Les élections législatives et municipales couplées du 2 décembre 2012 se sont achevées mais elles ne finissent pas de faire parler d’elles. Ces temps-ci, il est question de l’attribution du marché de confection des bulletins définitifs à certains prestataires qui étaient candidats à ces élections. D’où des bulletins parallèles qui ont été retrouvés et ont valu, par exemple, l’annulation des municipales dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou. Zoodomail a voulu en savoir davantage sur le choix des imprimeurs auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).Explications.
Du côté de la nationale des élections, on relève d’emblée que certes, la perfection n’est pas de ce monde, mais que, globalement, l’institution a mis de la volonté et de l’énergie pour organiser des élections libres et transparentes. Le gouvernement l’a accompagnée dans cette farouche volonté en apportant ce qui était possible de dégager en termes de ressources. Les partenaires techniques et financiers (PTF), avec le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) comme chef de file, ont également contribué à la tenue d’élections démocratiques.
A la CENI, on fait savoir aussi que le panier commun des PTF (géré par le PNUD) a pris en compte un certain nombre d’aspects dont notamment le renforcement des compétences à travers la mise à disposition de la commission d’experts, la formation, l’acquisition de moyens roulants, l’élaboration et l’impression de documents électoraux, etc. Et c’est dans cette dynamique que le PNUD a recruté des experts en communication, en éducation citoyenne, en droit électoral et en processus électoraux pour accompagner la CENI. Ces experts venus d’Europe et d’Afrique, en particulier ceux en processus électoraux, ont travaillé sur les spécimens et les bulletins définitifs. Ce sont eux qui ont sillonné les imprimeries de la capitale et, sur la base de caractéristiques techniques et sécuritaires, ont fait le choix des imprimeries capables d’effectuer le travail dans un laps de temps souvent très réduit. Cette option, qui a été finalement retenue et conduite par les experts du PNUD, fait suite, dit-on du côté de la CENI, à une première qui voulait que les bulletins soient imprimés hors du Burkina Faso. Le président de la CENI et l’ensemble des commissaires auraient refusé cette proposition en invoquant d’abord le fait qu’en cherchant bien, les partenaires techniques et financiers trouveront des imprimeries capables de faire le travail. Ensuite, ils auraient cité des exemples malheureux de pays africains qui ont opté pour l’impression des bulletins à l’extérieur et qui l’ont amèrement regretté.
21 imprimeurs attributaires du marché
Ce sont au total 21 imprimeries nationales qui auraient eu le marché de la production des spécimens. En ce qui concerne les bulletins définitifs, ce sont quatre imprimeries burkinabè qui ont fait le travail sous haute surveillance policière. Des équipes de la gendarmerie ont suivi de bout en bout la production et le conditionnement des bulletins. Il nous revient que les bulletins pour les élections municipales au Kadiogo ont été imprimés par GIB (Grande Imprimerie du Burkina) et non par l’imprimerie Martin Pêcheur comme certains l’ont soutenu. Cette dernière imprimerie, qui appartiendrait au maire sortant de Nongr-Massom, Zakaria Sawadogo, fait effectivement partie des quatre imprimeries qui ont eu le marché des bulletins définitifs.
Pourquoi donc la CENI a-t-elle octroyé le marché à cette imprimerie ?
Selon nos informations, ni le PNUD, ni la CENI n’a cherché à savoir qui est derrière GIB, Martin Pêcheur, MAG ou IAG en recourant à la liste des actionnaires ou en procédant à une quelconque enquête. Pour le cas plus précisément de Martin Pêcheur, personne morale et dont le gérant n’est autre que le maire sortant de l’arrondissement de Nongr-Massom, l’important était de disposer à temps des documents électoraux afin de les déployer sur tout le territoire national. Notre source insiste toutefois sur le travail de sélection des experts du PNUD, les dispositions sécuritaires sur le bulletin définitif (numéro d’ordre et de série, sécurité cachée…) et les mesures prises et assurées par la gendarmerie nationale pour suivre toute la chaîne de production. Au regard de ce qui précède, à la nationale des élections, on ne comprend pas que l’on veuille dramatiser et vouer aux gémonies l’institution qui n’est pas seul artisan de l’organisation des élections.
On y rappelle également que les démembrements de la CENI et les membres des bureaux de vote ne sont pas recrutés par la CENI mais sont choisis par les partis politiques et les organisations de la société civile. Et ce sont eux qui recrutent les membres des bureaux de vote. Et le dysfonctionnement constaté dans quelques commissions électorales communales indépendantes ou commissions électorales indépendantes d’arrondissement sur les 370 ne peut donc pas suffire à crucifier la CENI.
Les élections couplées ayant pu se tenir, l’heure doit être au bilan et il faut tirer tous les enseignements et travailler à améliorer les choses aussi bien au niveau central, mais surtout revoir le système et les conditions de mise en place des démembrements (CEPI, CECI et CEIA) et les dispositions qui régissent les rapports entre eux et la CENI.