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Réunion d’opposants africains à Paris :des antidotes en expérimentation contre l’épidémie des révisions constitutionnelles
Publié le mercredi 19 novembre 2014  |  Le Pays




Par ces temps qui courent, les présidents africains, tripatouilleurs de Constitutions confirmés ou en herbe, ont certainement le sommeil léger pour ne pas dire qu’ils ont des insomnies. Ils sont probablement nombreux à maudire le jour où les Burkinabè ont décidé de mettre un terme aux velléités de pouvoir à vie de Blaise Compaoré. C’est en effet un truisme de dire que de nombreux chefs d’Etat africains, qui caressent le rêve de régner à vie, ont suivi avec grand intérêt le bras de fer qui s’était engagé au Burkina Faso, à propos de la révision constitutionnelle qui devait permettre à Blaise Compaoré de briguer un énième mandat à la tête de l’Etat burkinabè à la fin 2015. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la tournure des événements, en plus d’avoir surpris plus d’un, tant Blaise Compaoré était considéré quasiment comme indéboulonnable par ses pairs, a aussi et surtout sidéré ceux de ses homologues qui comptaient sur lui pour ouvrir le bal des révisions de lois fondamentales. La nouvelle d’un Blaise Compaoré obligé de prendre ses jambes à son cou sous la colère de son peuple assoiffé de changement, n’a pas été du goût de ceux qui rêvaient en secret, de suivre les pas de l’ex-locataire de Kosyam, en tripatouillant la Constitution de leur pays. A présent, il est évident que le terrain est miné pour les dictateurs. C’est vraiment un sale temps pour les tripatouilleurs de Constitutions.

Le courage des Burkinabè est en train de faire tache d’huile sur le continent
On en veut pour preuve cette réunion à Paris, d’opposants originaires de huit pays africains, à savoir les deux Congo, la Guinée équatoriale, le Sénégal, le Burundi, le Bénin, la Centrafrique et le Gabon, pour la signature d’une déclaration contre ce qu’il est convenu d’appeler l’épidémie de révision constitutionnelle en Afrique, tant les velléités de tripatouillages de ces textes juridiques sont légion sur le continent. Ces opposants disent s’inspirer de la lutte du peuple burkinabè. C’est dire à quel point l’exemple burkinabè fait et fera des émules. Les Burkinabè peuvent donc être fiers d’eux. Leurs sacrifices ne sont pas vains. Bien au contraire. En plus de se libérer, de mettre leur pays sur orbite pour ce qui est de la lutte pour une démocratisation effective, le courage des Burkinabè est en train de faire tache d’huile sur le continent. Désormais, on peut retenir qu’après la Tunisie, la Libye, l’Egypte pour l’Afrique du Nord, le Burkina Faso aura été un exemple de courage contre la dictature pour l’Afrique de l’Ouest. C’est donc une fierté pour ce pays qui prouve ainsi n’avoir pas usurpé son nom de pays des Hommes intègres.

Pour réaliser cette prouesse historique, le peuple burkinabè, faut-il le rappeler, a dû s’organiser, accepter d’énormes sacrifices, conscient qu’il était, que ses dirigeants d’alors ne comprendraient hélas, que le langage de la violence. Bien des partis de l’Opposition politique ont su se donner la main au-delà des clivages et des divergences idéologiques. Des hommes et des femmes naguère simples observateurs, ont dû descendre dans l’arène pour mener ce combat, en vue de sauver la démocratie et l’Etat de droit, pour que force reste à la loi. La société civile s’est renforcée incontestablement avec de nouveaux mouvements bien structurés, avec à leurs têtes d’éminentes personnalités qui ont décidé de quitter le confort douillet de leurs bureaux, cabinets et autres studios, mais aussi et surtout la fausse quiétude de leurs indifférences, pour se retrousser les manches. Ce faisant, ils ont su pétrir avec ardeur la pâte de la sensibilisation, de l’information et de la conscientisation tous azimuts des populations sur les dangers de la forfaiture que représente le tripatouillage des textes fondamentaux d’un Etat, au seul profit d’un individu et de son clan.

Un vent de démocratie nouveau souffle sur le continent
Le tout, dans une dynamique d’unité assumée. C’est dire que la victoire du peuple burkinabè est le fruit d’une bonne organisation, d’une unité d’actions et qu’il serait judicieux pour les opposants des autres pays, de s’en inspirer. Une victoire de cette ampleur ne peut se gagner sans unité, sans organisation méticuleuse. Il appartient à ces opposants de relever ce défi s’ils veulent se donner toutes les chances de succès, comme l’a fait le peuple burkinabè dont ils disent s’inspirer.

C’est, en tout cas, un vent de démocratie nouveau qui souffle sur le continent. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre et les Africains ne doivent pas rater l’occasion de cette marche accélérée de l’histoire. Plus rien ne sera comme auparavant. Même pour les organisations internationales, la gestion des crises liées à ces tentatives de tripatouillages constitutionnels devrait connaître des améliorations. L’accent devrait être dorénavant mis sur la prévention. Et le secrétaire général de l’Organisation de la Francophonie, l’ex-président sénégalais Abdou Diouf, ne s’y trompe pas quand il recommande en substance de consacrer dans les différents textes fondamentaux, le principe de deux mandats présidentiels consécutifs au maximum. Des organisations comme l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) seraient bien inspirées de revoir leurs documents juridiques consacrant le principe de la démocratie et de l’Etat de droit dans leurs pays membres, pour éviter ou au moins réduire à sa plus simple expression, les interprétations équivoques. La place de l’alternance au sommet des Etats doit être plus renforcée dans l’arsenal législatif, et les moyens de rappeler à l’ordre un chef d’Etat doivent être mis en branle de façon générale et impersonnelle, sans autre considération que la nécessité du respect des standards de l’Etat de droit démocratique et de l’intérêt supérieur des populations.
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