Politique
Burkina: les pays voisins affichent leur espoir d’une transition rapide,
les civils frustrés par l’armée
Publié le mardi 11 novembre 2014 | AFP
© aOuaga.com par G.S
Situation nationale : les présidents togolais et sénégalais au Burkina Mardi 11 novembre 2014. Ouagadougou. Les présidents togolais, Faure Gnassingbé, et sénégalais, Macky Sall, sont arrivés au Burkina pour rencontrer les protagonistes de la crise au Burkina |
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Ouagadougou - Les pays voisins du Burkina Faso affichaient leur confiance en une rapide sortie de crise du pays, dix jours à peine après la chute du président Blaise Compaoré et la prise du pouvoir par l’armée, qui doit le transmettre aux civils.
Mais après une demi-journée de médiation du président sénégalais Macky Sall, venu avec le chef d’Etat togolais Faure Gnassingbé au nom de la Cédéao, opposition et société civile ont davantage affiché leur frustration face à l’armée que leur certitude de parvenir à un consensus.
A peine posé sur le sol burkinabè, mardi vers 13H00 locales et GMT, le président sénégalais Macky Sall, se disait "certain" que les protagonistes arriveraient à "valider" le jour même "la charte" de la transition.
Ce document, sorte de Constitution intérimaire, définit la structure des futures autorités une fois que l’armée, détentrice du pouvoir depuis la chute du président Blaise Compaoré le 31 octobre, l’aura rendu aux civils. Les deux parties ont chacune rédigé leurs propositions.
Une fois la synthèse opérée, "le reste va naturellement aller très vite", avait jugé le chef de l’Etat sénégalais, nommé émissaire de la Cédéao, l’union économique ouest-africaine, pour diriger un groupe de contact afin de "faciliter le processus de transition" au Burkina.
L’optimisme de M. Sall n’a pas résisté à une rencontre avec l’actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui a fait part des "amendements" que l’armée souhaitait apporter à la charte reçue lundi des civils, a indiqué à l’AFP une source militaire.
- ’Observations’ -
MM. Sall et Gnassingbé se sont ensuite entretenus séparément avec l’opposition, la société civile et les autorités religieuses et traditionnelles pour leur expliquer les désidérata de l’armée.
Dès la fin de ces discussions, Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, a annoncé la tenue d’une réunion mercredi de tous les protagonistes civils "afin d’examiner les observations" des autorités militaires et de "finaliser le document".
Ces observations, "recevables", "ne devraient pas poser de trop gros problèmes pour qu’on puisse s’accorder", a estimé M. Diabré.
Une déclaration positive ne suscitant pas l’adhésion générale, loin s’en faut. "Ca ne va pas. C’est pas bon du tout", a lancé un membre de la délégation de l’opposition.
Dans leur projet de Charte, les civils prévoient notamment un président civil, un gouvernement de 25 ministres et une Assemblée de transition de 90 députés. Seuls 10 sièges sont attribués aux militaires et 10 autres à l’ancienne majorité dans ce projet.
A l’inverse, dans les propositions de l’armée, le Conseil national de transition (CNT, l’organe législatif) comporte 60 membres, répartis équitablement entre l’opposition (15 sièges), la société civile (15), l’armée (15) et l’ancienne majorité (15).
"Parmi nos propositions, on a demandé que le CNT soit présidé par un militaire et qu’il comprenne des militaires", a révélé un gradé burkinabè.
"Mais que le président et le Premier ministre de la transition soient des civils, ça, c’est acté", s’est réjoui Luc Marius Ibriga, responsable d’ONG et membre reconnu de la société civile, qui s’est toutefois dit insatisfait des propositions de l’armée.
M. Ibriga a notamment pointé le refus par les militaires d’une commission "de réconciliation et des réformes" car elle serait "trop lourde".
David Mayenga, autre membre de la société civile, a même vu dans les propositions des militaires l’armée "la preuve d’un coup d’Etat". Il a en outre dénoncé la "pression" mise sur la société civile par les présidents sénégalais et togolais pour lui forcer la main.
- ’Consensus’ -
MM. Sall et Gnassingbé sont arrivés mardi à la mi-journée dans la capitale burkinabè. Les deux chefs d’Etat, venus dans des jets privés, ont eu droit à un accueil officiel du lieutenant-colonel Zida, à qui ils ont fait la bise, avant de procéder à une revue des troupes.
Leur visite s’est faite au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), hostile à des sanctions contre le Burkina "compte tenu des efforts en cours".
Lundi, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine, était venu rassurer les protagonistes. L’UA avait posé le 3 novembre un ultimatum à l’armée burkinabè pour qu’elle cède sous quinzaine le pouvoir aux civils.
"L’UA n’est pas venue (...) pour vous menacer de quoi que ce soit", avait déclaré M. Aziz, multipliant les messages rassurants devant la presse. Loin des micros, il avait toutefois maintenu le délai de l’UA, qui expire dans six jours, selon une source diplomatique.
Une fois un accord trouvé se posera le choix, très délicat, du président de la transition.
"Tous sont d’accord" sur "le profilage", "le processus de choix" du futur homme fort du Burkina, mais des "différences de vue" subsistent sur "les organes de transition", a pointé Macky Sall avant de quitter Ouagadougou.
"D’ici demain (mercredi), tout devrait rentrer dans l’ordre", affirmait-il, optimiste. Et d’ajouter : "nous arriverons à un consensus".
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