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L’Observateur N° 8276 du 18/12/2012

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Simon Compaoré : «Je suis venu par la porte, je repars par la porte»
Publié le mercredi 19 decembre 2012   |  L’Observateur


Conférence
© aOuaga.com par A.O
Conférence de presse : Simon Compaoré fait ses adieux après 17 ans à la tête de la Ville
vendredi 14 décembre 2012. Burkina Faso, Mairie de Ouaga : Le maire Simon Compaoré fait ses adieux après 17 ans à la tête de la Ville en présence du maire de Benin et ses collaborateurs


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Comme promis dans notre édition du vendredi 14 décembre 2012, nous revenons sur le face-à-face entre le maire sortant de Ouagadougou, Simon Compaoré et la presse écrite. Pour des raisons évidentes, nous ne pouvons pas vous proposer l’intégralité des trois heures et demie d’entretien avec l’édile. Alors, revenons sur quelques points saillants abordés au cours de cette ultime interview de «Tébguéré».

Quelles sont les réalisations que le maire sortant est fier de léguer à la capitale ? Le principal intéressé cite volontiers la Police municipale composée aujourd’hui de 478 éléments appuyés par 100 volontaires qui réglementent la circulation et de 697 jeunes travaillant actuellement dans le cadre de ce projet Haute intensité de main-d’œuvre (HIMO) ; la Brigade verte forte de 2 087 femmes ; la Radio municipale de Ouagadougou ; et le Parc Bangr Wéogo qui enregistre trois millions de visiteurs par an. Tout n’a cependant pas été rose durant son mandat à la tête du Conseil municipal de Ouagadougou.

Les taches noires qui viennent assombrir le tableau ont notamment pour noms : la divagation des animaux dans la ville, la fermeture des maisons closes, les nuisances sonores, le port du casque, la disparition du Club de football de Ouagadougou, … La mairie de Ouagadougou en chiffres ?

C’est une masse salariale de 2,3 milliards de F CFA par an, pour 1 800 personnes qui travaillent aujourd’hui à son compte et un budget qui est passé de 2 milliards de F CFA en 1995 à 22,23 milliards de F CFA aujourd’hui et un ensemble de dettes qui s’élève à 2,6 milliards de F CFA, soit 1,2 milliard de F CFA au niveau de l’AFD et 1,4 milliard de F CFA à l’AID/Banque mondiale.

Simon reconnaît également que malgré le fait que sur les 2 300 kilomètres de routes dans la capitale, 410 km sont bitumés soit environ 18%, «le charme de notre ville, c’est la poussière, contrairement aux autres qui ont la fraîcheur marine»

L’adressage de la capitale n’est-elle pas trop liée aux personnalités du Plateau mossi ? «Non, nous avons eu des avenues au nom de personnalités comme Che Guevara qui sont si loin de nous ! C’est dire que nous sommes internationalistes. Si vous aviez le répertoire de ce vaste travail fait sous la direction de Me Titinga Pacéré, vous verriez qu’il y a autant de noms mossi, samo, bobo, peulh… Nous ne disposons pas suffisamment de moyens pour placer les plaques partout, sinon les noms existent. A chaque fin d’année, nous prenons quelques-uns pour organiser des baptêmes. Le conseil municipal a adopté, un document comportant un millier de noms et dans ce répertoire, cette préoccupation est largement partagée et par ceux qui ont fait le travail et par le Conseil municipal».

Mais pourquoi diable la sirène de l’hôtel de ville ne réveille plus les Ouagalais ? «La sirène n’est pas faite pour réveiller les gens. Elle est utilisée pour informer les citoyens des graves problèmes. Nous avons arrêté pour des raisons que nul n’ignore. Il ne faut pas que quelqu’un vienne sonner la sirène au moment où nous n’avons pas besoin qu’elle sonne. Mais je vous informe que vous allez à nouveau l’entendre le 31 décembre».

Combien donc touchait le bourgmestre de la capitale ? «Le maire au Burkina n’a pas de salaire mais plutôt une indemnité. J’avais 190 000 F CFA en 1995, quand j’ai commencé, et ce, pendant les cinq ans de mon premier mandat. Je suis un cadre de l’Etat, de la catégorie A1 et je touchais un salaire mensuel d’un peu moins de 200 000 F CFA. Ce qui a fait dire à un maire de Libreville que c’était des broutilles. Lui était dans les cinq briques. On a ensuite demandé à l’Etat central de revoir les choses parce que les maires prennent beaucoup de risques dans leurs activités. Certains collègues des communes rurales touchaient 35 000 francs. Même avec les 190 000 francs, il fallait vraiment avoir de l’amour pour sa ville et rester avec tous ces problèmes. L’Etat a essayé de changer les choses et à ce jour, j’ai amélioré ma situation et je gagne autour de 400 000. Si j’étais dans le privé, je toucherai plus. Il y a des jeunes que j’ai encadrés et qui touchent une brique ou plus, par mois».

Il avoue que les défis qui attendent l’équipe entrante sont nombreux : «J’avais dit que "Ne vit pas à Ouagadougou qui veut, mais qui peut". Je persiste et je signe. A l’époque, on m’a fait dire que si tu n’es pas riche, tu ne peux pas vivre à Ouagadougou. Ça c’est de la malveillance». Le nouveau Conseil municipal devra également faire face à un nouveau phénomène : les tricycles.

«J’étais couché sur mon lit d’hôpital, à Créteil, quand on m’a informé que dans la ville, il y avait des engins nouveaux. J’étais entre la vie et la mort. Je ne pouvais pas distinguer les engins à deux roues des engins à trois roues. Je cherchais, moi, la vie. Avec l’exemple de nos amis béninois avec les "zémidjans", nous aurions voulu que cela n’arrive pas ici. Maintenant, ce sont les trois-roues qui sont entrés. L’Etat central a résolu cette question en adoptant des textes en Conseil des ministres. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Mais quand je suis venu (de Créteil), j’ai rencontré les chauffeurs des tricycles pour leur expliquer le contenu du décret du gouvernement et qu’ils avaient la période de mars-début janvier pour se mettre en règle».

Ne réfutant pas l’hypothèse de devenir un jour pasteur comme son père, Simon exige néanmoins de partir dignement : «Je ne souhaite pas partir par la fenêtre. Je suis venu par la porte, je repars par la porte. C’est ça qui est digne avec mon départ. Laissez-moi partir dignement, parce que je suis venu dignement. Il faut savoir que mon temps est arrivé. Comme dit l’Ecclésiaste, il y a un temps pour toute chose, un temps pour être maire, un temps pour mettre fin à la fonction de maire».


Alain Saint Robespierre & Hyacinthe Sanou

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