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L’Observateur N° 8275 du 17/12/2012

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Le Quotidien : Premier journal suspendu par le CSC
Publié le mardi 18 decembre 2012   |  L’Observateur


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Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a, en vertu de ses prérogatives en la matière, suspendu le journal Le Quotidien de toute parution, à compter d’aujourd’hui 17 décembre 2012 jusqu’au dimanche 23 inclus. Mais pourquoi en est-on arrivé là ?

«Accident de la circulation : 2 motos calcinées, une victime brûlée au 3e degré», c’est le titre d’un article relatant un fait divers paru dans les colonnes de notre confrère Le Quotidien dans sa livraison du lundi 26 novembre 2012. Un récit illustré par des images jugées choquantes par le Conseil supérieur de la communication. En effet, à la "Une" du canard, on pouvait voir l’image d’un accidenté brûlé, le dos en lambeaux, et de deux motos en feu. L’autorité a donc sévi : une suspension de parution d’une semaine (du 17 au 23 décembre 2012 inclus). Une première dans l’histoire de l’institution de régulation, en ce qui concerne en tout cas la presse écrite.

Qu’est-ce qui a motivé une telle décision ? Du côté de Zabre- Daaga, on crie à l’arbitraire. Selon Souleymane Traoré, le directeur de publication du journal incriminé, que nous avons rencontré vendredi dernier, l’intention de sa Rédaction était d’attirer l’attention des uns et des autres sur le danger que l’on court en transportant en pleine agglomération du liquide inflammable, de surcroît sur une moto. «Nous ne gagnons rien à choquer nos lecteurs, on n’éprouve pas de plaisir à publier de telles images. C’est juste que nous voulons sensibiliser», a-t-il affirmé. A l’entendre, l’arbitraire réside dans le fait que la sanction tombe après une audition où, empêché, il s’est fait représenter par son rédacteur en chef et l’adjoint de celui-ci. En principe, dit-il, «dès que les gens sont auditionnées, c’est pour un consensus. Ce qui a d’ailleurs été le cas. Mais on ne peut pas comprendre qu’après cela, quelques jours après, une sanction tombe».

Au CSC, naturellement, l’argument brandi est tout autre : «Cette décision fait suite à la constatation de manquements récurrents à la loi et à la déontologie dans ce journal et auxquels le directeur de publication semble manifestement n’accorder aucune considération malgré les multiples observations et conseils de l’instance de régulation de la communication». En effet, à en croire Béatrice Damiba et son vice-président, Jean Claude Bonzi, qui nous ont reçus, durant l’année 2012, le CSC a adressé deux lettres d’observation au Directeur de publication pour attirer son attention sur l’irrégularité de certaines pratiques de son titre tout en l’appelant à plus de professionnalisme. Aussi, au cours de cette même année, le journal a été auditionné deux fois par suite de la publication d'images macabres des tueries de Guénon dans le Nahouri et d’un article portant atteinte à la vie privée d’un couple à Bobo. C’est pourquoi cette publication de l’image de la victime de l’accident a "sonné le glas" pour Le Quotidien, puni donc si on ose dire pour "l'ensemble de son œuvre". C’est en vertu de ses prérogatives en la matière stipulées par l’article 35 de la loi n° 028-2005/AN, portant création, composition, attributions et fonctionnement du CSC, que la décision a été prise, au dire de la présidente de l’institution.

Mais cela ne convainc pas notre confrère qui pense que la sanction est préméditée. En plus, M. Traoré pense que le "gendarme des médias", comme on l'a si souvent brocardé, n’est pas habilité à fermer un journal ; c’est parce que les médias existent que l’institution existe. Cette institution, de son avis, se doit de soutenir les médias par des formations, des sensibilisations. «Maintenant, nous constatons que le CSC est devenu une police répressive. Il lui faut malgré tout avoir des arguments solides pour sanctionner, et ces sanctions doivent être progressives. Il pouvait commencer par 24 heures, mais une semaine ; cela montre que le CSC a d’autres intentions», affirme, amer, M. Traoré, décidé à introduire un recours auprès des juridictions compétentes. Lui qui prévoit déjà le manque à gagner d'une semaine de repos forcé.

M. Arnaud Ouédraogo

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