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Lettre ouverte au président de la transition :« Je vous invite à continuer la randonnée à travers le Burkina»
Publié le samedi 15 novembre 2014  |  Le Pays
Situation
© aOuaga.com par G.S
Situation nationale : les forces vives face au président de l`UA
Lundi 10 novembre 2014. Ouagadougou. Hôtel Laico Ouaga 2000. Le président mauritanien et président en exercice de l`Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz, a rencontré au cours d`une plénière la société civile, l`opposition et les chefs coutumiers et religieux. Photo : lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, chef de l`Etat de la transition du Burkina




Le Burkina Faso est en train de se chercher un président pour la transition et ce, suite à la démission et à la fuite de Blaise Compaoré consécutivement à l’insurrection populaire du jeudi 30 octobre 2014. Tout d’abord, nous souhaitons que le pays trouve rapidement cette perle rare. Ensuite, et tout en reconnaissant que ce président de la transition n’aura pas tout le temps nécessaire pour se consacrer à certains aspects de la marche du pays – urgence calendaire oblige – nous lui adressons tout de même cette lettre qu’il pourra consigner et laisser comme priorité au président démocratiquement élu après cette période de transition que nous souhaitons la plus apaisée possible et assez brève pour permettre au pays de se remettre en selle dans le concert des nations.

