Politique
Départ honorable de Zida :une aura à préserver
Publié le mercredi 19 novembre 2014 | Le Pays
© aOuaga.com par G.S
Distinctions : le lieutenant-colonel Zida élevé à la dignité de Grand-Croix de l`Ordre national Mardi 18 novembre 2014. Ouagadougou. Conseil économique et social (CES). Le Grand chancelier des Ordres du Burkina, colonel Mamadou Djerma, a élevé le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, chef de l`Etat de la transition, au rang de dignité de Grand-croix de l’Ordre national du Burkina |
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Deux évènements ont marqué la vie politique du Burkina, ce mardi 18 novembre 2014. La décoration du lieutenant-colonel Yacouba Zida et la prestation de serment de Michel Kafando en tant que président désigné de la transition. Si le second est un acte qui ne mérite pas que l’on s’y attarde, puisqu’il s’inscrit naturellement dans le processus de transfert du pouvoir, le premier mérite bien un commentaire.
L’on peut d’abord se poser la question de savoir si Isaac Zida est digne de cette décoration. A cette question, les forces politiques, citoyennes et morales du pays en particulier et le peuple burkinabè en général, pourraient répondre par l’affirmative. En effet, « l’enfant de Gomponson » dans la province du Passoré, le lieutenant-colonel Zida, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aura positivement marqué les esprits par son attitude, depuis la chute de Blaise Compaoré jusqu’à l’avènement de Michel Kafando à la tête de l’Etat.
On peut s’interroger sur l’avenir de Zida
La promptitude avec laquelle il s’est emparé des manettes du pays, a visiblement évité au pays de s’installer dans la cacophonie et la chienlit. L’on peut aussi relever la perspicacité avec laquelle il a su encadrer le redoutable RSP ( Régiment de la sécurité présidentielle), aux temps forts de l’insurrection. L’on peut dire, et c’est le moins, que l’homme a su garder ses hommes sous-contrôle. Autrement, au regard de la puissance de feu de cette unité, Ouagadougou aurait été complètement défigurée, le pays aurait compté ses morts par milliers et le Burkina aurait basculé dans la guerre civile. Pendant le court moment qu’il a passé à la tête de l’Etat, il a fait preuve d’un sens élevé de l’écoute et du compromis, pour sauver notre chère patrie. Ce faisant, il s’est inscrit en faux contre tous ceux qui avaient prévu que le Burkina connaîtrait le chaos au cas où « l’indispensable » Blaise Compaoré viendrait à quitter le pouvoir d’une manière ou d’une autre. Enfin, Zida est un homme de parole. D’aucuns avaient craint qu’il ne fît comme certains de ses frères d’armes d’Afrique, qui s’étaient emparés avant lui du pouvoir dans un contexte de crise dans leur pays, avec l’engagement ferme de le restituer aux civils dans un bref délai. Finalement, ils se sont illustrés dans une attitude de « pouvoiristes ». Toute chose qui avait été préjudiciable à leur pays. De ce point de vue, l’on peut affirmer que Zida ne peut être logé à la même enseigne que le Guinéen Dadis Camara ou le Malien Haya Sanogo. Manifestement, le lieutenant-colonel Zida n’est ni un soudard, ni un assoiffé du pouvoir. Il est plutôt un soldat vaillant qui a pris fait et cause pour son peuple, à un moment critique de son histoire, à l’instar du Ghanéen Rawlings et du Nigérien Salou Djibo. Pour toutes ces raisons, l’on ne doit pas craindre de dire que la distinction que vient de lui conférer la nation n’est pas volée. Cela dit, l’on peut, à présent, s’interroger sur l’avenir de Zida. Restera-t-il au sein de la Grande muette, et à quel poste ? Bénéficiera-t-il d’un statut d’ancien chef d’Etat ? Quel rôle jouera-t-il dans la transition politique ? Rêve-t-il d’un destin national ? Ces questions sont d’importance parce que leurs réponses pourraient aider à élucider le mystère que représente « l’enfant de Gomponson » aux yeux de bien de ses compatriotes.
Zida devrait s’orienter vers une carrière internationale
Mais en attendant, l’on peut se permettre de lui faire les suggestions suivantes. L’aura qu’il a aujourd’hui au sein de l’opinion nationale et dans une certaine mesure, de l’opinion internationale, pourrait être ternie, s’il venait à troquer le treillis contre la veste pour prendre pied dans l’arène politique. Le Malien Toumani Touré en sait quelque chose. En effet, adulé dans un premier temps par les forces vives maliennes, pour avoir aidé à débarrasser le pays du régime vermoulu de Moussa Traoré, il fut après conspué par le même peuple. La suite, on la connaît. Le justicier d’hier est devenu aujourd’hui un véritable paria qui vit un exil forcé et humiliant qui s’apparente à une mort politique et sociale au « pays de la Teranga » ; personne ne doit souhaiter ce destin cruel à Zida. Or, c’est ce qui pourrait lui arriver s’il venait, un jour, à céder à certaines sirènes. A ce que l’on dit, il pourrait être intéressé par le poste de Premier ministre. Ce serait également une erreur, parce qu’en plus de porter ombrage à Michel Kafando, il s’exposerait à des attaques venant de toutes les chapelles politiques pour la moindre erreur de sa part. C’est pourquoi Zida, pour préserver l’aura qu’il a aujourd’hui, doit savoir qu’il pourrait être utile à son pays, à l’Afrique et au monde, en s’orientant vers une carrière internationale. Il en a le profil de l’emploi et les grands de ce monde qui l’ont observé ces derniers jours, ont dû certainement le noter.
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