La commune rurale de Bokin dans le Passoré a connu des échauffourées le 13 décembre 2012 du fait de la politique. Les accrochages entre militants des deux partis qui se disputent le contrôle de la mairie ont fait plusieurs blessés. Il a fallu l’intervention des forces de sécurité pour y ramener le calme. st-il besoin de rappeler à nos concitoyens que « La politique est une guerre sans effusion de sang » comme l’a relevé ce grand homme chinois Mao Tsé-toung ? Si la politique va occasionner des effusions de sang, des pertes en vies humaines ou des destructions de biens matériels au Burkina Faso, ce sera un blâme pour tous les hommes politiques. Pourquoi tant de violences dans la conquête du pouvoir ? Les hommes se battent-ils pour jouir du pouvoir ou pour gérer la chose publique en bons pères de famille ? Si c’est juste pour jouir du pouvoir, la politique engendrera toujours la violence. Mais si c’est pour gérer la chose publique en bon père de famille où il n’existe aucune forme de discrimination, la lutte féroce pour le pouvoir ne saurait se justifier. alheureusement, nous vivons aujourd’hui dans l’univers de l’opportunisme peuplé de politiciens sans conviction, sans orientation, sans idéal ou alors le seul idéal quand il existe, se résume à l’assouvissement d’intérêts égoïstes.
Il y a de plus en plus un manque d’éthique politique. Pour beaucoup d’acteurs du domaine, la politique est devenue une source d’enrichissement. On ne vient pas en politique pour servir ses concitoyens mais surtout pour se servir. Et en pareilles circonstances, on est prêt à tout. Et c’est tout simplement dommage ! des responsables des partis politiques doivent travailler à éduquer les militants à la non-violence. Il est vrai, comme le reconnaît Sigmund Freud dans "Malaise dans la civilisation", "l’homme est tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.", mais il nous faut éviter de tomber dans cette tentation.
La politique ne doit pas diviser les habitants d’une localité qui ont toujours cohabité dans la paix. Quelle fierté a-t-on à diriger une mairie si l’on n’est pas sûr de bénéficier de l’accompagnement de toute la population ? Peut-on construire dans la division, dans la crainte, dans la désunion ?
Il est important que les hommes politiques sachent que le Burkina Faso et ses citoyens sont fragiles. A la moindre contrariété sociale, la paix civile et institutionnelle peut être menacée. Et « La violence se donne toujours pour une contre-violence, c’est-à-dire pour une riposte à la violence de l’autre ».
Si chaque acteur de la scène politique était un faiseur de paix, aucune violence ne découlerait d’une élection. On nous rétorquera que « tant que certains se sentiront interdits d’aspirer au mieux-être, contraints de regarder en spectateur l’élite bourgeoise se vautrer dans le mépris et l’enrichissement sans pudeur, l’on ne peut espérer l’éclosion du discours sur la paix en Afrique ». Mais à qui profite un climat de violences ? En principe, à personne. C’est pourquoi, le discours sur la paix et la non-violence doit être prononcé par tous les hommes politiques quel que soit leur bord. Chacun doit appeler ses militants et sympathisants à savoir raison garder. Car « moins les hommes raisonnent, plus ils agissent avec violence. », dit Thucydide, l’historien grec. Lorsqu’on instrumentalise des électeurs qui sont des habitants d’un même village ou d’une ville pour se violenter, se blesser, avouons que cela n’est plus de la politique, même considérée comme une « guerre » des idées et des programmes. Ne dévoyons pas le sens de la politique au risque de désenchanter les populations. « Le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’intéresse à lui », dixit Ségolène Royal, candidate malheureuse à l’élection présidentielle française de 2007. Faisons en sorte que notre peuple s’intéresse à la politique qui se fait sans violence.
Il y a des voies légales pour réparer une injustice lorsqu’on se sent brimé, lésé dans ses droits. Si pendant la campagne, chaque parti avait prôné le discours de la tolérance et de l’acceptation des résultats, peut-être qu’on ne parlerait pas de violences postélectorales nulle part au Burkina Faso. nsons tirer des leçons de la douleur et des drames vécus par d’autres peuples pour éviter de vivre les mêmes cauchemars. La colère et l’intolérance sont les ennemis d’une bonne compréhension. La crise de violence au Kenya est née à la suite de l’élection présidentielle du 27 décembre 2007. Le bilan dressé par la police le 25 février 2008 faisait état de plus de 1 500 morts avec environ 300 000 déplacés. Plus près de chez nous en Côte d’Ivoire, entre la fin 2010 et le début 2011, les violences postélectorales n’ont laissé que des ruines et des cicatrices indélébiles : 495 morts selon le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et 296 selon l’ONUCI. Ça n’arrive pas qu’aux autres. Sachons contrer la violence en politique car elle est toujours dévastatrice. Que les leaders politiques sachent privilégier la paix car ils constituent des modèles pour les populations. Mettre la paix sociale en péril, c’est véritablement ignorer le sens de la politique et de la démocratie. « La règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents », soutient M. Ghandhi, l’apôtre de la non-violence. Pour lui, « rendre un verre d’eau en échange d’un verre d’eau n’est rien ; la vraie grandeur consiste à rendre le bien pour le mal ». Et Martin Luther King d’ajouter ceci : « La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit ». A chacun donc d’allumer le flambeau de la paix si nous ne voulons pas incendier notre cher Faso.