Politique
Quand la communication entraîne la déchéance du pouvoir de Blaise Compaoré
Publié le lundi 17 novembre 2014 | Sidwaya
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L’Ecole doctorale des Lettres, sciences humaines et communication (ED/LESHCO) de l’Université de Ouagadougou a tenu, le jeudi 13 novembre 2014 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème : «Les crises en Afrique de l’Ouest», titre d’un ouvrage collectif qui englobe les articles de plusieurs enseignants-chercheurs de trois universités de l’Afrique de l’Ouest.
L’insurrection populaire qu’a connue le Burkina Faso, les 30 et 31 octobre derniers est la conséquence d’un déficit de communication entre le gouvernement déchu de Blaise Compaoré et ses gouvernés. C’est l’avis de l’enseignant-chercheur au département de Communication et journalisme de l’Université de Ouagadougou, Dr Firmain Gouba. L’assertion de ce dernier a été publiée dans un article en janvier dernier et reprise dans un ouvrage collectif, «Les crises en Afrique de l’Ouest», de l’Ecole doctorale des lettres, sciences humaines et communication (ED/LESHCO) de l’Université de Ouagadougou. Le document a fait l’objet d’une conférence publique, le jeudi 13 novembre 2014 au temple du savoir. Elle a été animée par plusieurs conférenciers dont le Dr Firmain Gouba, enseignant-chercheur au département de Communication et journalisme de l’Université de Ouagadougou. Dans son article, «La communication publique et les crises de gouvernance au Burkina Faso», Dr Firmain Gouba a soutenu que la communication est l’alpha et l’oméga de toute crise. «Quand, on parle généralement de crise dans les pays africains, on prend pour référence les questions économiques, sociales, culturelles et linguistiques. J’ai essayé de démontrer qu’au-delà de ces facteurs, il y a d’autres qui peuvent être sources de troubles et la communication en est une, notamment quand elle est mal managée ou mal gérée», a-t-il expliqué. Pour illustrer son analyse, Dr Gouba s’est basé sur les débats qui se sont menées ces dernières années sur les questions de la mise en place du Sénat et de la modification ou non de l’article 37 de la Constitution burkinabè, limitant le nombre de mandats présidentiels. Sur la base des discours tenus par les protagonistes, les parties politiques et la société civile, l’enseignant a fait une opposition entre le gouvernant et le gouverné. «La tendance des propos nous oriente vers une crise due au fait que le gouvernement qui a le mandat de gérer la situation n’a pas su manager le débat et poser le problème de fond. Il n’a pas écouté tous les acteurs pour que chacun puisse apporter sa vision de la chose et qu’ensemble, des solutions soient trouvées», a regretté M. Gouba.
Privilégier l’humilité, la modération
Comme une prophétie, les soupçons du communicateur se sont confirmés avec le soulèvement populaire qui a eu pour conséquence la chute du régime de Blaise Compaoré. C’est pourquoi, il a invité les prochains dirigeants à mettre la communication au cœur des relations interpersonnelles mais aussi dans la gestion de l’Etat. A cet effet, il a précisé : «Dans nos traditions, on dit qu’avant de parler, il faut savoir tourner la langue sept fois dans la bouche». Dans la même lancée, il a appelé l’ensemble des acteurs de la gouvernance au Burkina Faso à plus d’humilité, de modération dans les propos et de tactique dans la gestion de la communication publique. «Prenons l’exemple de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Vous avez remarqué qu’elle a été saccagée au cours des événements des 30 et 31 octobre derniers. Donc, nous devons nous demander pourquoi les manifestants ne se sont pas pris aux autres organes», a signalé Dr Gouba. De son avis, c’est parce que tout simplement, la manière de traiter l’information à ce niveau «n’est pas la bonne». «Cela révolte les uns et les autres induisant ainsi cette agressivité», a-t-il souligné non sans ajouter que lorsque l’intérêt général est mis en jeux, la démarche doit consister à écouter tous les acteurs. De son point de vue, il n’est pas question de penser que l’on tient toute la vérité ou que l’on a une légitimité au détriment des autres composantes de la société en ce sens que l’intérêt général est une question qui interpelle tout le monde à quelque niveau que ce soit. «Tous ceux qui sont sortis pour faire tomber le pouvoir de la 4e République ne sont pas forcément des grands intellectuels, des cadres de l’administration. C’est n’importe quel citoyen, l’homme de la rue qui s’est senti interpellé par le débat parce qu’il y va de ses intérêts», a signifié le conférencier.
La recherche pour prévenir les crises
Selon le directeur de l’Ecole doctorale des Lettres, sciences humaines et communication (ED/LESHCO) de l’Université de Ouagadougou, Pr Mahamadé Savadogo, la présente conférence a pour objectif de présenter les publications faites par les membres de l’école durant l’année universitaire 2013-2014 mais aussi dresser un bilan des travaux ayant abouti à des publications. «C’est notre manière de soutenir la recherche», a-t-il avoué, tout en informant que le prochain recueil va porter sur l’intégration. Son adjoint le Dr Lalbila Aristide Yoda en justifiant le choix du thème a indiqué que le continent africain traverse aujourd’hui des crises de toute nature. En Afrique de l’Ouest particulièrement, a-t-il poursuivi, la plupart des pays ont connu des crises économiques au lendemain des indépendances. «Cette situation s’est exacerbée par des crises identitaires comme c’était le cas en Côte d’Ivoire, au Mali et au Nigéria», a soutenu Dr Lalbila Aristisde Yoda.
C’est ainsi, que l’école a estimé nécessaire de consacrer un ouvrage sur la thématique que «nous avons trouvée d’actualité et pertinente». Pour les auteurs des articles, il a confié qu’ils sont de nationalité burkinabè, togolaise et ivoirienne, enseignant la philosophie, la littérature, la communication et l’histoire.
Joseph HARO
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