Politique
Désignation du président de la transition: «Les échanges ont été vifs par moments» (Tahirou Barry, président du PAREN)
Publié le vendredi 21 novembre 2014 | L`Observateur Paalga
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Cette nuit-là, il n’a pratiquement pas fermé les yeux. Rentré à la maison aux aurores de ce lundi 17 octobre 2014, au terme d’une interminable nuit passée à la recherche de « l’oiseau rare » de la transition, Tahirou Barry, premier responsable du parti de la renaissance (PAREN) et 3e rapporteur du comité de désignation du président de la transition, était déjà plongé dans la rédaction du PV de la séance de délibération lorsque nous l’avons contacté la journée pour un entretien.
Malgré la fatigue et un agenda particulièrement chargé, le plus jeune leader politique de l’opposition burkinabé est resté fidèle à sa constante disponibilité.
Dans l’interview qu’il nous a accordée, Tahirou Barry revient, entre autres, sur l’ambiance de travail, la procédure de sélection et le profil des candidats.
Quels étaient les membres du comité de désignation?
• Les membres étaient issus de toutes les composantes en raison de 5 pour les partis politiques, 5 pour les organisations de la société civile, 5 pour les forces de défense et de sécurité et 8 pour les religieux et la chefferie coutumière, soit au total 23 personnalités.
Quelles ont été les différentes listes de propositions de candidatures reçues ?
• Il y a eu au total 8 candidatures dont 3 proposées par les partis politiques, 3 par les organisations de la société civile et 2 par les forces de défense et de sécurité. Les candidatures des partis et de la société civile étaient identiques : il s’agissait de celles de Monseigneur Paul Ouédraogo, Cherif SY et Newton Ahmed Barry. Pour l’armée, on avait monsieur Michel Kafando et madame Joséphine Ouédraogo. Avec le retrait de la candidature de Monseigneur Paul Ouédraogo, Il ne restait donc plus que 4 candidatures qui ont fait l’objet d’examen par le collège.
Peut-on savoir la composition du bureau du comité de désignation ?
• Le bureau était présidé par monsieur Ignace Sandwidi, issu de la composante religieuse et coutumière parce que celle-ci n’avait pas proposé de candidatures. Le secrétariat était tenu par un représentant de chacune des composantes, et j’ai personnellement été mandaté par les politiques pour figurer dans cette instance.
Quelle a été la procédure de désignation ?
• On a procédé à l’examen approfondi des CV de chaque candidat, et les 3 qui ont été présélectionnés ont été auditionnés par le collège autour d’un guide d’entretien en 7 points. Ces points étaient relatifs à l’analyse de la crise ayant abouti à la fuite de monsieur Blaise COMPAORE, aux questions économiques, sécuritaires, à celles très fondamentales de l’impunité, de la corruption et de l’incivisme, ainsi qu’à la capacité à gérer des crises, etc. J’avoue que l’interview, qui a duré environ une quarantaine de minutes pour chaque candidat, a été une grande épreuve de vérité qui a permis au collège d’apprécier profondément les valeurs intrinsèques et les capacités des candidats.
Parmi les candidats, y en avait-il qui ne répondait pas au profil requis ?
• Il n’y avait pas de candidat parfait, mais chacun avait ses atouts. Ce qui a été déterminant dans le choix, à mon humble avis, est l’expérience et la connaissance des institutions, la probité et l’engagement du candidat dans la défense des intérêts du pays. A ce sujet, le CV et l’interview ont permis au collège de découvrir véritablement chaque candidat dans toute sa dimension.
Les résultats étaient attendus au plus tard à minuit. Finalement c’est vers 4 h du matin que le choix définitif du président de la transition a eu lieu. Pourquoi ce retard ? Y a-t-il eu des couacs ?
• Il n’y a pas eu de couacs mais des échanges francs, sincères et vifs par moments. Mais la vivacité, loin d’être mauvaise en soi, était l’expression d’une franchise et d’une grande foi dans la cause qui unit tous les patriotes et fils de ce pays : la cause élevée et noble de l’intérêt supérieur de la nation. Le collège avait la haute conscience de sa mission, et je crois qu’il s’est efforcé de ne pas perdre de vue la philosophie de sa mission, qui était celle de la restauration de la confiance et de l’espoir dans notre Faso tout en respectant les aspirations profondes de la jeunesse.
Comme on le sait désormais, c’est Michel Kafando qui a été retenu. Y a-t-il eu unanimité ou simple consensus autour de sa personne ?
• Dans ce genre de situation, à défaut de l’unanimité, conformément à notre nouvelle charte, on essaie au maximum de rapprocher les positions des membres en recherchant le consensus. Un président d’une transition dans un contexte sensible comme le nôtre doit transcender tous les clivages et bénéficier de l’accompagnement et du soutien de toutes les composantes de notre pays dans notre cheminement vers la normalisation et la reconstruction démocratique.
Quelle a été l’ambiance de travail ? Le comité n’a-t-il pas subi des pressions, notamment des militaires, visant à lui faire porter son choix sur tel ou tel prétendant ?
• L’ambiance était cordiale et franche. Personnellement, je n’ai subi ni entendu parler d’aucune pression de qui que ce soit. Je crois que chaque membre du collège, fort de la confiance dont il a bénéficié de sa composante, a agi en son âme et conscience en pensant à l’avenir du pays et surtout à la souffrance endurée jusque-là par le peuple et la jeunesse qui a payé le plus lourd tribut à cette insurrection populaire.
Au regard du volume du travail, les membres du comité ont-ils bénéficié d’une quelconque prise en charge ?
• Personne n’a reçu de perdiem, cela aurait apparu malsain de servir des prises en charge dans une mission qui s’apparentait à un sacerdoce, à un don de soi. C’est vrai que plusieurs artisans de cette transition ont sacrifié leur sommeil et leur temps, mais cela n’est rien face au sang des martyrs qui a coulé !
Propos recueillis par
Alain Saint Robespierre
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