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Mouches des fruits inféodées aux mangues
Publié le mardi 11 novembre 2014  |  Sidwaya
Des
© Autre presse par DR
Des mangues




Une importante découverte scientifique pour révolutionner la recherche et la lutte contre les mouches des fruits inféodées aux mangues au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest.


En Afrique de l’Ouest, la filière fruits et légumes fait partie des secteurs agricoles ayant une croissance rapide. La mangue se classe au second rang de la production fruitière après l’ananas. Plus de 90% de la production de mangues est assurée par de petits producteurs aux capacités d’investissement faibles pour les besoins des marchés locaux et régionaux. Cependant la filière mangue est confrontée à de nombreuses contraintes qui limitent son expansion parmi lesquelles figurent celles d’ordre biotique (insectes ravageurs et maladies) et particulièrement les mouches des fruits. Ces contraintes sont à l’origine de pertes de production variant entre 50 et 85% selon la localité, la saison et les variétés. A cela s’ajoutent, les restrictions imposées sur les exportations de mangues d’Afrique vers les pays d’Asie et d’Europe à cause du statut d’insectes de quarantaine. Ceci entraîne des rejets et des destructions de cargaisons de mangues infestées par des mouches des fruits avec des impacts économiques et sociaux négatifs considérables pour les communautés africaines.


Le Burkina Faso n’est pas en reste !


Dans notre pays, la filière fruits et légumes représente 16,5 % de la production agricole et contribue pour 4,5 % au PIB et pour 2,8 % aux recettes d’exportation. La filière mangue qui couvre 43 à 50 % de la production fruitière, avec 15.000 producteurs sur 30.000 qui composent la filière fruits et légumes, est considérée comme «le premier fruit national» avec plus de 20 variétés avec 300.000 tonnes de production annuelle et dont plus du tiers a été exporté en 2014 (Source APROMAB).
Malheureusement, ces dernières années, la filière mangue est confrontée à d’énormes difficultés, dues en particulier aux mouches des fruits entraînant des pertes importantes de production dans les vergers. A cela s’ajoutent les destructions des cargaisons de mangues aux frontières des pays importateurs (avec les frais de destruction à la charge des exportateurs). Le constat est si amer qu’il requiert la mise au point de technologies et une synergie d’actions dans les efforts de lutte.
Le Centre national de spécialisation en fruits et légumes (CNS-FL) concentre ses efforts dans cette dynamique. En effet, la technologie reposant sur l’utilisation combinée du GF 120 (succès appât) et le timaye (comportant des produits biologiques et un insecticide) qui attirent et tuent les mouches des fruits et la sanitation (nettoyage des vergers des fruits infestés et tombés au sol) est connue et appliquée par les producteurs. La synergie d’actions dans la lutte contre le fléau est opérationnelle entre le CNS-FL, la Direction de la protection des végétaux, les Directions régionales de l’agriculture et l’APROMAB (Interprofession mangues).


Une découverte scientifique qui va révolutionner le secteur


La découverte scientifique dont il est question repose sur les résultats d’études conduites sur la mouche invasive de fruits depuis 2009 par une équipe pluridisciplinaire composée de plus de 50 chercheurs à travers le monde et dans 20 pays, sous la direction scientifique du Dr Schutze (Australie), la coordination et le soutien technique de la FAO et de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En effet, cette mouche est connue sous quatre noms différents d’espèce en fonction des continents et des régions: Bactrocera invadens (en Afrique), B. dorsalis, B. papayae & B. phillippinensis en Asie.
Les résultats de ces investigations confirment aujourd’hui que ces quatre espèces ne constituent en réalité qu'une seule et unique espèce : Bactocera dorsalis, présente sur les continents asiatique et africain.


De nombreuses implications et applications à l’horizon!


Elles reposent sur plusieurs aspects aux plans économique, scientifique et technique.
Au plan économique, cette découverte entraînera la levée de certaines restrictions imposées sur les exportations de mangues d’Afrique vers l’Asie, les deux continents abritant la même espèce, il ne s'agira plus d'introduire accidentellement une nouvelle espèce de mouche.
Au plan scientifique et technique, les implications et applications sont fort intéressantes. L’espèce étant la même, il n’existe pas de barrières biologiques dans la reproduction entre les individus d’une espèce, même en provenance de continents différents. Selon les résultats obtenus au laboratoire (FAO/AIEA), les individus des quatre espèces de mouches des fruits (en réalité de la même espèce) se croisent librement entre elles.
Ceci a des implications dans l’application de la technique de l’insecte stérile, une technique qui consiste à rendre stériles des mâles de mouches préalablement élevés au laboratoire pour les lâcher dans la nature afin de réduire, voire de supprimer la fécondité des femelles vierges sauvages (après accouplement) et par conséquent, à réduire les populations des mouches dans les vergers de mangues.
Cette technique pourra donc être appliquée à large échelle dans des délais plus courts et à des coûts réduits. Des mâles stériles pourront donc être produits en Asie pour être introduits et lâchés (sous réserve de quelques études) en Afrique et vice-versa, afin de combattre efficacement les mouches fruits et particulièrement l’espèce, Bactrocera dorsalis. Il est à signaler que l’espèce a été introduite accidentellement en Asie, et qui est de loin la plus destructive devant une seconde espèce native du continent, Ceratitis cosyra. Les dégâts cumulés de ces deux espèces dans les vergers de mangues sont de l’ordre de 60 à 97%..


Cette démarche s’applique également pour les ennemis naturels ou auxiliaires (parasitoïdes, prédateurs et agents pathogènes inféodés) à la même espèce de mouches des fruits, Bactroceradorsalis. En d’autres termes, sous réserve d’études d’adaptation, les technologies de lutte mises au point en Asie contre la mouche pourront être transférées et appliquées en Afrique, ce qui constitue à coup sûr, un gain considérable en temps et en moyens.
Au plan mondial, selon la FAO et l’AIEA, cette découverte scientifique, va réduire les obstacles au commerce international, améliorer la lutte contre les ravageurs et faciliter la coopération transfrontière internationale. Les mesures de quarantaine qui deviendront plus efficaces, permettront d’élargir le champ d'application des traitements post-récolte, d'améliorer la recherche fondamentale et en dernière analyse, de renforcer la sécurité alimentaire dans la plupart des pays pauvres du monde.


Un dispositif opérationnel pour lutter contre le fléau en Afrique de l’Ouest


De nos jours, des recherches sont conduites et la lutte contre les mouches des fruits est engagée dans la plupart des pays en Afrique de l’Ouest avec un réseau de chercheurs actifs. Un dispositif sous-régional de recherche et de lutte contre ces ravageurs est en train d’être mis en place sous l’égide de la CEDEAO à travers le CORAF/WECARD et sur le financement de l’Union européenne et de la Banque mondiale.
Le Centre national de spécialisation en fruits et légumes (CNS-FL) abrité par l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) au Burkina Faso est appelé à jouer un rôle important dans la coordination de la recherche et la diffusion des technologies mises au point contre ce fléau. Le dispositif entre dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP) qui concerne les quinze (15) pays de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).


Auteurs pour l’article: Dakouo Dona, Dabiré Rémy, Ouédraogo Natiba Sylvain et Otoidobiga Lenli Claude entomologistes du Centre national de spécialisation en fruits et légumes (CNS-FL) et Sawadogo Lucien, entomologiste (Direction de la protection des végétaux Ouagadougou)
Contacts : Centre national de spécialisation en fruits et légumes


(CNS-FL)/PPAAO/WAAPP/BF, INERA, Station de Recherches de Farako-ba
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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