Le moment est bien choisi par l’équipe de Béatrice Damiba pour suspendre Le Quotidien : il intervient au moment où le journal a fidélisé, en l’espace de trois ans, un bon lectorat. Cette décision ne nous surprend pourtant pas. Nous les voyions venir. En effet, le Conseil supérieur de la communication (CSC), l’instance de régulation des médias au Burkina, par décision n°2012-0037/CSC du jeudi 13 décembre 2012, sans ambages, a arbitrairement suspendu le journal Le Quotidien, pour une semaine, du 17 au 23 décembre 2012. La raison : publication d’images « choquantes » pour lesquelles nous avons d’ailleurs été auditionnés par ladite institution. Pourtant, lors de cette dernière audition en date du 7 décembre 2012, les conseillers avaient semblé comprendre les bonnes intentions du journal. Finalement et contre toute attente, les « gendarmes » de la presse burkinabè ont décidé de suspendre la publication.
Au fond, ou du moins, ce que nous avons pu comprendre, il y avait des membres de ce conseil qui n’ont peut-être aucune connaissance du journalisme de terrain, encore moins du fonctionnement d’une administration, pour savoir qu’un directeur de publication, pour indisponibilité, peut se faire représenter. Voilà, en réalité et dans le fond, ce qui nous vaut et à nos lecteurs une semaine de blackout. Prenons donc acte de cette mesure digne d’un Etat bolchévique, comme le disait l’autre, et assumons les conséquences ! C’est pourquoi, nous ne nous offusquons guère de la fatwa qui semble être plus actionnée par certaines humeurs que par une analyse objective des faits incriminés. Rappelons seulement « Poudrière identitaire », diffusée par une chaine de télévision ici au Burkina, sans qu’en son temps, le CSC ne daigne lever le petit doigt.
Pour notre part, cette décision de suspendre le journal n’a aucun autre fondement qu’une volonté manifeste de décourager les braves animateurs du canard. Sur son autel, le CSC veut sacrifier le journal dont le seul péché est d’avoir dénoncé des faits avec des illustrations fort imposantes, parce qu’elles sensibilisent. Seul le CSC semble être dans une tendance rétrograde, de sorte à ne pas comprendre la caducité, dans ce monde globalisé et fortement numérique, du code de l’information burkinabè, du reste, reconnue par toute la sous-région et au-delà. Un code de l’information par ailleurs en relecture. L’équipe de rédaction du journal ne sera déçue par une quelconque décision mal à propos, puisque ne tenant compte que de la réalité et de l’évolution des mentalités. Mieux, cette décision ne vient que confirmer l’excellent travail qu’abattent les journalistes du journal Le Quotidien (sans auto satisfaction, mais sur la base des sollicitations et des pics des ventes réalisés ces derniers temps) et nous invite à nous armer de courage pour affronter les dures réalités dans lesquelles travaillent les médias burkinabè.
Par ailleurs, cette décision tombe comme une provocation faite à toute la presse nationale, puisqu’elle intervient le jour même où nous célébrons l’anniversaire de l’assassinat de notre confrère, Norbert Zongo, victime de la bassesse d’esprit de ses détracteurs. Celui-là même qui a payé le prix fort pour une presse libre et indépendante. C’est dire que la presse burkinabè a encore un long chemin pour véritablement être indépendante.
Tout en donnant rendez-vous à nos lecteurs le 24 décembre prochain, nous leur rassurons que quelle que soit la pression qui nous sera imposée, nous continuerons toujours de leur fournir les informations, les vraies et dans les détails