Et ce ne sont certainement pas les directeurs généraux de la SONABEL et de la SONABHY qui diront le contraire. Ainsi, la dissolution des Conseils régionaux et communaux, non seulement s’inscrit dans la logique de changement voulu par l’insurrection des 30 et 31 octobre, mais aussi annonce, pour ce pays, la fin de l’impunité, de la gabegie et de l’arrogance. De ce point de vue, la dissolution des conseils régionaux et communaux est une suite logique dans la démarche adoptée par les nouvelles autorités ; maintenir à leurs postes des conseillers qui ont soutenu par tous les moyens la décision de tordre le cou à la Constitution burkinabè, serait la plus belle manière de pérenniser le système Compaoré avec tout ce qu’il a de négatif et qui a valu le soulèvement populaire des 30 et 31 octobre derniers. Le moment est venu où chacun doit rendre compte de sa gestion de l’argent du contribuable burkinabè. En 27 ans de règne sans partage, beaucoup de choses pas vraiment catholiques ont été faites tant dans la gestion du patrimoine public que dans la gestion du vivre-ensemble des Burkinabè, et beaucoup de rancœurs ont donc été accumulées. Tous ces ressentiments doivent être évacués pour permettre au peuple burkinabè de se réconcilier avec lui-même d’abord et d’amorcer avec sérénité sa progression vers un avenir plus prometteur. Dans ce sens, on peut dire que Zida est sur la bonne lancée. Reste maintenant à faire les choses sans passion et dans le discernement, en évitant surtout la précipitation.

Dieudonné MAKIENI
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