Le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC) a rendu public le mercredi 12 décembre 2012 son rapport d’étude sur «les présomptions de corruption dans le secteur des marchés publics» au Burkina. Un document qui élucide les aspects théoriques et pratiques du phénomène tout en faisant des recommandations.
La corruption a la peau dure ; elle est devenue un phénomène transversal au vu de l’ampleur qu’elle prend. Le hic, c’est qu’elle peut constituer un danger pour le développement d’un pays, la paix sociale et même l’ancrage de la démocratie. Le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC), structure de veille, veut jouer sa partition dans la transparence de la chose publique. Phénomène à caractère multiforme, la corruption n’épargne aucun secteur, encore moins celui des marchés publics. C’est la raison pour laquelle elle vient de réaliser une étude sur «les présomptions de corruption dans le secteur des marchés publics».
Le constat, selon le REN-LAC, est que le créneau des marchés publics est particulièrement propice au développement de la corruption. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre des déclarations du genre : «Tu me donnes à manger et je te fais manger» entre soumissionnaires et fournisseurs de marchés. Le document produit par le Réseau a été financé par le PNUD. Il définit le marché public comme un procédé d’acquisition, en pleine propriété de biens et services nécessaires au fonctionnement de la collectivité publique dans le respect d’un certain nombre de règles de procédure tenant à garantir l’égalité de traitement entre candidats, la qualité optimale desdits biens et l’économie (au sens de l’utilisation judicieuse des deniers publics). Autrement, il peut se passer des manquements aux dispositions établies par la règlementation. Au-delà de la définition, le manuel délimite les contours de la corruption au regard des infractions qui ont cours dans le secteur. On y constate des «trafics d’influence», «le conflit d’intérêt», «le faux en écriture»…
Mais quand la corruption intervient-elle ? Avant, après ou pendant l’exécution du marché ? Ou encore quels sont les acteurs qui prennent l’initiative de ce jeu malsain? Pour le secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC, Dr Claude Wetta, l’étude a montré que dans la majorité des cas, ce sont les agents de l’administration qui en sont à l’origine. Cependant, lorsqu’on veut dessiner le portrait robot du corrupteur des marchés publics, il ressort que celui-ci se recrute aussi bien au sein des agents publics que des opérateurs économiques.
Etant donné que les marchés publics embrassent des centaines de milliards par an, l’étude du REN-LAC recommande, d’une part, l’application effective des textes et aussi le respect de la déontologie qui sied pour ce type d’exercice. Si ce n’est pas ce rapport-là qui viendra mettre fin à la corruption dans le secteur des marchés publics burkinabè, il aura au moins le mérite de donner quelques pistes de solutionnement pour décourager les acteurs d’un tel jeu. Le Réseau est actuellement en train d’élaborer un rapport sur les présomptions de corruption dans le secteur minier.