Le vendredi 15 décembre 2012, la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) a coupé le courant de la mairie de Ouahigouya et de ses services rattachés. Et cela, pour cause de factures impayées qui s’élèveraient à 30 millions de F CFA. Ainsi, comme une traînée de poudre, la nouvelle a fait le tour de la ville et continue d’alimenter de nombreuses conversations.
Que se passe-t-il à la mairie de Ouahigouya ? Cette question, nombre de Ouahigouyalais se la posent après la coupure d’électricité qui a touché la mairie, les CSPS de la ville, la bibliothèque communale, le conseil régional et l’abattoir. Tout remonte au vendredi 15 décembre 2012, date à laquelle la SONABEL a coupé le précieux jus de l’Hôtel de ville et de ses services attachés. Coupée dans la matinée, l’électricité a été rétablie dans la soirée au niveau de la mairie, mais pas dans les autres services. Ce rétablissement a été fait, selon nos sources, suite à des âpres discussions que les responsables administratifs de la mairie ont eues avec les premiers dirigeants de la SONABEL.
Les citoyens s’attendaient alors à voir l’électricité rétablie dans les autres centres le lundi 17 décembre. Mais au lieu de cela, ils ont plutôt eu la désagréable surprise de constater que le courant de la mairie a été coupé à nouveau. L’affaire fait grand bruit dans la cité de Naaba Kango. Plusieurs sources concordantes avancent une somme de 30 millions de F CFA comme montant global des factures impayées. « Je trouve la décision de la SONABEL disproportionnée et méchante. Pourquoi elle n’a pas coupé l’électricité dans les autres mairies qui doivent aussi à la SONABEL ? Mais comme c’est la mairie de Ouahigouya, il faut couper pour montrer que nous sommes redevables à la SONABEL. Je trouve que ce n’est pas juste ... » Ces propos d’un agent de la mairie, nous les avons recueillis le 17 décembre 2012 entre 13h 45 et 14h. Coincé dans son bureau, l’homme nous a rassurés que des négociations étaient engagées pour désamorcer la situation. « C’est une incompréhension entre la mairie et la SONABEL, mais les gens veulent en faire un problème politique », nous a confié au téléphone un proche collaborateur du maire Abdoulaye Sougouri. Selon une source proche de l’Hôtel de Ville, la mairie de Ouahigouya a été sérieusement touchée par la crise sociale de 2011. Elle a subi des casses qui lui ont valu 6 mois sans recouvrement. C’est dans cette situation difficile qu’elle s’est débrouillée pour honorer, il y a quelques mois, les factures impayées du CSPS de Gondolgo au secteur 12.
La situation préoccupe au plus haut niveau
Quoiqu’il en soit, les services sus-cités ont été paralysés toute la journée du lundi 17 décembre à cause du manque d’électricité. Lorsque nous sommes arrivés vers 12h 45 à la bibliothèque communale, rien ne fonctionnait pour manque de courant. David Kindo, étudiant en 4e année de Lettres Modernes que nous avons trouvé sur les lieux suffoquait à cause de la chaleur. « Je suis là depuis ce matin. Je suis en train de préparer mon mémoire et j’avais besoin d’électricité pour travailler, mais le gérant m’a fait savoir que le courant est coupé depuis vendredi », nous a dit le jeune étudiant. Quelques agents de la mairie dont le travail nécessite de l’électricité ont vécu un calvaire toute la journée d’hier lundi. Constat amer du côté du service de l’Etat civil. Au niveau des CSPS, les accompagnateurs des malades sont obligés d’utiliser des éventails pour ventiler leurs malades. A l’abattoir, un groupe de relais a été mis en marche pour amoindrir les dégâts.
Qu’en est-il du stade municipal ? C’est la désolation, surtout que l’artiste malienne Doussou Bagayoko devrait arriver pour la première fois, vendredi prochain, à Ouahigouya. La prestation devait avoir lieu dans la cuvette du stade de l’hôtel de ville. L’organisatrice principale du concert que nous avons rencontrée, n’a pas caché sa tristesse. La situation, il faut l’avouer, préoccupe au plus haut niveau ; si fait que les autorités communales ont convoqué une conférence de presse pour informer l’opinion sur ce qui se passe. Initialement prévue pour le lundi 17 décembre à 15h dans la salle de conférences de la mairie, cette conférence de presse vivement attendue a été reportée sine die.