L’énergie solaire, prônée par plusieurs personnes et institutions, se positionne lentement mais surement comme une alternative à l’énergie électrique. Très adaptée au contexte des pays africains, elle deviendra dans les années à venir, selon Emmanuel Kaboré, ingénieur électrotechnicien et directeur général de Projet Production Solaire (PPS), la solution sure pour les populations. Dans cette interview, il parle des avantages de cette énergie renouvelable ainsi que de sa situation actuelle au Burkina. Il présente aussi sa structure qui rend d’énormes services de qualité à ses clients.
Vous êtes à la tête de l’entreprise PPS. Pouvez-vous nous présenter votre structure ?
Emmanuel Ouédraogo : PPS est le sigle de Projet Production solaire. Notre entreprise est spécialisée dans l’énergie solaire photovoltaïque, l’électricité industrielle et la fourniture d’équipements miniers.
Dans le volet Energie solaire, nous faisons des études, des conseils et des installations. Au niveau des études, nous faisons les dimensionnements. En fonction des besoins des clients, nous réalisons des études avec des logiciels comme entre autres Retscreen qui nous permettent de savoir les quantités et la qualité du matériel solaire qu’il faut pour répondre aux besoins des clients.
Où êtes-vous installés ?
PPS était situé à côté de la Station Petrofa de Cissin. Mais vu l’agrandissement de la structure, nous sommes maintenant à l’ancienne gare TSR à Gounghin sur la Nationale N°1. Pour ceux qui connaissent mieux le super marché Marina Market, nous sommes situés à 300 m au côté Est. Notre numéro de téléphone est le 50 45 60 43.
Quelle clientèle visez-vous ?
Notre clientèle est actuellement constituée en grande partie de particuliers, de communes rurales, d’ONG telles que l’OCADES, de structures qui ont des internats ou des centres d’accueil. Nous visons, pour agrandir notre clientèle, les structures telles que le PNUD, l’Union européenne, etc. Nous leur demandons de nous approcher car nous sommes une entreprise sérieuse avec des gens très bien formés dans de grandes écoles de la place. Nous faisons régulièrement le recyclage de nos agents en Europe avec des spécialistes en vue de mieux répondre aux besoins de nos clients au Burkina.
Beaucoup de structures ignorent toujours notre existence, et c’est l’occasion de les inviter à venir vers nous car nous sommes une très jeune entreprise mais bien structurée et performante.
Nous travaillons aussi déjà avec des sociétés minières dont Essakane, pour qui nous avons fait des installations solaires. Le Premier ministre qui a visité ces installations de pompage solaire en était fier et les responsables de la société nous ont fait un mot pour dire qu’ils étaient satisfaits des installations. Nous fournissons aussi à Essakane des équipements électriques, des constructions ou de maintenance des appareils.
Le solaire est-il adapté à tous les besoins ?
Oui. Il y a des cas concrets qui permettent de le dire. Aujourd’hui, il y a des usines qui fonctionnent rien qu’avec du solaire. Même la société minière SEMAFO est en train de construire une centrale solaire de 20 mégawatts. Avec cette quantité d’énergie solaire, ils peuvent faire beaucoup de choses. C’est juste un exemple qui illustre bien que le solaire s’adapte à tous les besoins. Même les hôtels, les bâtiments, les forages, les puits peuvent fonctionner avec le solaire. Mais il faudra avoir du personnel bien formé capable de faire des études tenant compte de tous les contours.
Généralement, on déplore le prix des installations solaires ? Qu’en est-il à votre avis ?
Il y a eu un moment où l’énergie solaire était très couteuse. Mais à l’heure où nous parlons, il y a eu une réduction assez significative et très importante du coût des modules photos voltaïques et des accessoires d’installation solaire. Le gouvernement, à travers ses structures spécialisées, facilite l’acquisition à faible coût du matériel solaire. Pour mieux faire connaitre l’énergie solaire, PPS entend organiser en début 2013, des journées portes ouvertes et nous allons faire une promotion de l’énergie solaire. au cours de ces journées, il y aura des kits à des prix très intéressants qui pourront intéresser toutes les bourses.
Pour réaliser des installations solaires chez lui, le client a besoin de débourser combien de francs ?
Il existe actuellement des installations qui coûtent 450 mille francs CFA. Avec ce kit, le client peut regarder la télévision et éclairer sa maison. C’est une possibilité pour le client qui est en zone reculée de vivre très bien. Il existe d’autres kits moins chers que celui dont je parlais mais nous déconseillons à nos clients d’en acheter.
Il y a aussi la qualité des installations car certaines personnes sont en fin de compte déçues du solaire qu’ils ne trouvent pas stable ; qu’en dites-vous ?
Nous avons effectivement eu à réparer des pannes de ce type. Nous sommes régulièrement sollicités par des clients aux fins de réparer une mauvaise installation. Ces cas s’expliquent d’abord par des défaillances dans les dimensionnements. Si ceux qui font l’installation ne sont pas très techniciens ou formés pour cela, le premier problème qui se pose est l’instabilité de l’énergie solaire. Soit ils font de mauvais dimensionnements, soit ils ne dimensionnent même pas. En faisant un tour dans la ville de Ouagadougou, vous verrez à tout coin de rue des plaques en vente par tout le monde. Les vendeurs ne sont pas forcément techniciens ou ne savent pas faire les installations. Le deuxième hic est la qualité du produit vendu. Les commerçants achètent ces produits de divers horizons. Je me garde de citer des noms de pays mais ce n’est pas tout le monde qui sait fabriquer des produits de qualité. C’est la raison pour laquelle, j’appelle les clients à s’approcher de structures mieux organisée pour avoir plus de conseils afin de réaliser des installations de qualité.
