Comme Dieu a fait sortir son peuple d’Egypte, selon la Bible, beaucoup de partisans de Laurent Gbagbo croient dur comme fer qu’il le fera aussi sortir de la Cour pénale internationale (CPI). C’est fort possible, puisqu’il s’agit d’une procédure judiciaire où l’inculpé sera soit condamné, soit relaxé. Mais, on n’en est pas encore là. Depuis son transfèrement à La Haye, les avocats de l’ex-président ivoirien ont bataillé ferme pour démontrer l’incompétence de la CPI à juger leur client. En vain. Les vœux et les prières des pro-Gbagbo n’ont pas non plus été exaucés. En tout cas, pas pour le moment. La CPI vient de clore le débat, en se déclarant définitivement compétente. Cela, sur la base d’une déclaration signée par la Côte d’Ivoire en 2003 et reconnaissant la juridiction internationale. La page des illusions se ferme donc pour tous ceux qui espéraient voir leur héros fêter Noël hors de sa prison. Le procès aura bel et bien lieu et il faudra désormais s’y préparer. C’est une bataille de perdue pour les thuriféraires de l’ex-président et le Front populaire ivoirien (FPI), son parti. Il faudra sans doute aux partisans du président déchu se faire une raison. Tous les obstacles dressés par la défense ayant été levés, Laurent Gbagbo doit répondre des accusations de « co-auteur » indirect de crimes contre l’humanité. Il doit se préparer à se défendre. Ainsi va la justice. Et ici, personne ne criera à une justice vendue. Seuls les faits et les preuves tiendront lieu d’éléments à charge ou à décharge. Face à cette perspective, certes peu réjouissante pour son mentor, où la cause est entendue, le FPI mettra-t-il balle à terre pour s’inscrire dans la dynamique de réconciliation ? Ou alors continuera-t-il d’emboucher la trompette de la division et de la discorde ? Au-delà des discours, le vrai prochain test pour le parti de Gbabgo concerne sans doute les élections locales (municipales et régionales) du 24 février 2013. On sait que lors des douloureux événements post-électoraux de 2010-2011, le FPI s’est mis en marge de la République, en refusant de prendre part aux élections législatives et à un gouvernement d’union nationale. Les élections locales boucleront le cycle du processus de renouvellement institutionnel entamé avec la présidentielle. Si le FPI n’y participe pas, il se marginalisera davantage. Certes, beaucoup reste à faire pour réconcilier les Ivoiriens entre eux, mais ce n’est pas en pratiquant la politique de la chaise vide que l’on y remédiera. A moins que cela s’inscrive dans la propagande de victimisation du FPI dont l’objectif est de s’attirer la sympathie des Ivoiriens et de faire oublier son rôle dans la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire. En attendant de connaître les vraies intentions du FPI, toujours est-il qu’un changement de stratégie devient impérieux. Face à l’absence qui sera sans doute prolongée de son chef historique, il est contraint de se remettre au travail, pour espérer un jour reconquérir le pouvoir d’Etat.