Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article


 Titrologie



Le Pays N° 5188 du 4/9/2012

Voir la Titrologie

  Sondage

 Autres articles


Comment

Société

Rentrée universitaire en cote d’ivoire
Publié le mardi 4 septembre 2012   |  Le Pays


Université
© aOuaga.com
Université de Cocody (Côte d`ivoire)


 Vos outils




Ce ne sera pas facile, mais il faudra bien que le changement des mentalités s’opère dans les universités ivoiriennes qui ont rouvert leurs portes lundi dernier, après deux ans de fermeture. Les troubles post-électoraux d’avril 2011 sont passés par-là. Le cœur plein d’angoisse mais aussi d’espoir, parents et étudiants ont pu constater toutefois la réhabilitation des bâtiments et l’érection de nouveaux locaux. Les lieux se sont beaucoup métamorphosés. L’on souhaite maintenant qu’un état d’esprit nouveau baigne dans cet environnement où vont se croiser de nombreux individus. Nombre d’entre eux sont à la fois acteurs et victimes d’une situation peu ordinaire. D’une manière ou d’une autre, ils auront en effet contribué à plonger le pays tout entier dans une profonde détresse. En particulier, la Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire (FESCI) est accusée d’avoir été à l’origine de plusieurs actes de violence et de saccage. Le puissant syndicat estudiantin était considéré comme l’allié de l’ancien président Laurent Gbagbo. Ce dernier et ses partisans n’ont jusque-là pas digéré leur défaite lors du scrutin présidentiel remporté par ADO en fin 2011. On attend donc beaucoup d’efforts de la part de ce syndicat dont le secrétaire général plaide à présent pour le calme et une reconversion des esprits. Mais d’où vient-il donc que des éléments de la FESCI se soient autant aliénés jusqu’à devenir des instruments de causes qu’on savait pourtant perdues d’avance ? Et comment comprendre que certains ne soient même pas encore à l’heure des regrets ? Ils ruminent vengeance, réclament encore du sang, et continuent de défier le peuple ivoirien, et avec lui les autres peuples africains et l’ensemble de la communauté internationale. Certes, l’université africaine a un droit qu’on ne peut lui nier. Mais, il faut savoir faire la part des choses. Certains avaient donc fini par dépasser les bornes, allant jusqu’à transformer l’université d’abord en un nid d’espions, puis en un champ de batailles. Peu à peu, gourdins, coutelas, kalachs et autres, ont fini par faire du temple du savoir un sanctuaire pour milices. L’étudiant n’était plus un cadre en devenir, mais un membre de la troisième colonne ou à l’occasion un loubard, avec tout ce que cela comporte de délations, de médisance, de tracasseries et de saignées de toutes sortes. Malheureusement, parfois, à la dimension du pays tout entier, ou aux dépens de nombreuses communautés étrangères. La loi de l’hospitalité, sacrée en Afrique, aura donc été sacrifiée, et avec elle la vie de plus d’une génération de jeunes, suite à ces dérives. Ceux qui ont préféré aller au-delà des courants idéologiques et des débats démocratiques sains pour se muer en contestataires fébriles et sans envergure, ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes aujourd’hui s’ils se sentent abandonnés à leur triste sort. L’expérience ivoirienne est riche en enseignements pour l’université africaine en général. Elle instruit parents, étudiants, et au-delà tous les démocrates africains soucieux de l’avenir de ce continent. A l’exemple des autorités ivoiriennes, celles des autres pays, doivent s’efforcer de rebâtir leurs universités en faisant régner un nouvel état d’esprit. Pour ce faire, il faut y mettre le prix. Pas seulement en réclamant leur dû aux étudiants, lesquels doivent comprendre que construire un pays est une responsabilité à la fois individuelle et collective. Par exemple, ADO a mis la main à la poche. Il est donc en droit d’exiger des étudiants le minimum qu’attend d’eux le peuple ivoirien, après avoir consenti de lourds sacrifices. Parallèlement à la reconstruction du pays, on a fait le pari de façonner l’université, ce qui va de pair avec le remodelage des esprits. Il faut saluer l’audace et le geste du nouveau gouvernement ivoirien. Mais en contrepartie, il faut exiger des comportements plus responsables, axés sur la rigueur telle qu’on l’enseigne dans les facultés dignes de ce nom. Trop de temps a été perdu dans des conjectures ! Restaurer les valeurs cardinales de l’université s’impose désormais avec une nouvelle vision. L’université doit demeurer le creuset de la critique et de l’autocritique, le foyer incandescent de l’expression libre et d’apprentissage du débat démocratique sain. Non un terrain de pugilat associé à des revendications violentes et stériles. La contestation doit y revêtir des formes républicaines. Il faut éviter d’excéder le gouvernement et l’inciter à entreprendre le muselage du campus. Puisque, à l’image des universités nord-américaines, nous embrassons le système LMD, nos étudiants doivent, certes, faire leur part. Mais, ils sont en droit d’attendre des acteurs politiques et sociaux du pays, autant que des partenaires du privé et de l’international, la reconnaissance et la rétrocession de leur part dans la gestion des biens de la communauté universitaire. Un débat national devrait permettre de faire de nos universités de véritables pôles de référence dans ce monde en constante mutation. L’université africaine peut et doit pouvoir fournir de très bons résultats sur tous les plans, dans le respect de franchises universitaires bien négociées et respectées de tous. Le syndicat étudiant, comme c’est présentement le cas au Québec (Canada), doit avant tout défendre les intérêts des étudiants. Dans ce sens, les organisations syndicales en présence doivent savoir rivaliser dans les prestations de service, et non dans des bagarres qui traduisent une forme d’arriération mentale, et qui distraient de l’essentiel. Dans le même esprit, les résidences universitaires doivent cesser d’être des lieux de débauche, des nids pour individus malveillants à l’affût de sous-locations, des abris pour malfrats et indésirables en tous genres. C’est à ce prix que l’université ivoirienne retrouera sa vraie vocation, celle de temple du savoir.

LIENS PROMOTIONNELS


 Commentaires