Quelle est l’expérience de PPS en matière d’installation solaire ?
Nous sommes très fiers aujourd’hui du chemin parcouru. PPS est une jeune entreprise de 2 ans mais elle a installé des plaques solaires d’à peu près plus de 200Kwc de solaire photovoltaïque au Burkina, au Togo et en Côte d’Ivoire où nous sommes installés avec des partenaires locaux comme SATEC. Cela a permis à la société de s’agrandir en effectif et nous avons aussi changé de locaux. Le capital est passé de 2 millions à 200 millions francs CFA afin de répondre aux énormes appels que les gens font en matière d’énergie solaire.
Qui sont vos principaux clients ?
Nos principaux clients sont entre autres OCADES, Res Publica, la BAD, les structures d’accueil, les associations, les communes rurales, les habitants des zones non encore électrifiées et ceux qui optent d’investir dans l’énergie solaire parce qu’ils connaissent ses bienfaits. Nous avons presque toutes les couches de clients. Comme nous sommes encore une petite structure, nous essayons de nous accrocher.
Avez-vous des partenaires ?
Nous avons des partenaires à l’extérieur. Le premier est LeRoy SOMER du groupe Emerson qui est spécialisé dans les moteurs électriques et l’optimisation énergétique dans le monde industriel. Du grand groupe Emerson, ils sont spécialisés dans l’énergie solaire également. Nos ingénieurs et Techniciens sont régulièrement formés par ce grand groupe à Angoulême en France dans l’expertise énergétique. Nous avons un partenariat étroit avec cette grande entreprise française grâce à la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Arts du Burkina et celle d’Angoulême. Ce partenariat nous permet d’avoir des moteurs électriques à haut rendement qui nous permettent de faire des économies d’énergie avec des usines. Dans ce sens, nous avons organisé des conférences à l’Institut supérieur de génie électrique parrainées par le ministre de l’énergie.
Nous avons aussi des partenaires comme France Photons, SMA, qui sont des partenaires stratégiques pour nous. En batterie, nous avons SAFT. D’autres partenaires cherchent à rentrer en contact avec nous.
Quelles perspectives voyez-vous à l’énergie solaire dans un pays comme le Burkina ?
Nous comptons arriver, avec tous les acteurs qui sont dans le domaine des énergies renouvelables, à faire comprendre à nos autorités les bienfaits de l’énergie solaire, à mieux organiser le domaine et à convaincre la population que c’est vraiment le chemin de notre salut parce que l’énergie est l’un des piliers du développement.
Si vous aviez des conseils à donner aux utilisateurs ?
On peut dire que l’énergie solaire a de beaux jours devant elle. Parce que tout est démontré que l’énergie solaire est intarissable et est une palliative aux autres énergies qui sont tarissables. Au début, c’est la fabrication qui était couteuse mais présentement les fabricants ont baissé les coûts. Et je suis sûr qu’à l’avenir, tout comme le portable, chacun aura sa plaque solaire à domicile. Nous y travaillons aussi. Parce que nous comptons importer, avec l’appui du Service néerlandais du développement, des kits pour des associations de femmes basées dans la Région des Hauts Bassins, à Léo et à Ouagadougou. Ces kits coûtent moins de 100 mille francs CFA et peuvent servir dans des écoles, les ménages, etc. Nous comptons offrir à la population l’énergie minimale pour vivre et espérons que cela contribuera au développement du Burkina Faso. Car pour vivre en zone reculée, on n’a pas besoin de grosses centrales mais juste l’énergie minimale.
Je dirai aux consommateurs d’insister plus sur la qualité du produit et du service. Je leur conseille de toujours demander une petite formation sur l’utilisation après l’installation. Cette formation va leur permettre de gérer eux-mêmes leur énergie. Pour cela, ils devront faire appel à des structures bien organisées.
J’aimerais aussi lancer un appel à l’endroit des écoles qui forment des techniciens dans le domaine de l’énergie solaire. Nous les remercions pour le travail qui est fait mais nous les invitons à redoubler d’efforts car certaines écoles sont de grande renommée tandis que les ingénieurs que nous recevons ne sont pas forcément de qualité. Ce qui nous oblige de recruter des gens à l’extérieur pour nous aider dans le travail.
Aux organismes et grandes entreprises, je leur demande de ne pas sous-estimer PPS parce qu’elle est une jeune entreprise. Nous sommes petits et ne sommes pas forcément coachés par des gourous ou des barrons. Je voudrais appeler ces organismes et grandes entreprises à pousser les jeunes car nous avons des compétences. La preuve est qu’aucun client ne s’est encore plaint de la qualité des installations que nous avons réalisées. Les ONG et les structures gouvernementales peuvent également nous faire confiance et nous allons leur offrir nos compétences.