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Gestion et prévention des conflits en afrique : l’UA doit grandir
Publié le mercredi 12 novembre 2014  |  Le Pays
Situation
© Le Quotidien par Bénéwendé Bidima
Situation nationale : les forces vives défilent devant la CEDEAO
Mercredi 5 novembre 2014. Ouagadougou. Hôtel Laico. Les forces vives de la nation sont reçues à tour de rôle puis ensemble par les chefs d`Etat du Sénégal, du Nigeria et du Ghana par rapport à la situation nationale




L’Union africaine (UA) n’avait pas daigné une seule fois interpeller Blaise Compaoré quand celui-ci travaillait à plonger son pays dans la tourmente, par sa volonté de s’accrocher au pouvoir en tripatouillant la Constitution. Elle n’avait pas daigné non plus donner suite aux appels à l’aide de l’ancienne opposition et de la société civile. Il a fallu que le peuple burkinabè prenne ses responsabilités, au prix de plusieurs morts et blessés, pour contraindre Blaise Compaoré à la démission et à l’exil pour que la faîtière africaine se signale enfin. Elle a d’abord brandi les menaces de sanctions comme si la chute de Blaise Compaoré avait été le fait d’une soldatesque qui avait décidé de chasser le locataire de Kosyam pour s’emparer des rênes du pouvoir. Ensuite, l’UA a préféré se raviser en choisissant de jouer la carte de l’écoute et du réalisme politique. C’est avec cette dernière posture que le président Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, par ailleurs président en exercice de l’UA, a rendu, le lundi 10 octobre, une brève visite au pays des « Hommes intègres ». Au pas de course, celui-ci a rencontré les acteurs politiques de toutes les obédiences, la société civile, les dignitaires religieux et coutumiers, ainsi que les représentants de la Grande muette avec à leur tête, le lieutenant-colonel Isaac Zida. Après avoir écouté les uns et les autres, le moins que l’on puisse dire, est que le patron de l’UA a été obligé de revenir à de meilleurs sentiments vis-à-vis de la nouvelle donne politique du Burkina. En tout cas, les mots qu’il a prononcés à Ouagadougou vont dans ce sens : « L’Union africaine n’est pas venue menacer les Burkinabè ni leur imposer quoi que ce soit…. Nous sommes là pour accompagner nos frères burkinabè pour qu’eux-mêmes trouvent une solution aux problèmes du Burkina », a-t-il laissé entendre. Le changement de ton est visible. De sa posture initiale de censeur, l’UA a évolué vers une posture de facilitateur pour le retour du pays à une vie constitutionnelle normale animée par les civils. Toute autre attitude lui aurait valu la colère et la désapprobation du peuple burkinabè qui, il faut le dire, peut avoir des raisons objectives d’en vouloir à l’UA d’avoir fermé les yeux sur les velléités monarchiques de Blaise Compaoré. L’on peut même dire qu’elle s’est rendue coupable de non-assistance à peuple en danger.

L’UA doit se débarrasser de sa vision de syndicat des princes pour devenir le syndicat des peuples

Cela dit, l’UA ne doit pas pour autant se contenter du fait accompli et d’une attitude de compréhension et de bonhomie vis-à-vis de la gestion de la nouvelle donne politique du Burkina. En effet, Blaise Compaoré est parti mais la démocratie n’est pas pour autant définitivement sauvée. Des risques réels contre elle existent encore, tant que le pouvoir ne passera pas aux mains des civils et tant que des actes forts ne seront pas posés dans le sens de la tirer vers le haut de manière irréversible. De ce fait, l’UA aurait tort de relâcher la pression et de baisser la garde, tant que toutes les choses ne seront pas faites selon les règles d’une démocratie digne de ce nom. Au-delà du cas du Burkina, il faut souhaiter que l’UA, de façon générale, grandisse par rapport à la gestion et à la prévention des conflits en Afrique. Cela pourrait consister pour elle à se débarrasser de sa vision de syndicat des princes qui gouvernent l’Afrique, pour devenir le syndicat des peuples et de la démocratie non simulée. Dans cette perspective, elle doit opérer des réformes hardies en son sein. Elle pourrait par exemple revoir le mode de désignation du président de la commission. Un appel à candidatures peut permettre de pourvoir ce poste d’un patriote africain qui mettra un point d’honneur à travailler dans le sens des intérêts des peuples africains. Dans le même registre, le choix du président en exercice devrait se fonder sur des critères de sorte à recaler les putschistes recyclés en démocrates et autres tripatouilleurs de Constitution devant l’Eternel. C’est parce que justement le choix des patrons de l’OUA devenue l’UA, n’est pas encadré par des valeurs, que la faîtière africaine a été dirigée de par le passé par des tyrans de la pire espèce. Le plus illustre d’entre eux a été l’iconoclaste Idi Amin Dada de l’Ouganda. De ce point de vue, l’on peut même dire que l’actuel président n’a pas le profil de l’emploi.

Pousdem PICKOU
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