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Isaac Zida nommé Premier ministre : éviter le syndrome Jean-Baptiste Ouédraogo/Thomas Sankara
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  L`Observateur Paalga
Michel
© Autre presse par DR
Michel Kafando, président de la transition du Burkina




La nouvelle est tombée hier en fin de matinée : c’est le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida qui a été nommé au poste de Premier ministre par le président de la transition, Michel Kafando.

Les puristes et autres jusqu’au-boutistes du tout-civil resteront sans doute sur leur faim, eux qui souhaitaient que même pour ce deuxième poste de l’ordonnancement juridico-politique des organes de sortie de crise, le titulaire en soit un civil pur jus.

De ce point de vue, ils n’hésitent pas à parler d’un syndrome Medvedev/Poutine, cet attelage russe où dans les faits, c’était le Premier ministre, l’ancien KGBiste Poutine, qui détenait la réalité du pouvoir par le président Medvedev interposé.

Les partisans de cette thèse craignent qu’auréolé du prestige que lui ont conféré les deux semaines qu’il a passées à la tête de l’Etat, le colonel Zida ne conçoive le président Kafando comme son homme lige dans un théâtre de marionnettes où il tirerait les ficelles.

Ceux qui pensent ainsi estiment que si les militaires, par le colonel Zida interposé, ont accepté de remettre les rênes de l’Etat à un président civil, ils entendaient tout de même ne pas se laisser totalement marginaliser du processus en prenant la charge de la primature, ce d’autant que la Charte finalement adoptée a reconnu que ce poste pouvait aussi bien revenir à un homme en costume-cravate (ou pourquoi pas à une femme en tailleur) qu’à un homme en treillis.

Face à toutes ces craintes, fort justifiées, d’autres objectent en citant de Gaulle selon qui il n’y a point de politique qui vaille en dehors des réalités. Et une de ces réalités, c’est la nécessité de maintenir en bonne place dans le partage du nouveau pouvoir d’Etat un homme comme le colonel Zida pour, d’une part, sécuriser le processus en cours et, de l’autre, maintenir la cohésion de l’armée et pourquoi pas tracer les sillons de sa refondation ?

Il reste tout de même que l’actuelle configuration de l’exécutif n’est pas sans rappeler, mutatis mutandis, il y a 32 ans de cela, l’attelage Jean-Baptiste Ouédraogo, chef de l’Etat, et Thomas Sankara, Premier ministre.

Il est vrai qu’à l’époque, les deux étaient militaires :

- Jean-Baptiste Ouédraogo, médecin-commandant, calme et tempéré comme il se peut, avec l’esprit de discernement tiré de ses années au petit séminaire de Pabré ;
- Thomas Sankara, bouillant capitaine, verbe haut mâtiné de populisme et d’anti-impérialisme militant, tonitruant, au charisme indéniable.

Mais au-delà de ces différences caractérielles, on s’est retrouvé en 1983 avec deux hommes ayant chacun son agenda.

Jean-Baptiste Ouédraogo n’aspirait à rien d’autre qu’à une transition de deux ans au plus à l’issue de laquelle on retournerait à une vie constitutionnelle normale. Quant à Thomas Sankara, il était lui bien plus ambitieux et plus idéologiquement marqué.

Chaperonné par les marxistes de la Ligue des patriotes pour le développement (LIPAD), il aspirait à une société nouvelle par la révolution démocratique et populaire.

Pour lui et ses amis en ville, la nomination de Jean-Baptiste Ouédraogo à la tête du Conseil du salut du peuple (CSP) et, partant, de l’Etat n’avait pour seul but que de rassurer dans un premier temps les bien-pensants en attendant que les conditions soient remplies pour proclamer la révolution. Un peu comme en Russie, où en 1917, le modéré Kerenski Fiodorovitch fut hissé à la tête du gouvernement provisoire pour leurrer les bourgeois en attendant que le révolutionnaire professionnel, Lénine, n’arrive de son train blindé pour déclencher la révolution bolchevick.

La rivalité Jean-Baptiste Ouédraogo/Thomas Sankara connaîtra elle aussi ses péripéties : l’arrestation du Premier ministre et sa déportation à Ouahigouya, la fuite de son ami Blaise Compaoré et sa sanctuarisation pendant deux mois et demi à Pô, l’entrée victorieuse du même Blaise la nuit du 4 août 1983 à Ouagadougou et la proclamation de la révolution par Thomas Sankara la même nuit.

Comparaison n’étant pas raison, rien dans le comportement que le colonel Zida nous a donné de constater durant ses deux semaines de présidence ne laisse deviner un tempérament dominateur et accapareur. Deux traits de caractère qui peuvent entacher l’harmonie souhaitable entre un chef de l’Etat et son Premier ministre. Surtout dans les circonstances actuelles

Deuxième raison d’espérer une cohabitation fructueuse entre le civil Michel Kafando et son Premier ministre militaire, c’est que le contexte de 2014 n’est pas celui des années 80. La transition est bien encadrée non seulement par la Constitution mais aussi et surtout par la Charte consensuelle solennellement signée le dimanche 16 novembre dernier.

Il ne s’agit donc pas d’une navigation à vue comme au temps de JBO et Thom Sank. Une date butoir a été fixée pour les tâches transitoires dont le couronnement sera l’organisation d’élections présidentielle et législatives sous délai impératif de douze mois.

Mieux, il y a une communauté internationale qui veille par CEDEAO et UA interposées. On est donc loin du temps où un certain Mouammar Kadhafi faisait débarquer armes et pétrodollars au profit de l’aile dite progressiste du CSP, quand il ne débarquait pas lui-même en personne pour adouber son poulain Sankara.

Croisons donc les doigts pour espérer que tout ira pour le mieux dans la meilleure des transitions entre le président, Michel Kafando, et son Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.

La Rédaction
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