CDP, ADF/RDA et UPR sont entre autres, des formations politiques du Burkina. Secret de polichinelle, la première est le parti présidentiel, né de la fusion de l’ODP/MT et de partis satellites. C’est lui qui a permis au président de briguer successivement trois mandats (1998, 2005, 2010). L’ADF/RDA sous les « bons conseils » du dernier de ses leaders et père de l’actuel président est tombée sous le charme du président Compaoré. Depuis la présidentielle de 2005, le parti de l’Eléphant a quitté l’opposition pour convoler en noces avec le chef de l’Etat. L’Union pour la République de Toussaint Abel Coulibaly depuis sa création n’a pas caché son amour pour Blaise Compaoré.
Cependant depuis février 2012 les ambitions des mouvanciers, de la majorité, et du parti présidentiel sont divergentes, mais se rencontrent dans la volonté de chérir le président du Faso. Ainsi, l’ADF/RDA, l’UPR sont devenues des coépouses, mais pas les seules du CDP.
Alors tous les trois partis aiment, adorent… soutiennent naturellement le président Blaise Compaoré dans ses actions pour un Burkina Faso émergent.
A l’image des rivales, chacune à son niveau cherche à démontrer au président Blaise Compaoré, combien elle tient à lui, jusqu’où elle peut aller et ce dont elle est capable pour lui témoigner son attachement. Pour tout dire, Blaise Compaoré est le p’tit ami des trois formations politiques. Toutes lui font des avances de quelque manière qu’elles soient.
Dans cette rivalité affective apparaissent évidemment des querelles. Le premier responsable du l’Union pour la République (UPR) n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer un processus de cannibalisation qui s’orchestrerait à l’encontre de son parti. Toussaint Abel Coulibaly a dit haut et fort et à qui voulait l’entendre qu’il n’aime pas le CDP, mais plutôt Blaise Compaoré. Même son de cloche chez le parti de l’Eléphant qui dit n’aimer aussi que l’homme, mais pas le CDP. Comme il est de nature dans les unions plurielles, il paraît normal que les co-épouses de Blaise Compaoré ne puissent pas s’entendre. La première : le CDP qui apparaît « plus fidèle » ne veut en aucun cas céder même une portion de place à ses rivales. C’est de bonne guerre. Tout se passe comme dans certaines unions polygames où les épouses cherchent chacune à garder monsieur jalousement, loin des autres.
Elles passent ainsi leur temps à user de moyens pour faire détester la rivale à l’époux. On entend alors par-ci, par-là les défauts de l’autre et des conjectures sur ses défaites probables. Les élections couplées du 2 décembre 2012 précédées de la campagne électorale qui a duré deux semaines ont vu s’éclater au grand jour les inimitiés entre les « copines » de Blaise Compaoré. Que de paradoxes, de controverses et d’incompréhensions ! Chaque parti à son niveau n’a pas lésiné, ni sur les moyens financiers, ni sur les moyens humains pour séduire l’électorat. L’argumentaire politique n’a pas manqué chez les épouses « premières dames » du Faso. Le CDP, l’ADF/RDA et l’UPR sont allés en rang dispersé aux élections.
Ce qui est normal. L’élection du président est une chose, les élections municipales et législatives en sont une autre. C’était l’occasion pour chaque parti de montrer ses capacités réelles. Chaque co-épouse aura eu ses résultats pour continuer à plaire au président. Ah ! N’oublions pas ! Elles ne sont pas que trois co-épouses. Il y en a d’autres qui font de la figuration. La lutte pour la séduction est souvent rude pour elles si bien qu’on ne les voit pas assez. Dans ce paquet de crabes où les ambitions sont pour le moins inavouées aux militants, il reviendra au président de choisir sa favorite. Le CDP, la première épouse a encore des atouts, mais semble affaiblie par l’usure du temps. Car, sa sérénité est mise à rude épreuve depuis l’émergence d’une structure associative, la FEDAP/BC qui progressivement se transforme en parti politique selon les besoins du moment.