Monsieur le Président, bonjour et bienvenu à Nouna d’où je vous écris. Connaissez-vous Nouna, M. le Président? C’est dans la province de la Kossi, région de la Boucle du Mouhoun, à quelques 300 km au Nord-Ouest de notre capitale Ouagadougou. Pour venir à Nouna, ce n’est pas du tout compliqué, ou du moins, ce n’est plus du tout compliqué. En effet, grâce au Compact américain, une route très carrossable vous y conduit, en un laps de temps. Que vous venez de Bobo-Dioulasso ou de Ouagadougou, si vous passez par Dédougou, il n’ya pas de problèmes. Les routes sont bitumées et bien carrossables.
Mais M. le Président, si toutefois vous décidez de venir à Nouna et que vous quittez Bobo-Dioulasso pour passer par Solenzo, là je ne réponds plus de rien. Et pour cause, de Koundougou (je ne dis pas Koudougou) à Nouna, c’est plutôt un sillon que vous suivrez. Là encore, vous aurez moins de secousses entre Kouka et Solenzo. Mais une fois passé le cap de Solenzo, vous aurez abordé la vraie route, M. le Président. Entre Solenzo et Nouna, je suis muet de saisissement. Environ 100 km, mais il vous faudra au bas mot 3 heures de temps pour les vaincre. Même calvaire s’il vous venait à l’idée d’aller à Dédougou, à partir de Solenzo en passant par Sanaba. Même distance, même calvaire. Sinon plus.
le Président, après l’eau de la bienvenue à Nouna, j’allais vous inviter à vous rendre à Dokuy, à Doumbala, à Barani, à Kombori-Koura ou à Sono, mais votre temps et l’état des routes ne vous le permettront pas. J’en suis sûr et je sais de quoi je parle. Voilà pourquoi je vous invite à continuer la randonnée à travers le Burkina Faso, M. le Président, même si ici ou ailleurs, les routes sont presque les mêmes, sinon les mêmes. Donc, après l’escale de Nouna, empruntons la route Nouna-Gassan-Tougan. Franchement, M. le Président, elle est indicible la souffrance des populations qui empruntent ces voies. A partir de Gassan, que l’on décide d’aller à Toma ou à Tougan, c’est même pipe même tabac, comme on le dit trivialement. Un petit repos à Tougan pour récupérer sinon, nous risquons de rester en cours de route et ce, faute de route, entre Tougan et Ouahigouya. Mais comme nous tenons à tâter l’état de nos routes, c’est le moment idéal et il n’ya pas du temps à perdre M. le Président. J’aurais aimé vous faire prendre la route qui va de Ouahigouya à Thiou ou celle qui va de Ouahigouya à Bahn ou encore la route de Séguénéga pour rejoindre Kaya et Bogandé. Et que dire de la route allant de Taparko à Mani et Piella? Mais le temps urge M. le Président. Nous allons donc juste dire bonjour à Ouahigouya et voilà Djibo qui nous attend, soient 110 km à franchir. Que de misère, M. le Président ! Néanmoins, notre ténacité l’aura emporté et nous décidons de mettre le cap sur Dori, à 200 km plus à l’Est. On se rappellera au passage que les populations de Djibo avaient marché, à un moment donné, pour demander le bitumage de la voie qui les relie à Kongoussi. Mais, bref, continuons sur Dori M. le Président car votre temps est précieux. Marquons, une escale à Djigo, mon village natal, à 20 km à l’Ouest de Dori. Juste une salutation en famille et nous voilà à Dori. Après moultes tractations et de souffrances bien sûr. Petit repos et nous allons nous diriger sur Gorom-Gorom, à 57 km plus au Nord. Facile à dire, mais très difficile à rallier.
Il serait aussi intéressant de visiter Déou, Markoye, Falangountou, mais sûrement des audiences vous attendent à Ouagadougou. Toutefois, nous allons jeter un coup d’œil à Sebba, dans le Yagha à 100 km au Sud-Est de Dori. Nous n’aurons certainement pas le temps de nous rendre à Takatami, à Boundoré, et autres Mansila. D’ailleurs les routes ne s’y prêtent même pas, surtout pour votre délégation. A charrettes, à cheval ou à dos d’âne, ce serait plus facile et même plus pratique et moins fatigant qu’en véhicules, mêmes pour des 4X4.
le Président, et si nous décidions de nous rendre à Fada à partir de Sebba? Y’a-t-il une piste? Vous doutez ? En tout cas, moi, je n’en suis pas si sûr. Toutefois, prenons le risque. Arrivés à Fada, nous pourrions essayer de joindre Manga, Pô, Gaoua, Diébougou et autres Banfora. Mais là aussi, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Si c’est vrai que la route Banfora-Sindou a été bitumée (encore grand merci aux Américains !), il en va tout autrement, jusqu’à preuve du contraire, de la route reliant Sindou à Orodara; celle reliant Orodara à Samorogouan; celle allant de Samorogouan à N’Dorola et la voie qui va de N’Dorola à Koundougou, un de nos points de départ pour cette randonnée. On aurait pu essayer de rallier N’Dorola à Fo et Faramana, à la frontière malienne. Là, il nous resterait seulement à rejoindre Tansila. Mais M. le Président, je dis seulement comme si cela allait de soi, tout naturellement.
le Président, nous n’avons même pas tenté de joindre Boromo à Dédougou. Nous ne sommes pas allés du côté de Tansila en passant par Solenzo, Moussa Kongo, Dinkoro, Balavé et autres Badinga. Si nous avions fait cette route, le retour nous aurait permis de rallier Balavé, Asbi Allahi, Gassingo, Yasso, Dira et Sanaba. A partir de Gassingo, on pourrait tenter de remonter vers Makuy, Dassi, Soumakoro, Soum, Dokuy, Kanadougou, Néréko, Kénékuy, Nian, Konkuy Koro, Doumbala et autres Djibasso et Madouba.
le Président, j’allais oublier. Nous ne nous sommes pas rendus à…..
Bref, je pourrais finir par vous ennuyer si je doit citer toutes les routes qui méritent un bitume ou un chargement conséquent et dont l’importance n’est plus à démontrer. Et je rappelle que je suis très conscient des limites objectives de votre capacité d’actions, vue l’urgence dans laquelle le pays, notre pays, le bien aimé et bien nommé Burkina Faso, se trouve. Néanmoins, je vous demande de garder jalousement cette lettre quelque part et de la léguer à votre futur remplaçant comme une des priorités à ne pas négliger. Il y va du développement de notre cher Burkina Faso, et partant du bien-être de ses braves populations.
Tout en vous souhaitant bonne réception de la présente, je vous remercie, M. le Président, de m’avoir suivi à travers cette balade épistolaire et vous prie de bien vouloir agréer l’expression de ma profonde déférence.

Hama Hamidou DICKO
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