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Burkina: accord à minima entre militaires et civils, lueur d’espoir pour la transition
Publié le jeudi 13 novembre 2014  |  AFP
Burkina
© aOuaga.com par G.S
Burkina : première conférence de presse du chef de l`Etat de la transition
Jeudi 6 novembre 2014. Ouagadougou. Conseil économique et social (CES). Le chef de l`Etat de la transition, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, a animé sa toute première conférence de presse depuis son arrivée aux affaires le 31 octobre après la démission forcée de Blaise Compaoré de ses fonctions de président du Faso




Ouagadougou, armée et civils sont parvenus mercredi à un premier accord, a minima, sur la transition au Burkina Faso, redonnant l’espoir d’un abandon rapide du pouvoir des militaires, qui le détiennent depuis la chute du président Blaise Compaoré.

L’armée semble avoir fait des concessions dans un "avant-projet de charte de transition", dont l’AFP s’est procuré une copie. Le texte n’a toutefois pu être finalisé, les militaires présents souhaitant d’abord faire valider ce texte par leur hiérarchie, ont indiqué des négociateurs.

Les discussions achoppaient sur les exigences formulées par les militaires de présider le parlement provisoire, afin de conserver une influence une fois le pouvoir rendu aux civils.

Mercredi, ils ont toutefois accepté que le président de l’assemblée intérimaire, le Conseil national de transition (CNT), soit "une personnalité civile élue par ses pairs", selon le document.

Leur demande était contestée par des membres de la société civile et de l’opposition.

Dans une structure bicéphale, avec un militaire à la tête du CNT d’un côté et un président de transition civil de l’autre, "naturellement le militaire aura la préséance car il a les armes avec lui", avait déclaré Etienne Traoré, président d’un parti d’opposition avant la conclusion de cet accord.

Des militaires ont participé pour la première fois dans l’après-midi à une commission de négociations, aux côtés de l’opposition, de la société civile et des autorités religieuses et traditionnelles.

Ces trois piliers civils s’étaient déjà réunis séparément dans la matinée pour discuter de la place à laisser à l’armée dans la transition prévue pour durer un an.

L’accord a minima indique que le CNT devient un organe "législatif", quand l’armée, qui occupe le pouvoir depuis la chute du président Blaise Compaoré le 31 octobre, souhaitait qu’il soit simplement "consultatif".

Le texte confirme que le président de la transition sera un civil, qui choisira lui-même son Premier ministre, ce dernier nommant les 25 membres du gouvernement. Mais aucun des cadres du futur régime ne pourra participer aux prochaines élections.

Le document envisage enfin la création d’une instance dite "de la réconciliation nationale et des réformes". De cet organe dépendrait une commission "vérité et réconciliation", voulue par la société civile pour "faire la lumière sur les crimes économiques et de sang" commis par l’ancien régime, selon l’un de ses membres.

- ’Choix des hommes’ -

Mais l’accord n’a pu être validé en assemblée, comme prévu initialement, "les militaires étant partis recueillir les avis et amendements de leur hiérarchie", a déclaré un membre de cette commission.

L’assemblée convoquée mercredi siègera à nouveau jeudi soir, a-t-il précisé.

Ensuite, si cette instance valide le texte en présence de militaires, l’armée devrait lever dans de brefs délais la suspension de la Constitution qu’elle avait déclarée à son arrivée aux affaires, ont décrypté des négociateurs. Le Conseil constitutionnel se saisira alors du document.

Un accord avec les militaires est impératif pour que ceux-ci rende aux civils le pouvoir qu’ils détiennent depuis la chute du président Blaise Compaoré, renversé par la rue le 31 octobre après 27 ans de règne.

Mardi, peu après avoir rencontré les présidents sénégalais et togolais, Macky Sall et Faure Gnassingbé, envoyés à Ouagadougou par l’organisation régionale de la Cédéao, Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, avait qualifié de "recevables" les demandes de l’armée.

Des "différences de vue" subsistent sur "les organes de transition", avait pointé le chef d’Etat sénégalais, pour qui tout devait "rentrer dans l’ordre" d’ici mercredi. "Nous arriverons à un consensus", avait-il lancé, optimiste.

Lundi, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine, était venu rassurer les protagonistes. L’UA avait posé le 3 novembre un ultimatum à l’armée burkinabè pour qu’elle cède sous quinzaine le pouvoir aux civils.

"L’UA n’est pas venue (...) pour vous menacer de quoi que ce soit", avait déclaré M. Aziz, multipliant les messages rassurants devant la presse. Loin des micros, il avait toutefois maintenu le délai de l’UA, qui expire dans cinq jours, selon une source diplomatique.

Les médiateurs africains "veulent aller directement aux élections, même dans six mois. Mais pour nous, il ne s’agit pas seulement de cela. Blaise Compaoré aussi organisait des élections", remarque un délégué de la société civile.

Une fois l’obstacle de la charte levé se posera le choix, autrement délicat, du président de la transition.

"Là où il y aura le couac, c’est certainement quand on en sera au choix des hommes", avait pronostiqué dimanche Roch Marc-Christian Kaboré, président d’un parti d’opposition.
roh-jf/hba/jlb/sba
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