Les jeux ne sont certes pas encore faits d’autant que les résultats du scrutin législatif du 2 décembre dernier ne sont pas encore définitifs, c’est-à-dire validés par le Conseil constitutionnel, mais l’UPC, Union pour le Progrès et la Changement, avec ses 19 députés est en passe d’être le chef de file de l’Opposition. Le parti de Zéphirin DIABRE a fait fort dans ces élections, pour «novice» qu’il serait et le fauteuil présentement occupé par Me SANKARA de l’UNIR/PS lui échoira. C’est le premier grand changement qu’apportera le scrutin législatif.
Des urnes sont sortis, le 2 décembre dernier, des résultats provisoires, redessinant le paysage politique national avec des partis qui ont connu diverses fortunes. Mais de prime abord, ce qu’il convient de noter, c’est que ces scrutins derniers (législatif et municipal) ont davantage crédibilisé notre processus démocratique engagé depuis une vingtaine d’années sous la houlette du Président Blaise COMPAORE. Jamais élection n’a autant mobilisé des ressources humaines, matérielles, et financières, suscité un tel engouement au sein des populations et des acteurs politiques eux-mêmes. Avec une participation d’ensemble dépassant les 75%, ces élections auront fait mentir ceux qui thésaient sur la désaffection des électeurs, au Faso, du fait d’un découragement dû à la non-crédibilité du jeu politique.
C’est évident, des leçons, on en retiendra de ces élections dernières et la toute première, à notre sens, c’est le fort désir de changement exprimé par les électeurs. Si le CDP, aux dégislatives, conserve la majorité des sièges, cela n’aura pas été sans une lutte acharnée sur le terrain et certains partis ont fait des contre performances pendant que le «novice» UPC se taille la part du lion dans le landernau de l’opposition.
Zeph, la révélation
On le connait grande gueule mais beaucoup doutaient de sa capacité de bousculer les vieux briscards du monde politique sur le terrain de la mobilisation des électeurs. Nombre de partis surtout de l’opposition l’apprendront à leur dépend eux qui, souvent même dans les localités supposées être leur fief, se sont vus supplantés par l’UPC. Le temps d’une élection et le manteau de chef de file de l’Opposition change d’épaule. En effet, en dehors de toute autre considération, le parti de Zèph devra assumer le titre de chef de file de l’Opposition. L’Article 15 de la loi n°009-2009/AN portant statut de l’opposition politique stipule: «Le chef de file de l’opposition est le premier responsable du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale. En cas d’égalité de sièges, le chef de file de l’opposition est le premier responsable du parti ayant totalisé le plus grand nombre de suffrages exprimés aux dernières élections législatives.» Avec ses 19 députés, l’UPC est le premier parti d’opposition ; c’est dire que le poste de Me Bénéwendé Stanistas SANKARA, actuel occupant de fauteuil de chef de file de l’Opposition, échoira à Zéphirin DIABRE.
Le défi s’annonce énorme pour Zèph. Pourra-t-il faire l’unanimité dans une famille de l’opposition toujours déchirée ? Son prédécesseur, en tout cas, n’a pas su manager pour éviter que même ceux qui de l’opposition le reconnaissent parlent un langage disparate. Le CCRP (Conseil consultatif pour les réformes politiques) tenu en juin 2012 aura fini de montrer cette désunion dans la famille ; une désunion qui a même conduit certains à contester la légitimité de celui qui devait parler au nom de tous, à savoir Me SANKARA. Le nouveau chef aura donc du pain sur la planche. Il devra travailler à concilier les intérêts au sein de l’Opposition qu’on sait nombreux et surtout antinomiques.
Si l’on peut spéculer sur le fait que Zèph ne souffrira pas de cette crise de légitimité parce qu’ayant un ascendant en terme d’élus, il est certain que sa lecture des évènements et sa prise de position sur des sujets brûlants de la Nation seront les baromètres de sa capacité à fédérer les intérêts : ceux des partis de l’opposition au Parlement sans occulter ceux des partis extra-parlementaires de cette même opposition. C’est là qu’il est attendu.
On attend donc de voir Zéphirin DIABRE dans ses nouveaux habits de chef de file de l’Opposition. C’est une autre paire de manche et nul doute que dans cet exercice, il joue son avenir politique. Mais avant, il faudra qu’il rassure les Burkinabè sur sa capacité à ne pas céder à ses pulsions car sa sortie «maladroite» aux lendemains du scrutin du 2 décembre a jeté le froid sur ceux qui ne veulent que la paix pour ce pays. «Je ne pourrai pas contenir les militants... si l’on vole notre victoire au Kadiogo...» avait-il lancé. Serait-ce le signe d’une opposition qui privilégie l’expression par la rue ? o.