Cela fait exactement un an que l’hôpital national Blaise Compaoré a été inauguré en grande pompe à Tingandogo (localité située à la sortie Sud de Ouagadougou). Il devait être le symbole par excellence de l’amitié entre le Burkina Faso et Taïwan. Du discours sur l’infrastructure, on retient qu’au regard des plateaux techniques et du standing, sa renommée devait dépasser les frontières de notre pays et être un centre de référence devant nous permettre d’éviter désormais certaines évacuations à l’étranger. Hélas, une année après son inauguration, l’hôpital attend désespérément ses malades. Ce n’est sans doute pas la distance qui handicape sa fréquentation. Des malades (parce que la santé n’a pas de prix) se saignent pour aller dans des centres de santé dans les provinces. Vraisemblablement, les prestations que devait offrir l’hôpital dans les différentes spécialités, ne sont pas disponibles. Et cela, parce que, visiblement, le corps médical fait de la résistance. Après la vague des premiers recrutements, de nombreux médecins, après avoir pris connaissance des conditions, ont démissionné. Plus grave, il se dit que le monde universitaire a définitivement tourné le dos à l’hôpital national Blaise Compaoré. Il se pose alors la question de savoir si le projet a été bien pensé. Quelle est son identité réelle ? Est-ce une clinique privée ou un centre de santé public ? Aujourd’hui, c’est un éléphant blanc qui a grand besoin de soins. Quand on construit un hôpital, c’est pour qu’il soit fréquenté et qu’il soulage les misères humaines. A l’heure actuelle, les Burkinabè ont besoin de connaître la vérité. Est-il un hôpital accessible, financièrement parlant, pour le Burkinabè moyen ou une clinique destinée aux plus nantis ? La dernière hypothèse est la plus répandue dans l’esprit des citoyens, surtout que la communication au départ du projet l’a laissé comprendre. Est-ce pour pallier cela qu’une campagne de communication est en cours ces jours-ci et qu’un nouveau recrutement de personnel a été lancé ? L’espoir pour tous, c’est de voir l’hôpital national Blaise Compaoré tourner à plein régime, surtout que le Burkina Faso a contracté un prêt de 40 milliards de F CFA (en plus de la contribution exceptionnelle des Taïwanais) pour sa construction et son équipement. Mais, il faut nécessairement trouver un terrain d’entente avec les spécialistes de la santé pour sa viabilité et sa pérennité. Pour qu’il soit fréquenté, il faut que les malades y trouvent leur compte. Si les Burkinabè n’y affluent pas, ce ne sont pas les voisins qui vont mieux le fréquenter. Il faut donc, après un diagnostic sans complaisance des difficultés, que les acteurs du monde de la santé se mettent au chevet de l’hôpital Blaise Compaoré afin qu’il reçoive la thérapie appropriée.